Dimanche 27 janvier 2013. Vers 7h du matin, une colonne de fumée s’élève du plus grand marché du Burundi. Les médias burundais changent de programmes et annoncent l’événement. Des gens entrent et sortent au marché pour essayer de récupérer des marchandises. Mais, il est impossible de distinguer si ce sont les propriétaires ou les voleurs. 8h30, les policiers arrivent et s’interposent pour empêcher les pillages.
<doc7531|left>Aux environs de 9h, les sapeurs pompiers et tentent d’éteindre le feu par le jet d’eau, en vain : trois heures plus tard, la fumée devient une épaisse et large colonne noire qui s’élève dans la capitale, alors qu’un feu ardent ravage des produits entreposés dans le marché. La panique est généralisée : des femmes en sanglots assistent leurs biens brûler. Certaines dépriment.
Entre temps, le gouvernement, par la voix du Premier vice-président, lance un appel à l’aide aux pays de l’EAC, avant d’annoncer la création d’une Commission nationale chargée de gérer la crise. Vers 13h, un hélicoptère vient secourir le pays ami.
Le Président Pierre Nkurunziza, en réunion à Addis-Abeba dans le 20ème sommet de l’Union Africaine, écourte en urgence son voyage. 17h passées, le cortège présidentiel arrive en trombe, avant que le numéro un burundais ne fasse un tour des lieux, appelant tout le peuple burundais à la solidarité nationale. Il quitte les lieux 30 minutes plus tard pour une réunion du Conseil national de sécurité
Une commission d’enquête… Des arrestations commencent
Lundi 28 janvier 2013, Valentin Bagorikunda, procureur général de la République, met en place une commission d’enquête sur l’incendie du marché central. Cette commission est composée de magistrats du ministère public et de ceux de la police judiciaire des parquets. Elle dispose de 60 jours pour rendre public les résultats de l’enquête. Depuis, des arrestations ont suivi :
– Cyprien Horugavye, le premier responsable de la gestion du marché central de Bujumbura a été conduit jeudi 31 janvier 2013 dans l’après-midi à la prison centrale de Mpimba. Sur le mandat d’amener que les policiers venus l’arrêter lui ont présenté, il était question de "complicité d’incendie." Mais sur son mandat d’arrêt, la qualification a un peu changé : il était écrit "Auteur de l’incendie."
– Mwalimu Juma, un grand commerçant musulman est arrêté et conduit en prison pour être libéré quelques jours plus tard. Cette arrestation, qui fera beaucoup de bruit, était liée à une toute autre affaire, précisent des sources des Renseignements burundais
– Vedaste Kasangwa alias Kasongo, commerçant au quartier 4 du marché central de Bujumbura dont le stand a été cité dans le rapport de la Commission d’enquête comme étant le foyer du feu de départ qui a ravagé le marché central de Bujumbura.. Il sera relâché ce lundi 25 mars sept semaines à Mpimba. Selon la Chambre du conseil de la Cour d’appel de Bujumbura, il n’y a pas d’éléments suffisamment convaincants pour qu’il reste en détention.
– Les autres personnes arrêtées par la commission sont Fortunat Baryamwabo, un agent de la Regideso qui travaillait à la SOGEMAC, Jean Bosco Nshirimbere et Jean Baptiste Sindayigaya, tous des commerçants au marché central de Bujumbura. Tous seront relaxés à l’exception de Cyprien Horugavye.
– Lundi 11 mars, le patron d’Air Burundi, Me Evrard Giswaswa, ancien Maire de la ville est arrêté et passe sa première nuit à la maison de détention de Mpimba. Selon le mandat d’arrêt émis contre Giswaswa, il est accusé de « complicité dans la gestion frauduleuse, concussion, et prise illégale d’intérêt ». Comme Horugavye, l’ancien maire est toujours à la prison centrale de Mpimba.
« L’incendie est d’origine accidentelle »
Selon [le rapport de la Commission nationale d’enquête sur l’incendie du marché central de Bujumbura->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5135], un court-circuit dans un stand de vente d’objets inflammables serait à l’origine du sinistre qui a ensuite été favorisé par le désordre qui régnait à l’intérieur du marché où des allées de secours réservées au passage de camions des pompiers étaient obstruées par des stands improvisés et frauduleux.
Le rapport d’enquête met également en cause les sapeurs pompiers dont l’intervention n’aurait pas été assez rapide.
Au cours d’une conférence de presse tenue vendredi dernier, [le Procureur général de la République annonce dans son mot liminaire->http://www.iwacu-burundi.org/IMG/pdf/rapport MCB_Mot_liminaire.pdf] : « S’agissant de la cause du sinistre, il ressort des investigations menée par la commission que l’incendie qui a ravagé le marché central de Bujumbura est d’origine accidentelle. »
Et de déclarer : « Pendant les enquêtes, la commission a constaté une gestion frauduleuse imputable à la Sogemac en complicité avec certaines autorités de la Mairie. La commission a aussi constaté d’autres infractions comme le vol qualifié, la concussion et même l’infraction de prise illégale d’intérêt. Raison pour laquelle, la commission en a tiré les conséquences juridiques qui s’imposent. »