Lundi 04 novembre 2024

Culture

Honneur au tambour !

26/10/2016 7

Un projet de décret prévoit d’instituer une journée nationale dédiée à la danse rituelle du tambour. Chez les tambourinaires, c’est la satisfaction.

Inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité, le tambour sera désormais célébré chaque 26 novembre.
Inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité, le tambour sera désormais célébré chaque 26 novembre.

La journée nationale dédiée à la danse rituelle du tambour sera célébrée sur tout le territoire national et par la diaspora le 26 novembre de chaque année. «Le tambour du Burundi constitue un patrimoine en lequel toute la population burundaise se reconnaît et qui contribue à assurer la visibilité du pays sur les plan national, régional», tel est l’argumentaire phare présenté par Jean Bosco Hitimana, le ministre de la Jeunesse des Sports et de la Culture.

«La danse rituelle du tambour est l’un des aspects visuels de la profondeur, de la richesse et de la beauté culturelle burundaise qui mérite d’être sauvegardée et pérennisé de génération en génération», peut-on lire sur le communiqué du conseil des ministres.

Pourquoi le choix de cette date ? « Le tambour a été inscrit par l’UNESCO sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité le 26 novembre. C’est une façon de rappeler cette date historique », explique le directeur général de la culture, Léonard Sinzinkayo.

Ce dernier assure que ce projet ne date pas d’hier. Inscrire le tambour du Burundi dans le Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité, dit-il, ainsi qu’instaurer une journée nationale consacrée à la danse rituelle du tambour font partie des recommandations de la politique culturelle de 2007. « Après l’inscription du tambour, c’est l’étape qui devait suivre. »

Emerveillement chez Antime Baransakaje. Ce célèbre tambourinaire estime qu’il était temps. «Il faudra profiter de cette journée pour rappeler aux générations présentes et futures le parcours et l’utilité de cette merveille de l’époque royale jusqu’à nos jours.»

Un programme à peaufiner

Confiant, il espère que cette journée sera un espoir de paix. «La danse rituelle du tambour se faisait en temps de paix. J’espère que cette fête augure de jours meilleurs.»

M. Baransakaje ne décolère pas, pour autant. Il estime que le tambour a perdu son caractère sacré d’antan. «Il est joué n’ importe où et n’importe quand». Ce à quoi M. Sinzinkayo rétorque : « Cet art a été popularisé. Il doit être enseigné aux générations futures. »

A la question sur l’organisation de cette journée, le directeur général de la culture joue la prudence : « Ce serait anticipé sur les actions. Nous n’avons pas encore donné la forme à cette journée.»

Ce responsable du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Culture donne, néanmoins, quelques détails : « Elle sera probablement célébrée au niveau des provinces. Des débats sur l’avenir du tambour et des tambourinaires seront sûrement animés. » A l’étranger, garantit-il, les ambassades prendront les choses en main.

M. Sinzinkayo est dubitatif quant à la célébration de cette journée cette année : « Une fois le décret sorti et si les moyens financiers le permettent, rien n’empêchera la tenue de cette fête. »

>>>Biens culturels et/ou naturels du Burundi inscrits sur la liste indicative de l’UNESCO

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Inyankamugayo

    Il faut que les femmes cessent de battre le tambour. Akarangamutima k’ingoma nuko kizira umugore kuvuza ingoma, sinon la culture, la tradition est diluée, dénaturée.

  2. roger crettol

    C’est mon attrait pour la danse qui m’a amené en Afrique, et donc au Burundi. J’ai été sensible à la danse des tambourinaires, à la grâce avec laquelle les aspects les plus athlétiques de la danse sont exécutés.

    Mais le geste de soumission et de sacrifice du tambourinaire – comme il m’a été expliqué, le bâton faisant le tour du cou de celui-ci, en un simulacre d’égorgement – m’a causé un trouble certain.

    Quel souverain mérite encore cet engagement inconditionnel ? Aujourd’hui, en 2016 ? La tradition est certes belle, mais le cadre a changé – la royauté a été abolie, et on a pu croire, après quarante ans, que la démocratie allait réellement s’installer.

    Il a fallu déchanter. Retour à la case du pouvoir absolu ? Ma foi, si Dieu lui-même le commande* … mais qui commande, ici ?

    « Tu ne prononceras pas en vain le Nom du Seigneur ».

    * Comme l’a suggéré récemment une Honorable membre du parlement.

  3. Yves

    Et dire que certains osent émettre des doutes sur les compétences du gouvernement burundais. Quels beaux visionnaires que ces dirigeants qui, en pleine urgence économique, prennent comme mesure … l’instauration d’une journée nationale dédiée à la danse rituelle du tambour. Voilà une mesure qui, n’en doutons pas, va sortir les burundais de l’extrême pauvreté dans laquelle ils se trouvent… oh,wait…

    • Ewe Burundi

      Très bien dit Yves! Evidemment, sous d’autres cieux, l’initiative en elle même était louable! Jamais au GRAND jamais en ces moments où notre pays brûle!!!! En quoi cette journée va m’apporter, moi et ma famille, ainsi que mon voisin et tout le reste de mon pays tant qu’on y est, un lendemain meilleur? Cette journée va-t-elle me protéger contre ce regime d’assassins??? Cette journée va-t-elle mettre un peu plus à manger sur NOS assiettes??? Comme disait l’autre sage, « murakinda mwirorera »!!!

    • RUGAMBA RUTAGANZWA

      @Yves: « Et dire que certains osent émettre des doutes sur les compétences du gouvernement burundais ».

      Vous appelez cela compétence et vision? Ridicule…! Ce gouvernement a fait du Burundi le pays le plus pauvre du monde, un des plus corrompus, des plus violents, des plus affamés aussi. C’est le pays où règnent la faim, les enlèvements et autres disparitions forcées, la terreur et les exécutions extrajudiciaires…! Et c’est cela la vision des dirigeants du CNDD-FDD que vous ventez ? A votre place je me tairai car le monde sait ce dont ce gouvernement est capable en termes de violations massives des droits de l’Homme y compris des actes graves pouvant être qualifiés de crimes contre l’humanité comme le rapportait si bien la Commission des NU contre la Torture le mois passé à Genève.
      Quant aux tambours sacrés, ils ne les ont pas inventés, ils ne les battent pas. Ce qu’on leur demande de faire c’est se concentrer sur le développement socio-économique des Burundais qui malheureusement ne va pas se décréter comme c’est le cas pour la journée nationale des tambours sacrés du Burundi, symboles de la force et du leadership incontestés du grand Royaume qu’a été le Burundi de la dynastie des Ntare, Mwezi, Mutaga et Mwambutsa.

      • Bakari

        @RUGAMBA RUTAGANZWA
        « Et c’est cela la vision des dirigeants du CNDD-FDD que vous ventez ? »
        Le jour où Yves va vanter la vision du CNDD-FDD, ça sera la fin des haricots…
        En effet, il semble que , en lisant ses commentaires, pour lui, le CNDD-FDD soit l’organisation la plus abominable que le Burundi ait connue!
        Mais c’est son droit de le concevoir ainsi!

      • Yves

        @RUGAMBA RUTAGANZWA : vous n’avez visiblement pas compris ce qu’est l’humour au second degré. Il me semblait que le reste de mon commentaire était pourtant suffisamment clair… Ewe Burundi et Bakari l’ont compris, eux. La prochaine fois, lisez les commentaires jusqu’au bout (en ce compris le « oh, wait ») plutôt que de vous emballer…

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 3 417 users online