<img7102|left>Lorsqu’il est muté au Burundi en 2006, par la Congrégation des Frères de la Charité, au centre neuropsychiatrique de Kamenge, il ne mesure l’immensité de la tâche qui l’attend qu’une fois sur place …
<doc7100|right>« C’était affreux. Il ne restait plus rien de l’hôpital, c’était sale, les bâtiments réquisitionnés par les réfugiés étaient délabrés », se souvient le religieux avec dans la voix, la sagesse de ceux qui en ont vu beaucoup.
Mais l’homme de Dieu ne recule pas. Il connaît la souffrance de ces personnes pour l’avoir côtoyée depuis sa tendre enfance : « Mon oncle maternel était un malade mental, tout le monde au village se moquait de lui, il n’avait vraiment pas de place dans le village. Et puis je me suis aussi occupé pendant longtemps d’un ami qui était hospitalisé dans cet hôpital ». Préoccupé par le bien-être de ceux qu’il appelle « les plus vulnérables des vulnérables », Frère Hypolite fera de leurs conditions d’existence, son combat.
Il commence une sensibilisation de la société burundaise à travers les médias. Ainsi est née la chanson « S’abasazi » (« Ils ne sont pas fous ») à laquelle a collaboré l’artiste Cédric Bangui, un vibrant appel à la solidarité qui battra des records d’audience. Il sollicite l’aide du gouvernement, de la communauté internationale… Pour lui, la souffrance de l’homme est une souffrance qui concerne tout le monde.
Aujourd’hui, le centre neuropsychiatrique de Kamenge (CNPK) est un joyau de la nature, des arbres par-ci, par-là, et bien que les bâtiments ne soient pas flambant neufs, il fait bon s’y promener dans la cour. « L’infrastructure contribue énormément dans la stabilité du malade », glisse Frère Hyppolite, pendant que nous visitons les malades, qui semblent, à notre grande surprise, très paisible en ce matin grisonnant. Le personnel, chaleureux, donne les soins et autres conseils aux patients.
Formé en Belgique, à l’institut Canon Triest, en collaboration avec l’université catholique de Washington, frère Hyppolite Manirakiza, 4O ans, né à Musongati, a 12 ans de vie religieuse. Après des études en Belgique, en psychiatrie, il poursuit sa formation à Nairobi, où il étudie la théologie morale avec une spécialisation en communication sociale de 2000 à 2005.
Il commence sa carrière en Tanzanie comme missionnaire, puis directeur général d’un institut d’enseignement à distance. Parallèlement, il siège comme directeur d’un institut supérieur appelé Newman college of social work.
Aujourd’hui, « le Frère des malades mentaux », comme il se surnomme lui-même, ne manque pas de projets pour son centre. Le service national de santé mentale, tel qu’il le suggérait depuis longtemps, vient d’être intégré dans le programme de lutte contre les maladies chroniques non transmissibles. Il est également fondateur d’une association d’anciens malades mentaux et famille de malades mentaux (Anaprodem) qui a été agréée en mai 2012. Vu les récents événements, le CNPK, en collaboration avec d’autres hôpitaux dont la clinique Prince Louis Rwagasore, s’occupe des victimes de l’incendie du marché central de Bujumbura. Et de manière plus générale, le travail de la congrégation des Frères de la charité, dont il fait partie, s’intensifie au sein des pays de l’EAC.
Prochainement, c’est un centre pédopsychiatrique qui verra le jour. Il aura pour but de protéger et soigner la jeunesse burundaise, jeunesse qui, selon le Frère, est touchée par la violence qui caractérise notre société.