«Quatre langues dans la 1ere année de l’école fondamentale, c’est une catastrophe, un défi à la connaissance de la langue nationale». C’est une déclaration faite, ce lundi 7 janvier, par Pierre-Claver Mukarabe, chercheur et consultant en langues et traductions orales. C’était en marge d’une conférence-débat organisée par l’Université du Burundi et le Centre burundais pour la lecture et l’animation culturelle (Cebulac) sur la promotion de la langue nationale, le kirundi.
Pour rappel, les élèves de l’enseignement fondamental (de la 1ere à la 9e année) apprennent le kirundi, le français, l’anglais et le kiswahili dès la 1ère année. Ce chercheur déplore un «projet parachuté». Car, apprises en même temps, ces langues ont un effet de «confusion psycholinguistique» chez l’élève.
Pour ce spécialiste en langues, il faut «absolument changer» et y aller étape par étape. A ses yeux, seuls le kirundi et le français devraient être enseignés pendant les deux premières années. Et uniquement une formation à l’oral. En 3ème année, les élèves apprendraient à écrire dans ces deux langues. La formation de l’anglais viendrait avec la 4ème année, le kiswahili avec la 6ème année ou la 7ème, toujours d’abord à l’oral et à l’écrit ensuite.
Ce consultant n’y va pas du dos de la cuillère : «Il faut consulter les spécialistes pour savoir comment les langues cohabitent». Et d’insister sur l’urgence de la mise en place d’une commission chargée de la régulation de la langue et de son usage.
Dans ces échanges, il y a eu un détail non des moins importants en ce qui est de la promotion du kirundi. Edmond Kabushemeye Nkinzo, un des conférenciers du jour, a mis à la connaissance du public la découverte d’un «clavier rundi». C’est un clavier virtuel. A la place des claviers «Azerty ou Qwerty», le nouveau clavier est provisoirement dénommé «Rwandiko». Avec l’aval de l’Etat et des experts en kirundi, M. Kabushemeye Nkinzo annonce la commercialisation des claviers physiques de ce genre dans un proche avenir.