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Héritiers de Gahutu Rémy : l’impossible réunification

05/05/2013 Commentaires fermés sur Héritiers de Gahutu Rémy : l’impossible réunification

Certains héritiers de Gahutu Rémy, fondateur du mouvement Palipehutu, souhaitent voir tous les anciens de ce mouvement se réunir. Cependant, force est de constater qu’ils ne partagent plus la même idéologie.

<img5028|left>17 août 2012. Tous ceux qui se réclament « héritiers de Gahutu Rémy » commémoraient le 22 ème anniversaire de l’assassinat du leader du 1er mouvement rebelle burundais. Au même moment, on parlait du retour de Caux (Suisse) de Jacques Kenese, président du parti FNL Iragi rya Gahutu Rémy et gouverneur de Bubanza et d’Emmanuel Miburo, « successeur » d’Agathon Rwasa à la tête du parti FNL.
Selon une opinion, la visite de ces deux personnalités à Caux visait la réunification de toutes les branches dissidentes du mouvement Palipehutu FNL. Toutefois, interrogés, Jacques Kenese et Emmanuel Miburo le réfutent. Ils expliquent qu’ils étaient invités dans cette ville suisse dans un cadre privé : « C’était une rencontre internationale d’une délégation de plus de 100 hommes et femmes politiques. Nous avons abordé huit thèmes qui n’avaient rien à voir avec ladite réunification. »

Une idée louable mais…

Charles Kabagambe, représentant par intérim du parti FNL Icanzo, fait savoir qu’il est pour la réunification : « La scission du mouvement Palipehutu a fragilisé à la fois le parti et le pays. » M. Kabagambe estime que Gahutu Rémy reste le leader inégalable, un rassembleur qui disait tout haut ce que les autres pensaient tout bas : « Il est mort sans réaliser son rêve de voir tous les citoyens burundais traités sur le même pied d’égalité. » Il appelle tous les Burundais épris de justice à suivre l’héritage de Gahutu Rémy.
Même son de cloche chez Methuselah Nikobamye (alias Pasteur Habimana) du parti FNL Iragi rya Gahutu Rémy : « Qui s’opposerait à cette belle initiative ? » Il déclare que l’idée existait déjà même si certains Banamarimwe doutent toujours compte tenu de ce qui les divise. Cependant, Methuselah Nikobamye est optimiste : « Je ne vois aucun inconvénient dans cette réunification car il n’est jamais trop tard pour constituer une force. »

Casimir Ngendanganya, président du parti Palipe Agakiza, fustige l’idée de se constituer en une seule formation : « Quelle est la raison qui nous pousserait aujourd’hui à nous mettre ensemble ? Il estime que l’idéologie n’est plus la même : « Au moment où nous avons créé le mouvement Palipehutu, il faut qu’on se le dise, le peuple hutu était marginalisé. Il ne pouvait pas, par exemple, fréquenter l’école secondaire ou faire des études supérieures ou encore entrer à l’armée. » Notre lutte, précise Casimir Ngendanganya, était pour que le citoyen hutu soit un citoyen ordinaire, un citoyen qui a un mot à dire dans son pays.

Pour M. Ngendanganya, le pas franchi par le parti au pouvoir est plus que satisfaisant : « Je ne vois pas l’idéologie que défendent les partis dits FNL car le Cndd-Fdd a donné au peuple hutu la place qu’il lui faut. » Quand Gahutu Rémy a créé la branche armée FNL, dit-il, c’était pour constituer une force de frappe afin d’obliger le pouvoir tutsi de Bujumbura à négocier. Cependant, il souligne que son parti n’est pas membre de la mouvance présidentielle. Et d’ajouter qu’il continuera à défendre les valeurs démocratiques. Iwacu a essayé de contacter les représentants du parti FNL d’Agathon Rwasa sans succès.

Un mouvement déchiré par ses propres fils

La scission du mouvement Palipehutu FNL date du 23 novembre 1991 quand la branche armée FNL a décidé d’attaquer la capitale Bujumbura. Alors qu’Etienne Karatasi, successeur de Rémy Gahutu, se préparait à amorcer des négociations, le lendemain, avec le président Pierre Buyoya, tout se gâche. Plus tard, Kossan Kabura renverse le Dr Etienne Karatasi. Ainsi, naît le Palipe-Agakiza dirigé par Karatasi lui-même. Aux négociations d’Arusha, Alain Mugabarabona forme le FNL Icanzo.
Entre-temps, Agathon Rwasa succède à Kabura Kossan. Les scissions n’ont pas cessé car avant les élections de 2010, Jacques Kenese crée le FNL Iragi rya Gahutu Rémy. Ce n’était pas fini : Emmanuel Miburo soutenu par Jacques Bigirimana se désolidarisera de M. Rwasa. Comme s’il venait de tout perdre, ce dernier, contraint par la situation politico-sécuritaire, est obligé de suivre le chemin d’exil. A analyser les dessous de ce déchirement, des observateurs avisés estiment que les chances d’une réunification de l’ancien mouvement rebelle sont minimes.

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