Depuis le 5 novembre, les automobilistes de Bujumbura sont tenus d’utiliser, du moins officiellement, l’application « Igitoro Pass V 1.0 » pour s’approvisionner en carburant. Imposée par la Société pétrolière du Burundi (SOPEBU), cette nouvelle exigence vise à améliorer la gestion du carburant, dans un contexte de pénurie sévère. Cette numérisation se heurte à des dysfonctionnements techniques compliquant davantage la vie des automobilistes.
Sur les stations-service, les files d’attente interminables sont devenues la norme quand le carburant est là, sinon, l’interdiction de faire de longues queues devant les stations à sec reste en vigueur.
À n’importe quelle station d’essence approvisionnée de longues files de voitures s’étendent subitement et le temps semblent s’arrêter. Irrités et impatients, les chauffeurs dénoncent les nombreux problèmes techniques avec l’application proposée par le Sopebu.
Pierre Nimbona, un chauffeur, témoigne : « Cette application est bizarre. Parfois elle fonctionne et des fois elle se plante. Je viens d’être retiré de la file sans avoir le carburant, alors que je venais de passer deux jours garé devant cette station. L’application n’a pas réussi à montrer le nombre des litres restant. C’est incompréhensible ».
D’autres utilisateurs confirment que le manque de connexion fiable ralentit encore le processus de distribution, au point qu’une seule voiture peut monopoliser la pompe pendant 20 à 30 minutes, ce qui énerve tous les automobilistes en attente d’être servis.
Un autre chauffeur raconte son expérience à la station King Star de Kigobe. Bien qu’il ait initialement enregistré son véhicule pour une dotation de 80 litres par semaine, les quantités ont été drastiquement réduites.
« Au moment de mon inscription, j’avais enregistré mon véhicule dans la catégorie des véhicules qui peuvent contenir jusqu’à 80 litres. Mais la Sopebu a réduit les litres jusqu’à 20 litres seulement alors que j’ai plusieurs courses à faire pour mon travail », déplore-t-il.
Cette digitalisation, bien que prometteuse pour certains, pose des difficultés majeures pour d’autres. Plusieurs chauffeurs pointent l’inefficacité de l’application. En soirée, sur certaines stations, seuls quelques véhicules parviennent à être servis. Un automobiliste approché raconte : « Depuis 18 heures jusqu’à 22 heures, seules 20 voitures ont été servies ».
Un pompiste travaillant près de la station communément appelée Fidodido confirme que l’inexpérience des employés pour manipuler l’application ralentit également le service : « Les pompistes ne sont pas formés pour utiliser cette application, ce qui complique les choses ».
Cet avis est partagé par de nombreux chauffeurs, qui estiment que la distribution de carburant était plus rapide et ordonnée avant l’introduction de l’application ’’Igitoro Pass’’.
« Avant, pour distribuer, c’était facile, il y avait une chaîne et on suivait cet ordre d’arrivée. Actuellement, une voiture peut attendre devant toi pendant 30 minutes sans être servie, ce qui nous fait perdre beaucoup de temps », s’indigne un chauffeur.
Des questions sur sa conception
L’application, introuvable sur la plateforme Play Store qui est le plus utilisé dans les téléphones Android, soulève des inquiétudes concernant sa fiabilité.
De nombreux chauffeurs s’interrogent sur la pertinence d’introduire une application aussi peu pratique. « Nous savons utiliser Facebook par exemple, pourquoi ils ne peuvent pas nous donner une application qui est facile à utiliser comme Facebook ? », s’interroge un conducteur rencontré près de la station dite Fidodido.
Face aux critiques concernant les problèmes liés au carburant, le ministre de l’Énergie, Ibrahim Uwizeye, avait promis, lors de son intervention au Sénat le 17 octobre, que la digitalisation permettrait de contrôler la distribution de carburant et de lutter contre les fraudes.
Cependant, la promesse semble éloignée de la réalité observée sur le terrain. Certains chauffeurs témoignent que l’application a permis de réduire les pots-de-vin et la corruption, mais ils estiment que le manque de carburant reste le principal problème.
Plusieurs chauffeurs estiment que la solution serait de rendre le carburant disponible en quantité suffisante, sans nécessairement passer par une application. « Avant, on achetait le carburant sans application et ça se passait bien que le carburant soit disponible, tous les problèmes finiront et on n’en parlera plus », affirme un autre chauffeur, coincé dans une file d’attente.
À ce jour, la pénurie de carburant persiste, compliquant la vie des habitants de Bujumbura et rendant difficile le déplacement dans la capitale et ses environs. Malgré les tentatives pour obtenir les éclaircissements, le directeur de la SOPEBU n’a pas souhaité réagir ou répondre à toutes ces questions.
je suis vraiment déçu ça n’a pas marché jusqu’à maintenant c’est grave
j’ai une question à poser journal Iwacu ,est ce la population de Bujumbura qui fait toute la population au niveau national ??car vous dites que le manque de carburant complique les déplacements les habitants de Bujumbura ,et ceux de l’intérieur du pays, ils ne connaissent pas les conséquences du manque criant de carburant ?
A l’intérieur du pays, il n’y a pas de taxi ni de bus pour le transport interurbain.