Dans son discours d’investiture, le 18 juin 2020, le Président Evariste Ndayishimiye a rassuré que son gouvernement sera « responsable et laborieux », (Reta nkozi, Reta mvyeyi). L’opinion a très vite compris que la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et les malversations économiques et surtout l’assiduité, le courage dans le travail vont constituer son cheval de bataille, son fer de lance. A maintes reprises, il fera entendre que son idéal serait que « chaque bouche ait à manger et chaque poche de l’argent ». A travers ses sorties médiatiques, ses descentes pour se rendre compte des réalités du terrain, on sent la détermination du Président de la République, son engagement pour mettre le pays de Ntare sur les rails du développement. Il remue ciel et terre en vue de rendre le Burundi prospère.
Mais les Burundais attendent du concret qui tarde à se concrétiser dans plusieurs domaines. Il faut joindre l’acte à la parole. L’opinion se demande s’il n’y a pas de forces qui prennent le contre-pied du Chef de l’Etat : pénurie de carburant, de ciment, de sucre, d’engrais chimiques, de produits Brarudi, dépréciation du franc burundais, explosion des prix des produits de première nécessité, la majorité de la population qui vit en dessous du seuil de la pauvreté… Bref, l’économie est exsangue.
Le Président dénonce un sabotage, évoque sa solitude. Lors des cérémonies d’ouverture de l’année judiciaire à Gitega, le 2 septembre, le Chef de l’Etat a accusé, sans le nommer, un homme qui se croit au-dessus de la loi. Selon lui, quelqu’un aurait les velléités de coup d’Etat : « Qui peut menacer un Général de coup d’Etat ? Qu’il vienne m’affronter. Au nom de Dieu, je le vaincrai. » Ces déclarations du Président sont graves et font peur. Il faut absolument tempérer les inquiétudes.
Pour le public, « Neva » ne devrait pas se plaindre. Il devrait plutôt agir, vu les pouvoirs lui conférés par la Constitution. Il a la main sur les leviers du pouvoir. « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore ». Cette pensée de l’écrivain nigérian et prix Nobel de la littérature, Wole Soyinka, est revenue souvent dans les conversations des gens après les propos du président Ndayishimiye. L’évènement de ce 7 septembre vient-il mettre un terme à cette situation d’insubordination de certains proches du capitaine pour que le bateau ne chavire pas ? Le gouvernement va-t-il réellement devenir laborieux et responsable ?
La nomination du Lieutenant Général de Police, Gervais Ndirakobuca, au poste du Premier ministre a été bien accueillie. Certes, comme tout homme, il a des hauts et des bas. Toutefois, il est réputé être auto discipliné, responsable, dur, résilient et surtout « bosseur ». Le ministère qu’il occupait « Intérieur, Développement communautaire et Sécurité publique » était transversal. Ce qui faisait de lui omniprésent dans presque toutes les décisions. Le public aura retenu ses interventions dans la lutte contre la propagation de la Covid-19 dont il dirigeait la commission, son implication pour mettre l’ordre dans le transport en commun en Mairie de Bujumbura, ses interventions pour la reprise de l’abattage des animaux après la crise due à la fièvre de la vallée du rift. Pour l’opinion, c’est aussi une occasion pour le numéro un burundais de faire du ménage dans son gouvernement.
En somme, l’événement de ce 7 septembre ouvre une nouvelle ère pour le pouvoir du Président Ndayishimiye. Il aura montré qu’un Chef d’Etat a des pouvoirs énormes, peut promouvoir ou démettre ses collaborateurs, pour ne pas dire ses subordonnés. Certes, tout ne sera pas rose, mais il y aura un avant et un après cet événement. Entre-temps, le monde regarde et l’horloge tourne.
En lisant cet éditorial, j’ai cru lire un communiqué du Cndd Fdd…que de l’éloge du povoir en place!!! Cher journaliste, quand tu dis que « L’opinion a très vite compris que la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et les malversations économiques et surtout l’assiduité, le courage dans le travail vont constituer son cheval de bataille, son fer de lance »…tu parles de l’opinion du public ou de ta propre opinion??
Et quand au nouveau premier ministre, il ne faut pas prendre le public affilié au Cndd Fdd comme le public en général car une partie du public aura retenu du « bosseur » non pas son implication pour mettre l’ordre dans le transport en commun en Mairie de Bujumbura mais de son implication dans la chasse des taxi motos et vélos de la capitale!!!
On peut limoger quelqu’un parce qu’il est incompétent ou si ses performances ne sont pas à la hauteur des attentes. Dans ce cas, kumubogoza suffit. Mais s’il est accusé de malversations économiques notoires et autres crimes comme les tentatives de coup d’état, limoger la personne ne suffit pas, la justice doit demander des comptes et sévir. Si nous restons dans cette dernière perspective, allons-nous voir ou avoir un après 7 septembre? Question très très difficile que seule une Personne peut répondre.
Sans retour a la legitimite electorale, sans justice aux milliers de jeunes massacres, tortures, mutiles, castres, emprisonnes et exiles, le karma continuera a sevir. Le macabre spectacle qui nous a tenus en haleine depuis des semaines n’est qu’une manifestation du karma qui poursuit le regime depuis 17 ans.
« …et l’horloge tourne » . 7 ans c’est peu et beaucoup à la fois ! D’ici peu, certains vont commencer à convoiter le poste suprême si ce n’est pas déjà le cas. Les opposants internes du parti dégaineront des reproches au président actuel pour se positionner. Turazi ingene gushika uno munsi atagihindutse abasubiriwe nu ntwaro ingene bafatwa nababasubiriye.