Mardi 16 juillet 2024

Société

Humiliation publique, une forme de sanction sociale

26/07/2022 1
Humiliation publique, une forme de sanction sociale

L’humiliation prive les gens qu’elle touche de toute reconnaissance et légitimité sociales. Pour laver leur honneur, les victimes peuvent recourir aux moyens non conventionnels. Acher Niyonizigiye, expert en leadership et enseignant d’université, explique que même en cas de manquement grave, la loi doit être respectée.

Que doit-on comprendre par un discours humiliant de la part d’un leader ?

Un discours humiliant est un discours qui ne parle que des faiblesses de quelqu’un ou alors ce qui n’est pas bon aux yeux des autres. Le rejet, le mépris, l’indifférence et l’invisibilité entrent dans le cadre de l’humiliation, dès lors que l’individu se voit refuser un quelconque lien social. On s’attaque à sa dignité souvent publiquement.

L’humiliation est une situation dans laquelle l’individu se retrouve déclassé aux yeux de tous, se sentant privé de toute reconnaissance et légitimité sociales. Il estime avoir perdu sa crédibilité, autant de valeurs censées être au fondement de son existence.

Est-ce une bonne habitude d’humilier les autres de la part d’un leader ?

Ce n’est pas une bonne pratique recommandable en leadership. Si une personne ne s’est pas bien comportée, il faut la réprimander en privé verbalement ou par écrit. Ainsi, si elle arrive à réaliser qu’elle s’est mal comportée, cela n’affecte pas sa dignité. En public, il est affecté et son entourage est touché et les relations sont compromises.

Certains pensent que sévir publiquement présente des avantages. Qu’en dites-vous?

L’avantage dont ils parlent est la transparence dans l’exposition de la vérité sur les fautes, crimes et mauvais comportements. C’est une bonne chose car, si ce n’est pas dévoilé et dénoncé, cela peut continuer. Mais il y a une grande différence entre exposer la faute de quelqu’un et l’humilier. Quand vous exposez les manquements, vous protégez l’honneur et sa dignité. Vous parlez uniquement de ce mauvais comportement observé. Mais, si cette exposition est faite en public, cela va au-delà de la faute. C’est une forme de sanction sociale.

Quelles conséquences d’un discours humiliant pour quelqu’un investi d’un pouvoir public?

Il se sent vulnérable car il sait avoir perdu toute légitimité aux yeux des personnes qu’il dirige. S’il n’y a pas de respect entre le supérieur et ses subalternes, l’équilibre de leadership est déstabilisé. Et partant, il lui sera très difficile d’exercer son leadership. Ceux sur qui il exerçait une influence vont se sentir mal, frustrés. Ils se sentiront attaqués indirectement. Ce qui renforcera des animosités autour de cette autorité.

Comment procéder alors ?

Au niveau de l’administration, il y a des procédures qui sont prévues pour faire face aux responsables coupables de certains manquements. Il y a d’abord des procédures internes. Le chef hiérarchique le convoque et exige des explications sur l’affaire. S’il est vraiment prouvé qu’il a tort, on applique les sanctions prévues à l’interne. C’est parfois une demande d’explication, une mise à pied voire un licenciement. Et ce en toute discrétion. Si les actes qui lui sont reprochés sont lourds, on recourt au code pénal. Il est alors mis à la disposition de la justice. Des investigations sont menées. Devant des juges, il n’y a pas d’humiliation, l’accusé ayant droit d’avoir un avocat pour se défendre. Il sera condamné suivant les conditions prévues par la loi.

Propos recueillis par Jérémie Misago

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