Jeudi 12 décembre, inhumation de 26 personnes victimes de glissement de terraindans la nuit du 4 au 5 décembre, à Mugina, province Cibitoke. D’autres dégâts ont été enregistrés. Le géographe Jean-Marie Sabushimike donne son éclairage.
La commune Mugina a récemment été touchée par une catastrophe….
Oui et c’est déplorable. Il y a eu des mouvements de terrain qui ont emporté plusieurs vies humaines. Il y a aussi des blessés et des portés disparus. Et ils ne sont pas les premiers dans le pays. Rappelez-vous de Gatunguru en 2014, de Kijejeti, de Gasenyi, Gitaza, etc. Ce sont des phénomènes naturels associés aux mouvements de terrain, soit des éboulements, soit des glissements de terrain.
Quelles sont les causes ?
Il faut signaler d’abord les prédispositions naturelles. La composition des roches qui se présentent sous une forme de vulnérabilité très poussée dans un contexte climatique très favorable à leur altérabilité très profonde.
C’est-à-dire ?
Ce genre de glissement se produit généralement dans des roches qu’on appelle les roches granitiques et gneissiques. Elles sont composées par des minéraux très altérables.
Il y aussi la tectonique. Ce sont des roches fracturées à l’échelle du terrain, c’est-à-dire sur des étendues très développées mais aussi au niveau de leur composition minéralogique (la fracturation des minéraux).Tout cela entraîne une forte vulnérabilité dans un contexte climatique très favorable : la pluviométrie et des températures très élevées.
Citons aussi les prédispositions géomorphologiques. Dans les Mirwa, par exemple, on observe partout qu’il s’agit d’escarpements de faille très disséqués. Ils ont été marqués par des glissements de terrain très anciens. Aujourd’hui, ils se réactivent.
Pour le cas de Mugina, je pense que la roche en place est très susceptible à l’altération : le contexte du changement climatique en général et en particulier dans les montagnes jeunes du pays.
Lesquelles?
Les Mirwa et la Crête Congo-Nil. Ces zones reçoivent des précipitations souvent exceptionnelles, de très grandes quantités de pluie. Ces mouvements de terrain sont associés aux pluies diluviennes qui trouvent déjà un terrain très favorable sur le plan physique. Et il faut signaler que les changements climatiques se manifestent par ces phénomènes de glissement de terrain, d’inondationou de sècheresse.
Les aménagements du territoire non respectueux de l’environnement sont aussi à la base de ces catastrophes, en cas de pluies exceptionnelles. Idem pour la forte pression démographique. Et les conséquences de ces mouvements de terrain sont sociales, économiques et environnementales.
Que faire alors ?
L’identification des zones à très haut risque de glissement de terrain ou d’inondation est une nécessité. Il est impératif et urgent d’avoir leur cartographie détaillée. Nous avons besoin d’un renforcement des capacités en matière d’aménagement des bassins versants. Et cela doit passer par une législation solide et une coordination cohérente. Il faut aussi intégrer les notions de risque de catastrophe dans les programmes de développement au niveau communal et provincial. Car il faut s’attendre à des situations pires. Enfin, il est important de développer la culture du risque et de trouver des mécanismes de financement des actions de prévention.