Lundi 23 décembre 2024

Les billets d'Antoine Kaburahe

Ils n’aiment pas les livres…

11/10/2018 Commentaires fermés sur Ils n’aiment pas les livres…
Ils n’aiment pas les livres…
Des éditeurs d'Afrique au cours d'un atelier de réflexion à Francfort

Participer à la Foire mondiale du livre de Francfort est une expérience exaltante. Chaque année depuis 1949, la plus grande foire professionnelle de livres et de magazines réunit des milliers d’éditeurs du monde entier, des journalistes, des critiques littéraires pour échanger sur leur métier.

J’ai eu le privilège d’y participer au nom des Editions Iwacu, ce qui est une reconnaissance encourageante pour notre jeune maison qui se cherche encore.

La rencontre des confrères africains est inspirante. La culture est à l’honneur dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal où l’Etat investit chaque année près de 40 milliards de francs CFA. Et pourtant, le Sénégal fait toujours partie des pays émergents . « Nous avons la chance d’avoir eu un président lettré qui savait l’importance de la culture dans la vie et le développement d’une nation. Cet héritage est resté » explique un éditeur sénégalais. Au Togo, Bénin, Ghana, Nigeria, il y a aussi une dynamique remarquable pour tout ce qui touche le livre.

Au fil des rencontres et des visites, on apprend, on découvre des histoires , la naissance, l’évolution des autres structures d’édition, les combats et les défis rencontrés. Et l’on se sent moins seul .

Ainsi, une maison d’édition canadienne a été contrainte de retirer du marché un livre qui dénonçait, preuves à l’appui, le pillage de grands groupes miniers en Afrique. La jeune éditrice a eu une formule que j’ai trouvé extraordinaire :« ils ont gagné, mais nous n’avons pas perdu. L’opinion a quand même su ce qui se passe en Afrique avec ces groupes canadiens qui se comportent comme des véritables prédateurs. » Avec son bel accent canadien, l’éditrice conclut avec philosophie : « Les dictateurs politiques ou économiques n’aiment pas les livres ».

Ecrire, publier, reste toujours une mission difficile dans beaucoup de pays. Et pas seulement en Afrique. Les champions de la censure se retrouvent dans tous ces pouvoirs qui ont du mal avec la vérité et la liberté. Au nord comme au sud.

A côté de ces géants de l’édition, on se sent si petit… Mais lors de cette Foire du livre, j’ai pour ma part reçu un conseil que je pourrais écrire en lettres d’or :« Il n’y a pas de petite maison d’édition, il faut commencer quelque part, exister se faire connaître et doucement se frayer son chemin. Sous certains cieux, sortir un livre reste toujours une petite victoire », me dira un grand éditeur à la renommée mondiale. C’est ce que l’on fait aux Editions Iwacu.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.