Samedi 23 novembre 2024

Editorial

Ils méritaient un hommage national

15/04/2016 4
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

Cette semaine deux faits, malheureusement tragiques, retiennent notre attention : l’accident de Rushubi et les assassinats ciblés.

Officiellement, il y a eu 18 morts et 55 blessés dans cet accident de route survenu ce samedi 9 avril soir dans la localité de Karunga sur la piste menant vers Rushubi, commune Isale. Un bilan qui peut s’alourdir. Des autorités, dont l’administrateur de la commune Isale, le directeur général de l’Otraco, les élus de Bujumbura, le gouverneur, se sont rendues sur les lieux. C’est une bonne chose, mais il fallait faire mieux. Sous d’autres cieux, pareil drame impose un hommage national.

C’est aussi dommage qu’il y ait une grande tendance au Burundi de banaliser la vie. En effet, au chaud de l’incident, les écrits sur les réseaux sociaux manquaient de respect aux morts. «C’étaient des maçons qui retournaient chez eux» ; «
C’étaient des Imbonerakure qui venaient des obsèques du Lt colonel Darius » ou encore « Des Imbonerakure venus de l’anniversaire de Nyabenda». Abominable !

Par ailleurs, comment expliquer que cinq jours après cet accident, le flou règne autour du nombre des passagers qui étaient à bord de ce bus. « Nous sommes en train de faire un inventaire des victimes de cet accident. Aujourd’hui, nous n’avons pas encore le chiffre exact des personnes qui étaient à bord de ce bus », a affirmé le Directeur général de l’Office de transport en commun (Otraco).

Avec le laxisme que l’on voit sur les routes, le manque d’entretien, les véhicules bondés, bref, le pire reste à venir.

L’autre fait troublant concerne les assassinats ciblés. Le ministre de la Sécurité publique, affirme dans son bilan, qu’ils ont emporté 3 officiers de la Force de défense nationale, 1 officier et 1 agent de la Police nationale burundaise, deux conseillers collinaires. Il y a eu également une tentative d’assassinat d’un commandant adjoint d’un camp militaire. Sans oublier les civils et les militants des partis politiques.

Si on n’y fait pas attention, ces crimes qui se poursuivent risquent d’alimenter la vengeance et alimenter d’autres cycles de violence. La vendetta, version burundaise.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Jean-Pierre Ayuhu

    Oui, ils méritaient un hommage nationale et de la réparation pour les familles éprouvées. Je parie que des hommes et femme sans scrupule vont encaisser, au nom des victimes, des assurances! Otraco est assuré à ce que je sache!
    Et si l’on se constituait en défenseur de ces familles qui ne savent rien des assurances?

    • tomas

      Ugiye urirwako JP Ayuhu. Ndinyuma yawe sur ce point.

  2. Theus Nahaga

    La banalisation de la vie des Burundais vient du fait que la société n’a aucun besoin immédiat et concret de ces gens. Les parents et les proches se préoccupent mais la société dans sa globalité ainsi que cet instrument qu’on n’appelle l’Etat ne se préoccupen de rien. Un Burundais meurt, des milliers dont on ne sait quoi faire naissent -Chef wa Zone mureke ahwere reta ntihomba disait la chanson. Les sociétés qui savent dire de facon concrète ce que vaut une personne font tout pour que la vie humaine soit préservée. Au Burundi um ingénieur sera dénigré; ni Umuhutu, Il est laid, son père ne savait même pas comment se laver la face. Envoyer le même ingénieur aux USA, Si l’ingénieur est bon, et les USA seront le voir, la NASA verra en lui une capacité d’aller sur la lune. Tous les défauts qui lui sont reproché au Burundi, même si ils sont vrais n’intéresseront pas la NASA. Elle veut conquérir la lune et tant pis si celui qui peut le faire est un Muhutu, laid, dont le père ne savait pas se laver la face.
    Au Burundi la question de ce que nous sommes, un chose qui est en grande partie pur hazard, reste d’actualité. Le jour où la question centrale de notre système socio-économique sera « de quoi es-tu capable » ce jour là on se préoccupera des gens qui meurent dans des accidents de la route. Je remarquerai au passage que poser la question de notre capacité est la seule facon de laisser quelqu’un dépasser par le travail sur soi-même ce qu’il est, produit de pur hazard sur lequel personne ne peut agir.

  3. l'histoire est en marche

    Ce n’est pas un risque de vendetta qui guette le Burundi mais bel et bien celui d’une guerre civile.

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