Pour la première fois, le Burundi a célébré la journée internationale de l’hygiène menstruelle, jeudi 13 juin, normalement célébrée tous les 28 mai depuis 2014.
3,5 millions de filles et femmes sont concernées par les menstruations, soit 80% de la population féminine burundaise, selon l’entreprise sociale African women in action qui a organisé la célébration.
Centrée sur la gestion de l’hygiène menstruelle, cette journée a révélé une « horrible » réalité : nombreuses sont les filles qui utilisent des bouts de matelas, des tissus, des feuilles de bananes à la place des serviettes, faute de moyens.
Un témoignage d’une fille de 15 ans, recueilli par African women in action, a fait couler les larmes de certains participants : « Chaque mois, je déchire un bout de matelas, l’utilise et le réutilise, pendant mes règles. »
En plus des femmes rurales beaucoup plus concernées, précise Nicole Uwimana, directrice de « African women in action », ce « calvaire » touche les filles des quartiers périphériques de la capitale (Buterere, Kinama, Kamenge…).
C’est ainsi que cette entreprise a réuni les ONG et autres acteurs oeuvrant dans le domaine de la santé communautaire. Leur souci : mettre en place une stratégie commune pour la gestion de l’hygiène menstruelle.
Briser le tabou des menstruations !
Outre le non accès aux serviettes hygiéniques, l’autre défi important relevé est le fait que les menstruations restent un sujet tabou au Burundi. Les parents ne parlent pas de ce sujet avec leurs filles. Une représentante de l’Unicef indique que 83% des filles scolarisées ignoraient tout sur les menstruations, à leurs premières règles.
Une participante qui a représenté la Coopération suisse estime que les serviettes hygiéniques devraient être accessibles partout et gratuitement, comme les préservatifs. « Qui est dans l’urgence entre les deux ? », se demande-t-elle, s’adressant particulièrement au gouvernement. Ce dernier été représenté par le ministère des Affaires sociales et du Genre.
La directrice de « African women in action » fait savoir que son entreprise apporte une solution à cette problématique en fabriquant des serviettes hygiéniques en tissu, lavables et réutilisables. Un paquet coûte 10 mille BIF, utilisable pendant une année. Elle le juge beaucoup plus accessible que les serviettes ordinaires, jetables, utilisables, en général, durant un mois. Un paquet coûtant 2.500 BIF.
545 mille filles en milieu scolaire, au niveau national, n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques pendant les menstruations, selon l’organisation Sacode, oeuvrant pour la promotion de la santé des communautés.