Par Antoine Kaburahe
« Seigneur, je te rends grâce de m’avoir donné un bon mari, un mari sage et fidèle, un homme plein d’amour et de paix » a dit avec douleur, mais dignité, Agnès Ndirubusa au cours d’une messe merveilleuse chantée en Kirundi par la chorale des Burundais de Liège. La température glaciale, 2° Celsius, n’a pas entamé la solidarité : plusieurs centaines de Burundais étaient à Aubel, une petite commune près de Liège pour rendre hommage à Alain-Richard Dombori, le mari de notre collègue, terrassé dimanche dernier par une crise cardiaque à 40 ans.
Les frères, les amis, ont rappelé les qualités du disparu. Juriste de formation, travailleur, gentil, blagueur, d’après tous les témoignages, Alain-Richard avait plein de projets.
La vie n’a pas été simple pour le jeune couple et leur unique fils. Alain-Richard et Dylan ont vécu douloureusement l’épreuve de l’emprisonnement d’Agnès. Chef du service politique à Iwacu, Agnès , une excellente journaliste et trois autres collègues ont été incarcérés pendant plus d’une année dans les geôles de Bubanza. Ils avaient été arrêtés le 22 octobre 2019 alors qu’ils étaient en reportage à Musigati (Bubanza) où des combats avaient été signalés. Accusés de « tentative de complicité d’atteinte à la sécurité de l’État », ils ont été condamnés à deux ans et demi de prison, mais finalement libérés suite à une grâce présidentielle le 24 décembre 2020. Aucune preuve n’a jamais été apportée pour démontrer leur « complicité avec la rébellion. »
Libérée, Agnès, son mari et son fils se sont installés en Belgique. Depuis quelque temps, la famille éprouvée, mais courageuse, tentait de se reconstruire. Le destin en a décidé autrement. « Il était à toi, il est à toi, et il reste éternellement à toi, auprès de toi », a encore dit la journaliste avec émotion. Visiblement, le jeune Dylan, 14 ans, voulait être fort pour sa maman. Pendant toute la cérémonie, le jeune garçon est resté stoïque et ne lâchait pas la main de sa maman.
Les Burundais de la diaspora, une fois encore, ont fait preuve d’une belle solidarité. Il y a eu une formidable et rapide mobilisation pour soutenir la famille.
Pensée spéciale aux confrères, notamment Innocent Muhozi, le « doyen », Alexandre Niyungeko, le président l’Union burundaise des journalistes qui étaient là et plusieurs membres de la société civile en exil. Restons toujours debout et solidaires. Un grand merci à la chorale des Burundais de Liège. « C’est dans l’adversité que se révèlent les vrais amis », dit un proverbe burundais… Un grand merci à tous ceux qui, de près ou de loin, ont manifesté leur solidarité.
Si vous souhaitez envoyer un petit mot de soutien à Agnès, contact : [email protected]
Chère Agnès,
Condoléances Chère collègue. Il a été un soutien lorsque vous étiez en prison toi, Christine, Egide, Terence et Adolphe. Il passait souvent au Journal Iwacu pour nous réconforter et glaner quelques informations. Je me sens pour toi et Dylan mais comme j’aime le dire IMANA ISENGWE