Le Club de la presse n°47 a vu grand en invitant la ministre de l’Information, la communication et des relations avec le parlement, Mme Concilie Nibigira, pour répondre à un certain nombre de questions ayant trait au prochain passage de l’analogique au numérique, une nouvelle technologie de radio-télédiffusion révolutionnaire et de bien meilleure qualité au niveau du son et de l’image. La ministre Nibigira a rendu la pièce de la monnaie à Club de la presse par un hommage appuyé pour sa série d’émissions sur ce sujet encore savant pour nombre de Burundais. L’intérêt d’un tel débat est qu’il y a urgence quand on sait que l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) veut le passage au numérique à l’horizon 2015 pour tous les pays du monde. Dans la sous-région du Burundi, cela est envisagé théoriquement avant la fin de cette année 2012, mais force est de constater que les préparatifs ne sont pas avancés. Concernant les préparatifs, la ministre Nibigira a fait savoir qu’une campagne de sensibilisation à ce projet de mutation de l’analogique vers le numérique va commencer dans les prochaines semaines. Un expert a été déjà recruté et quant aux moyens que la nouvelle technologie va demander, «nous avons des contacts avec certains bailleurs », a rassuré la ministre, tout en reconnaissant qu’il faut encore élaborer un plan d’action national et l’achat d’un émetteur. Du côté des auditeurs et téléspectateurs, la ministre a fait savoir qu’il y avait un lot de décodeurs à donner sous forme de don le moment venu. « On n’ira pas jusqu’à la fin du mois de février sans nous mettre ensemble avec tous les concernés par le projet. Mais si ce n’est pas possible d’être prêt d’ici décembre 2012, nous allons aviser », a dit le ministre Nibigira. Pour Innocent Muhozi, directeur général de radio-télé Renaissance, « le souci majeur est justement l’absence de ce plan d’action nationale de mise en œuvre du projet. Le plan n’existe pas encore alors qu’il doit déterminer les choix des uns et des autres. Il y a donc urgence ». Innocent Muhozi est encore revenu sur les bienfaits de se mettre au numérique : le signal TV et le son de la radio seront nettement meilleurs qu’avant. Il faudrait néanmoins changer de matériel. Avec la nouvelle technologie, on a encore la possibilité d’avoir beaucoup d’opérateurs. C’est de nature à libéraliser le secteur des télécommunications. Les usagers peuvent également garder momentanément l’ancien matériel moyennant un nouveau décodeur, a dit M.Muhozi. D’après Adolphe Manirakiza, le vice-président du Conseil national de la communication (CNC), « cette transformation exige beaucoup de choses. Les médias doivent donc s’ajuster. Le gouvernement, quant à lui, doit prévoir des subventions. Il doit encore sensibiliser la population à cette mutation. Le CNC doit aussi s’ajuster par rapport à ces nouvelles exigences technologiques et règles d’agrément ». Patric Nduwimana, directeur de la radio Bonesha FM, de son côté, a reconnu que des soucis ne peuvent pas manquer pour qui doit migrer vers le numérique. Mais l’essentiel pour lui et qu’il y ait des mesures d’accompagnement. L’intervenant s’est souvenu que dans le cas d’autres facilités aux médias, « le gouvernement avait promis des exonérations à l’importation des équipements. Aujourd’hui, la loi dit que les TIC sont exonérés. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les émetteurs coutent chers et ce sont plutôt les ordinateurs et les téléphones portables qui sont généralement exonérés. Sur un autre plan, je me demande s’il ne faut pas se mutualiser pour faire face aux coûts induits par le passage de l’analogique au numérique. C’est faisable. Il faut s’asseoir ensemble et trouver des solutions qui arrangent tout le monde. Il existe déjà un centre de ressources audio-visuelles ».