«Cela fait 25 ans que je consomme des drogues », témoigne Daniel Sadiri, lors d’un atelier sur la réduction des méfaits liés à l’usage des drogues, ce lundi 17 avril, au Best Outlook Hôtel. Il est passé par la case prison à deux reprises pour ce délit. Il confie que sa famille et sa femme l’ont abandonné. Pour s’acheter de la drogue, il demande à ses anciens amis une petite somme d’argent prétextant une maladie. « Si les infirmiers découvrent que nous sommes des toxicomanes, ils refusent de nous soigner. Seul un centre de santé de l’Alliance Burundaise contre le Sida (ABR) accepte de nous prendre en charge. »
Adja Akimana, 20 ans, consent à des rapports sexuels tarifés pour se procurer de la drogue. Elle avoue avoir abandonné l’école. En situation de manque, elle souffre de tremblements, d’insomnie, de crampes, de maux de tête, de tendance suicidaire, etc.
« Au Burundi, cette catégorie de personnes est stigmatisée », fait savoir Pierre Claver Njejimana, psychiatre au Centre National Psychiatrique de Kamenge(CNPK). «Il faut plutôt les comprendre pour mieux les soigner.» Il recommande au gouvernement de demander à l’OMS une licence d’importation de médicaments qui peuvent remplacer les drogues.
Pour Dismas Ntakibirora, conseiller juridique à l’inspection générale de la police nationale, il faut plutôt punir les trafiquants et les producteurs. Et de déplorer que la plupart des anciens détenus pour cause de consommation de stupéfiants récidivent avec des drogues plus dures.
Ancien toxicomane, Richard Nininahazwe, assure que par faute de moyens, ils partagent une seule seringue à cinq ou à dix. Il indique que dans la phase de dépendance, le toxicomane peut abandonner son travail. Lui-même a dû renoncer à son métier de journaliste.
Malheureusement, la vie « moderne » a ses lots de bonnes et de mauvaises choses. Les Etats et les peuples qui s’adaptent, cherchent des solutions aux nouveaux problèmes seront forts. Les autres risquent de disparaître.