Participer à la Foire mondiale du livre de Francfort est une expérience exaltante. Chaque année depuis 1949, la plus grande foire professionnelle de livres et de magazines réunit des milliers d’éditeurs du monde entier, des journalistes, des critiques littéraires pour échanger sur leur métier.
J’ai eu le privilège d’y participer au nom des Editions Iwacu, ce qui est une reconnaissance encourageante pour notre jeune maison qui se cherche encore.
La rencontre des confrères africains est inspirante. La culture est à l’honneur dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal où l’Etat investit chaque année près de 40 milliards de francs CFA. Et pourtant, le Sénégal fait toujours partie des pays émergents . « Nous avons la chance d’avoir eu un président lettré qui savait l’importance de la culture dans la vie et le développement d’une nation. Cet héritage est resté » explique un éditeur sénégalais. Au Togo, Bénin, Ghana, Nigeria, il y a aussi une dynamique remarquable pour tout ce qui touche le livre.
Au fil des rencontres et des visites, on apprend, on découvre des histoires , la naissance, l’évolution des autres structures d’édition, les combats et les défis rencontrés. Et l’on se sent moins seul .
Ainsi, une maison d’édition canadienne a été contrainte de retirer du marché un livre qui dénonçait, preuves à l’appui, le pillage de grands groupes miniers en Afrique. La jeune éditrice a eu une formule que j’ai trouvé extraordinaire :« ils ont gagné, mais nous n’avons pas perdu. L’opinion a quand même su ce qui se passe en Afrique avec ces groupes canadiens qui se comportent comme des véritables prédateurs. » Avec son bel accent canadien, l’éditrice conclut avec philosophie : « Les dictateurs politiques ou économiques n’aiment pas les livres ».
Ecrire, publier, reste toujours une mission difficile dans beaucoup de pays. Et pas seulement en Afrique. Les champions de la censure se retrouvent dans tous ces pouvoirs qui ont du mal avec la vérité et la liberté. Au nord comme au sud.
A côté de ces géants de l’édition, on se sent si petit… Mais lors de cette Foire du livre, j’ai pour ma part reçu un conseil que je pourrais écrire en lettres d’or :« Il n’y a pas de petite maison d’édition, il faut commencer quelque part, exister se faire connaître et doucement se frayer son chemin. Sous certains cieux, sortir un livre reste toujours une petite victoire », me dira un grand éditeur à la renommée mondiale. C’est ce que l’on fait aux Editions Iwacu.