A partir de ce 22 août, soit un mois, jour pour jour après la disparition de Jean, Iwacu entame une semaine d’hommage au journaliste.
Depuis son lancement il y a huit ans, Iwacu a connu des moments difficiles, des journalistes ont été intimidés, menacés. Deux ont dû prendre le chemin de l’exil. En ce qui me concerne, j’ai été victime d’une grave accusation : « vouloir renverser les institutions de l’Etat »…
Rescapé de la « purification par le feu » de mai 2015, dont ont été victimes les autres médias indépendants, Iwacu croyait que le pire était passé. La disparition de Jean nous démontre que ce n’était pas le cas. Nous considérons la disparition de Jean comme une attaque, la pire que l’on puisse faire à l’encontre d’un média d’information indépendant. Ils s’en sont pris à ce que nous avons de plus cher: la vie d’un journaliste.
Malgré le choc, la rédaction a fait face. Nous avons tout fait pour essayer de retrouver notre collègue. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour remercier tous ceux qui nous ont aidés, ces citoyens anonymes qui nous ont donné les informations qui nous ont permis notamment de découvrir deux corps dans la zone où Jean a disparu.
Ceux qui ont enlevé puis tué Jean probablement doivent se dire qu’ils ont gagné. Ils pensent qu’après la fin de cette semaine de deuil nous allons classer, oublier. Non, nous n’oublierons pas Jean. Nous continuerons à chercher et nous sommes sûrs que les langues finiront par se délier, que la vérité éclatera.
Au Burundi, nous allons aussi porter plainte « contre X ». Cela doit faire sourire les tueurs bien sûr, quand on connait l’état de notre système judiciaire. Mais nous gardons espoir que justice sera faite un jour et que ces personnes paieront : l‘impunité ne peut avoir droit de cité.
Sur le plan international, à travers une organisation spécialisée, Iwacu va saisir le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées. Les autorités burundaises devront répondre. Que soient aussi ici remerciées les organisations engagées dans la défense des droits de l’Homme et la liberté de la presse qui nous soutiennent dans cette terrible épreuve ; de même que tous ceux qui ont relayé nos inquiétudes sur leurs réseaux. Nous savons que nous ne sommes pas seuls : c’est une force que vous nous donnez.
Notre espoir de retrouver Jean vivant est ébranlé. Nous vivons une incertitude terrible et même si nous portons le deuil aujourd’hui, nous ne pourrons véritablement nous engager dans ce processus qu’à partir du moment où nous saurons ce qu’il est advenu de Jean, preuves à l’appui.
Ce jeudi nous inaugurerons une plaque dédiée à notre confrère, afin que Jean reste présent parmi nous et que nul n’oublie. Nous lançons aussi un appel pour soutenir la famille de Jean. Notre confrère laisse une épouse encore étudiante et deux enfants de 8 et 3 ans. Honorer les disparus. Préserver les vivants. Nous comptons sur votre générosité.
Après cette semaine d’hommage à notre confrère, la vie doit continuer, il nous faut rester debout, déterminés, continuer notre mission d’informer, c’est pour nous une manière de rendre hommage à Jean.
Bravo Chers frères et sœurs de IWA’CUINFO pour votre détermination,pour votre Combat!!! Ce combat pour qu’en Afrique nos états deviennent des États ordinaires donc normaux dans lesquels la Liberté d’Expression,la Justice pour tout citoyen ne soient pas un Privilège!