Formé au pays des banquiers, la Suisse, qu’on dit avoir « une calculatrice à la place du cœur. » Mais ce n’est pas vrai. En tout cas pas Monsieur Donatien Bihute. Je ne peux pas m’empêcher de dire « monsieur ».
Formé en Suisse donc. Peut-être un brin rigoriste. Calvin est passé par là… Mais Monsieur Bihute respire la bonté et l’humanité . Tous ceux qui l’ont côtoyé dans sa longue carrière sont unanimes sur ce point. Un sage. Très ouvert comme le sont les gens de l’Imbo, de Rugombo, sa commune natale, son « lieu préféré au Burundi » dont il rêve toujours dans le froid canadien.
Iwacu a été heureux cette semaine d’avoir pour invité « Au Coin du Feu », monsieur Donatien Bihute. Un homme. Un nom. Il fait partie de notre histoire. Exercice très difficile que de faire sa « mini biographie ». L’homme est à lui seul toute une histoire. Economiste. Plusieurs années ministre au Burundi, patron de banque, haut cadre à la Banque Mondiale, BAD, et autres PNUD. M. Bihute, comme tous les grands hommes, ne veut jamais s’étendre sur ce qu’il a été. Peut-être, à près de 80 ans, souffre-t-il, de ce qu’il n’a pas pu réaliser. Il pense peut-être très souvent à ce jeune cadre sous ses ordres dans sa Meridian Banque dans les années 90. Cet homme qui avait pris son envol avec 46 propositions pour proposer une autre voie pour le Burundi Un certain Melchior Ndadaye… Si ça se trouve, ils avaient planché ensemble sur cette promesse d’un « Burundi nouveau ». Un rêve noyé dans le sang en 105 jours.
Moi je lui dis simplement merci. Merci de nous partager,en quelques mots, son expérience. Dans des mots simples, sobres. Mais aussi cette joie de savoir que M. Bihute est en train d’écrire ses mémoires. Il m’a dit qu’il va me confier la publication de ce livre qui viendra enrichir notre collection « Témoins ».
Cher M.Bihute, vous n’êtes pas un témoin. Vous êtes, à vous seul, une Mémoire. Normalement, votre place devrait être au Burundi pour nourrir la réflexion économique, pour conseiller, inspirer des réformes économiques. Voyez-vous, le Canada a suffisamment d’économistes… Et puis, à votre âge, la chaleur de Rugombo vous va mieux que le froid canadien. C’est triste. Mais c’est ainsi.
A très bientôt, pour votre livre.Et merci pour tout ce que vous avez été, ce que vous êtes. Un Mushingantahe, inspirant. Votre livre que nous attendons avec impatience inspirera, j’en suis sûr, notre jeunesse en mal de repères.