Je m’étais toujours demandé comment faire plaisir à Antime, de son vivant. Il y a trois ans, lors de la célébration du deuxième anniversaire du Centre Culturel de Gitega, j’ai eu une idée : peindre un portrait du vieux tambourinaire sur un mur du bâtiment. J’ai commandé le portrait à un jeune artiste talentueux, Clovis Ngoy.
J’ai invité Antime et sa troupe pour la fête. Après une mémorable prestation devant le ministre de la Culture de l’époque, M. Rukenkanya, Mme l’Ambassadrice des Etats-Unis et d’autres hôtes de marque, j’ai appelé Antime et tous les invités à découvrir la surprise du jour: une grande fresque du vieux Mutimbo ! Je me souviens, les yeux pétillants, il était heureux de se découvrir peint sur un mur. Il me murmurait, ému, des larmes dans les yeux : « Ego n’ukuri ni jewe Antime…». ( Oui, c’est bien moi, Antime).Un moment fort, inoubliable.
Antime est mort. Sa famille avait supplié pour que le pays l’envoie se faire soigner à l’étranger. L’opération demandait près de 10.000 dollars US. Notre média a relayé l’appel. Avec un groupe de compatriote de la diaspora, nous avons pu envoyer une petite somme. Mais très loin de la somme que demandait la famille. Antime, via sa fille Assumpta nous a fait parvenir un message de remerciement très touchant. J’ai fait un calcul un peu bête : si tous les ambassadeurs que compte le Burundi ( Antime était aussi à sa manière un Ambassadeur) et tous les membres du gouvernement, si chacun avait donné 100 dollars, la famille aurait pu réunir cette somme. Il n’en fut rien. Après sa mort, un communiqué officiel a annoncé que l’Etat prenait complètement en charge les funérailles.
Adieu, Antime. Je veillerai que cette fresque qui t’avait arraché quelques larmes de joie reste toujours peinte sur le mur de notre Centre Culturel de Gitega . Ce n’est pas grand-chose, je sais. J’espère t’avoir fait un peu plaisir de ton vivant. Merci pour tout ce que tu nous as donné. Que les mânes de Gishora veillent sur toi.
Mots très touchants. Merci pour tout ce qu’il a été pour notre cher pays le Burundi.
Reka reka mwa bantu, mwarondera amata mu matako…
Hanyuma ngo hariho un programme yo kwigisha gukunda igihugu. Il faudrait précher par l’exemple. Imana yakire uyo mutama mu bwami bwayo gusa.
« Si tous les ambassadeurs que compte le Burundi ( Antime était aussi à sa manière un Ambassadeur) et tous les membres du gouvernement, si chacun avait donné 100 dollars, la famille aurait pu réunir cette somme. Il n’en fut rien. » Moi j’aurais été étonné si ces « Ambassadeurs » et autres « Ministres » avaient donné un seul rond. Vous allez voir, les frais funéraires et les tricheries que cela va occasionner vont approcher les 10,000 dollars. Et ces activistes des funérailles ne lui ont probablement pas rendu visite à l’hôpital Roi Khaled! Prise en charge des funérailles, oui, prise en charge médicale, jamais!
Un Grand Homme comme on n’en vois pas si souvent au Burundi. Je suis ému de voir un Grand Homme avec un Grand « H » partir comme Ça parce qu’on n’a pas pu reunir 10.000 $. Je suis choqué de voir que nous ne pouvons même pas aider les personnes qui ont fait briller notre Pays. C’est la honte pour la nation.
Ah bon!! Avec ce qui se passe actuellement, on peut dire que la honte n’existe plus au Burundi; Et c’est bien dommage.
Omar.