Par Antoine Kaburahe
« There should be laughter after pain
There should be sunshine after rain
These things have always been the same
So why worry now »
(Dire Straits)
Difficile d’imaginer « Power » froid et triste. Non, ce n’est pas possible… Il doit bien rire de nos gueules déconfites suite à sa désertion du Maquis. Le combattant voulait enfin se reposer.
Il avait tant lutté… Vaincu ? Non, il a simplement pris place sur le banc de touche pour attendre que les autres joueurs finissent le match de la vie. Car c’est malheureusement la dure loi de l’existence. Un à un, chacun tire sa révérence. « Power » s’en va à 60 ans.
Difficile de raconter notre ami Rémy Ndayishimiye, alias « Power ». Jeff Nijembazi, le patron du Maquis, l’un de ses meilleurs amis, dit avoir perdu un frère. « Power », je le connais depuis très longtemps, il m’a soutenu depuis l’ouverture de mon bar. Il était là dans toutes les difficultés et avait fondé « le Club Maquis », dit-il, avec émotion.
Le « Maquis » est un bar-restaurant. Mais pas que. En fait, c’est une véritable « institution », en tout cas pour une certaine génération de citadins. Un club presque inclassable. À un jet de pierre de la cité de Bwiza, qui semble lui avoir transmis son exubérance, le Maquis est un lieu unique à Bujumbura.
C’est le rendez-vous des quinquagénaires qui ont réussi, ou qui se cherchent encore, malgré leurs cheveux grisonnants. Très multiculturel, au Maquis, on croise des étrangers de passage, des diplomates, des employés d’ONG et des footballeurs du week-end.
Le Maquis, c’est foot sur grands écrans, poulets, bières, blues et blagues. Ah ! Le foot ! Une passion pour « Power ». Les dimanches, après le foot, commençait la seconde partie du match dominical : celle du « poulet maquis », avec force bières pression. Des après-midi bercés de jazz et de blues. Les blues du Maquis… un régal. Comme pour la célèbre formule de Coca-Cola, Jeff ne partage jamais ses playlists. Uniques. La marque de la maison.
Un vrai Gentleman
Au comptoir, « Power » jouait sur tous les postes : à l’attaque, mais toujours avec élégance. Jamais de coups bas ni de ragots. D’ailleurs, de mémoire d’homme, personne n’a jamais entendu un gros mot voler encore moins une bagarre au Maquis. On y rit beaucoup, c’est vrai. Mais un humour citadin, classe. « Power » était redoutable avec ses blagues, mais aussi un excellent défenseur de ses amis. Jeff le définit avec un seul mot : « Gentleman ». Power était aimé car c’était un véritable aimant.
Désiré, alias « Gapoyo », qui l’a connu depuis les années 80 au Collège Notre-Dame de Gitega, confirme : un homme très sociable, jovial. Sur le célèbre comptoir, il tenait en haleine une rangée « sous pression », au propre comme au figuré.
Pour Johnny Nkurikiye, un autre fidèle ami de « Power », au-delà du sport, il y avait ces moments inoubliables passés autour du comptoir du « Maquis ». Johnny se souvient des amis, les Alain Michel, le brillant premier de classe, les fils Batumubwira, « Autruche », Camille et tant d’autres… « Ces souvenirs restent à jamais gravés dans ma mémoire, comme un testament d’une époque simple, mais riche de fraternité », témoigne l’ami depuis le lointain Canada. La nostalgie l’étreint déjà.
En vieillissant, raconte Johnny, nos vies ont pris des tournants différents, mais chaque fois que nous nous retrouvions, feu Power était là, plein de vie, prêt à échanger sur tout et sur rien. Johnny raconte que la dernière fois qu’ils se sont parlé au téléphone, en novembre 2024, il avait toujours ce moral de fer, malgré sa maladie. « Il gardait en lui une énergie incroyable et une passion pour la vie qui faisaient de lui un homme admirable, spécial ».
Éric Biribuze, un autre ami, se souvient avec émotion que « Power » lui avait donné un surnom : « Bouboule ». Le nom d’un ancien joueur de foot camerounais. La mort de son ami l’a dévasté. « Power était très sociable, un ami fidèle, bourré d’humilité, d’humour et d’amour pour tout le monde et il avait beaucoup d’ambitions pour ses enfants. »
Samedi soir, quand les amis du club se retrouveront au comptoir après avoir confié Power à l’infini, le « poulet maquis » aura certainement un autre goût. Il n’est pas sûr que la bière pression fera son effet habituel. Surtout que, connaissant Jeff, il risque de sortir ses playlists d’Otis Redding, les « Pain in my heart » et autres « Why worry » de Dire Straits. Ça risque de pleurer au comptoir… Allez, faut pas que je me mette à chialer aussi. Rest in Power, brother.
Tout ce que vous venez d’écrire sur Mr Remy est correct.Un garçon jovial et sportif.Je l’ai connu à l’athénée de Bujumbura en 1980 et
Il est resté lui-même.Un homme de valeur et serviable.De temps en temps quant je passais à l’aéroport il était à mon côté pour me rendre service.Chers amis nous venons de Perdre un grand homme.
Mon cher ami et frère d’enfance,
Ta plume, toujours juste et lumineuse, est un refuge dans les moments sombres. Aujourd’hui encore, à travers ton hommage, tu as su rendre l’indicible palpable, et l’absence presque supportable. Sache que seule la mort elle-même pourrait te faire taire – et encore, je suis certain qu’elle tremblerait devant ton génie. Merci d’être la voix qui nous manque quand les mots nous abandonnent. »
Dommage que j’étais absent au dernier rendez-vous de notre frère Power- De L’ESCO à l’aéroport, du maquis à nos sorties discrets avec un sourire sincère…Le départ d’Arantes reste un vide parmi ses amis et connaissances…juste un aurevoir et pas un adieux
merci des paroles.
Le récit est correct, il décrit la personne comme les autres l’ont connu. Un être singulier dans sa manière d’être positif dans ses interventions. Il ne blessait personne même pour parler des fans d’une équipe adverse en déperdition. …
Repose en paix mon frère power!
🙏🙏🙏merci pour le comentaire. c’est sa soeur aimée Irene de la suede
Gosh 🥲
Je connaissais pas Power mais c’est comme si je viens de le voir à travers ce récit.
Un si bel hommage, cher Antoine.
Je fais que compatir avec vous et tous ces amis cités dans le papier.
Qu’il se repose en paix ☮️
merci pour le comentaire. c’est sa soeur aimée Irene de la suede
Une belle plume d’hommage !
J’aurai aimé le connaitre vivant.