Le 26 mars 2013 : une année vient de s’écouler après la promulgation du Code de l’eau et de l’environnement. Albert Mbonerane, président de l’Association Ceinture verte – ACVE dresse le bilan de l’impact de cette loi.
<doc7379|left>{Que dire de ces douze mois après la promulgation du code de l’eau et l’environnement ?}
Avec l’appui des partenaires techniques et financiers à savoir la Coopération allemande par le biais du Programme sectoriel Eau et Assainissement, il y a eu d’abord une campagne de sensibilisation à travers tout le pays avec comme cible les administratifs. Car, il faut en premier lieu que les gens qui nous gouvernent soient au courant de ces textes de lois pour leur mise en application. Des spots publicitaires ont été produits via les médias, avec une attention centrée sur la protection qualitative de l’eau mais aussi quantitative, des zones tampons pour les lacs et les rivières. Pour rappel, l’article 5 du Code prévoit une largeur de 150 m pour le lac Tanganyika et 50 m pour les autres lacs comme ceux du nord et 25 m pour les rivières qui traversent la ville et qui se jettent dans le lac Tanganyika.
Je dois dire que le ministre sortant Jean Marie Nibirantije a fait preuve d’un courage exceptionnel quand il a détruit des constructions anarchiques au bord du lac Tanganyika dans le but de montrer qu’il y a des choses inacceptables.
Une zone pilote de la gestion intégrée des ressources en eau est en train d’être aménagée à Rumonge, avec l’appui de la Coopération allemande. Une campagne de sensibilisation est en train d’être menée auprès de la population, des administratifs locaux pour que tout le monde sache que l’eau est une denrée à protéger, avec un regard particulier pour les producteurs d’huile de palme. Bien sûr, c’est une source de revenus économiques mais quand on voit les déchets jetés dans les rivières et qui se retrouvent dans le lac Tanganyika, c’est regrettable. Le lac est un réservoir d’eau douce et aussi une source de poissons qui fait vivre beaucoup de gens.
{Concrètement, au niveau de la protection des zones tampons, qu’est-ce qui a été fait ?}
Au niveau de la Direction générale des Ressources en eau, il y a eu beaucoup de visites de terrain pour mettre en garde les gens qui sont en train de violer ce code. A cause de la crise, nous avons traversé une période d’impunité. Aujourd’hui, quand on met en place un texte de loi, il y a des gens qui pensent qu’ils peuvent continuer à faire du n’importe quoi. On voit qu’il y a une prise de conscience visant la protection de la ressource eau et l’écosystème du lac. Les cadres de la Direction Générale des ressources en eau sont descendus sur terrain jusqu’à Kirundo, dans le cadre d’une surveillance permanente. Au niveau de la ville de Bujumbura, on voit qu’il y a des efforts pour protéger le lac Tanganyika. Mais la situation reste regrettable au niveau des rivières, notamment quand vous passez sur les rivières Ntahangwa et Muha.
{Que devraient être les priorités du nouveau ministre ?}
Je lui souhaite la bienvenue dans ce ministère. Avec les défis liés à la protection de l’Environnement, on est obligé d’aller à l’encontre des intérêts de certaines personnalités qui mettent en avant le bénéfice individuel. Sûrement que le ministre est au courant de la situation. Ce qu’on lui demande, c’est de s’engager activement à défendre les droits de la nature et à faire en sorte que le Code de l’eau ne soit pas un texte qui dort dans les tiroirs mais que ce soit un outil utile pour la protection de l’écosystème. Par ailleurs, l’ACVE compte sur le ministre pour nous aider à faire comprendre au niveau du gouvernement que la protection de l’environnement est capitale : quand on regarde la vision 20-25, on peut se dire que le pays sera développé, mais tant qu’on n’a pas encore compris qu’on doit protéger les ressources naturelles, qu’il faut protéger ces écosystèmes, nous risquons d’être victime de la destruction de l’environnement.
{Un appel aux administratifs et à la population}
Je suis un peu gêné de trouver que très peu d’administrateurs, de conseils communaux sont préoccupés par les questions de l’environnement. On dirait que c’est une question qui ne les concerne pas. Que dois-je leur demander ?
Le Burundi sort de la guerre. Il y a une question de sécurité jugée prioritaire. Je voudrais leur demander d’intégrer les questions environnementales dans les réunions des conseils communaux. Car nous avons besoin d’avoir de l’eau potable, de respirer de l’air propre sans pollution. Les questions environnementales sont transversales. Dans n’importe quel domaine, l’aspect environnement doit apparaître.
Si l’administration de base a compris que les questions de l’environnement sont préoccupantes et importantes, ceci va amener la population à comprendre que notre futur dépendra de la protection de l’environnement.