« L’existence d’un leader se constate plus souvent qu’elle ne se proclame.» (Lionel Jospin)
On raconte que dans la tradition burundaise, lorsque la foudre frappait un troupeau, le pasteur se levait et, debout au milieu de ses vaches groggy, tétanisées, d’une voix forte lançait : « Humura! » Il se mettait alors à parler à ses vaches, à les rassurer, bref, à leur dire je suis là, moi votre pasteur. Tout va bien ! « Humura », est un mot profond qui signifie : n’ayez pas peur, restez debout,…Et Jésus, (que l’on prie beaucoup par ici) disait « Nolite timere, Ego sum»! Ndi hano !Toujours cette présence du chef.
Depuis quelques temps, des citoyens sont tués, au grand jour, de manière atroce. Les Burundais assistent, décomptent les morts. On parle même de liste de la mort. A quelques voix près d’une poignée de militants des droits de l’homme, et des médias impuissants, une étrange apathie semble frapper les citoyens résignés. Face à ce déchaînement de la violence, les Burundais sont léthargiques, sans ressort, groggy, comme les vaches frappées par la foudre.
C’est dans les moments de peur que les leaders se révèlent. Il n’y a pas longtemps, après la double attaque qui a fait 76 morts en Norvège, le Premier ministre Jens Stoltenberg est allé devant son peuple. Stoltenberg a tout de suite trouvé les mots justes que ses compatriotes traumatisés voulaient entendre. Le monde entier a salué sa gestion de la crise et le discours rassurant apporté au peuple. Je ne sais pas comment il a dit « Humura » en norvégien. Aujourd’hui, les Burundais nous avons tellement besoin d’entendre une parole forte, une voix qui nous dirait : « Humura ! » Mais…