Les banques commerciales ont récemment alerté l’opinion et la banque centrale sur leur manque de liquidités pour servir leurs clients. La cause serait autre que la campagne-café.
{Rappel des faits}
<img4412|left>Il y a environ un mois, les banques commerciales ont adressé une correspondance auprès de la BRB, lui annonçant que les billets de banque se font rares pour satisfaire leur clientèle.
La banque d’émission aurait reçu la seconde lettre en provenance des mêmes institutions financières. Selon nos sources, les causes de cet assèchement de liquidités en constituaient l’objet. A la demande, par nos confrères journalistes, de leur procurer une copie, la BRB a opposé une fin de non recevoir.
Après, l’autorité monétaire a organisé une conférence de presse pour éclairer l’opinion. « La campagne-café « a été le mot-clé de Gaspard Sindayigaya, gouverneur de la BRB, pour expliquer ce qui se passe. L’achat s’est taillé la part du lion dans le crédit bancaire, a-t-il précisé.
La cause serait autre
« La campagne-café a raflé une majeure partie des liquidités », confirme Ciza Jean, président de l’association des banquiers. Mais, ce dernier précise que le resserrement des vannes des appuis budgétaires porte un coup dur aux finances publiques. Hypothèse que privilégient les analystes. Selon eux, l’endettement interne du gouvernement est au cœur de l’assèchement des liquidités dans les banques commerciales.
Rappelons que récemment, Tabu Abdallah Manirakiza, ministre des Finances, a sorti une déclaration demandant aux différents ministères d’appliquer des mesures d’austérité dans la gestion de leurs budgets respectifs. Faustin Ndikumana, président du Parcem, n’y va pas par quatre chemins : « Il y a une forte liaison entre la récente déclaration du ministre des Finances et ce manque de liquidités. »
Pour lui, dans un contexte où les appuis budgétaires ont sensiblement diminué, l’une des marges de manœuvre pour le gouvernement, c’est l’émission des bons de trésors auprès des institutions financières.
Quant à Rédempteur Ntawiratsa, professeur à l’Université du Burundi et spécialiste en finance, les questions de gouvernance sont à la base de tout.
« Détrompez-vous, les bailleurs ne sont pas naïfs », s’exclame le président du Parcem. Selon lui, avec les dossiers de corruption, d’enrichissements illicites et autres, les bailleurs deviennent de plus en plus réticents vis-à-vis des gestionnaires de la chose publique. « Ils ont ainsi opté pour les appuis-projets, puisque ce sont eux qui gèrent », conclut-il.