{ « Il reste une seule ressource : se souvenir, se recueillir. Là où on ne peut rien ‘faire’, on peut du moins ressentir » Vladimir Jankélévitch } <doc516|right>A la veille de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation, votre magazine vous emmène en voyage dans nos lieux de mémoires blessées. C’est un voyage difficile, douloureux que nous font découvrir Martina Bacigalupo, photographe, et Roland Rugero, journaliste et écrivain. Ils ont sillonné le Burundi à la rencontre de ces lieux. Leur duo a fixé et fait parler ces sites. Certains sont officiels, connus, honorés. D’autres sont inconnus, oubliés, « sauvages ». Mais tous chargés de douleur. Notre histoire est jalonnée de dates qui sonnent comme des balles ou frappent comme des machettes : 1965, 1969, 1972, 1993… Pourquoi cette quête ? Parce que nous nous devons la vérité. Parce qu’il est impossible d’oublier où les nôtres furent, tués, jetés, ensevelis sans sépulture. Nous ne prétendons pas avoir vu et montré tous ces lieux de mémoires. Mais tout au moins, les sites visités ont tous la particularité de conserver plusieurs victimes. Pour nous il n’y a pas de « petit charnier ». C’est donc à un véritable pèlerinage qu’Iwacu vous invite, pour cheminer vers ces lieux, guidés par l’empathie car nous tous avons souffert. Depuis notre enfance, notre culture nous commande de savoir encaisser, de taire notre douleur : les larmes d’un « vrai » homme « coulent à l’intérieur » enseigne la sagesse ancestrale. Mais on ne pourra pas nous réconcilier dans l’hypocrisie, sans mettre les mots sur nos maux. Connaître et reconnaître ces charniers où reposent nos parents, nos enfants, nos frères et sœurs est un premier pas dans ce travail de mémoire. Nous réconcilier en quelque sorte avec nos morts. Dans ces pages, nous ne vous disons pas vraiment pourquoi et comment, les nôtres sont morts. Ce sera le travail de la Commission Vérité et Réconciliation, nous vous disons simplement : {« Ici gisent. »}