<doc516|right>Au moment où nous mettons sous presse, les fouilles pour exhumer, puis enterrer avec dignité les restes du dernier monarque burundais n’ont rien donné. Paradoxalement, quelques acteurs majeurs dans l’assassinat du jeune roi sont toujours en vie. Le Burundi est un petit pays. Tout se sait. Pour Ntare V, on sait qui a fait quoi, quand, comment. La Radio Publique Africaine a mené une enquête extrêmement détaillée sur les derniers instants de Charles Ndizeye.
Ce qui vient de se passer démontre, à la face du monde, notre légendaire hypocrisie. On est en droit de se demander même l’utilité de mettre en place la Commission Vérité et Réconciliation. Question: les Burundais voulons-nous vraiment faire face à notre histoire? Le cas de Ntare V est emblématique. Le jeune roi a été assassiné dans des circonstances que tout le monde connaît. Un pays ami, la Belgique a offert ses compétences scientifiques pour identifier les restes. Mais on y arrive pas. "Avant de tourner la page, il faut la lire", disait le prix Nobel de la paix Desmond Tutu. Peut-être que les Burundais ont déjà tourné la leur, sans la lire bien sûr. D’ailleurs, un proverbe bien de chez nous dit que {agapfuye kabazwa ivu} [Il faut demander à la terre ce qui est mort], qui traduit plus ou moins l’idée de ne pas remuer le passé.
Quid alors de la CVR? Il paraît qu’elle est prévue dans l’accord d’Arusha. Bof, pour la consommation externe,on va la créer, elle ne cherchera pas, ne trouvera rien. Plus hypocrite comme peuple on trouve pas. Ah! Sacrés Burundais!