Près de 300 personnes ont accompagné le professeur Gérard Birantamije vers sa dernière demeure dans un cimetière bruxellois. Ses funérailles , très bien organisées, ont montré combien ce brillant universitaire était apprécié dans divers milieux. Des membres de sa famille, des personnalités du monde académique ou de simples amis ont rendu un vibrant hommage au disparu.
Parmi les oraisons funèbres, la lecture de la lettre de son ami au Canada, le professeur Jean-Gabin Ntebutse, a été un moment émouvant. Nous la partageons avec nos lecteurs.
Très cher ami Gérard,
Je prends cette occasion pour te rendre hommage et témoigner des valeurs qui te caractérisaient et de tes nombreuses contributions à la société, tant sur le plan scientifique et académique, social que comme citoyen engagé pour la défense des libertés.
De ton vivant, j’ai eu la chance de te côtoyer, de partager avec toi de beaux moments de plaisir et de travail. J’ai pu t’exprimer toute mon admiration pour ce que tu étais, un homme bon, un scientifique doté d’une intelligence vive et humaine combinée à une grande humilité. Hélas, le destin vient de t’appeler. Tu viens d’être sevré au printemps de ta vie. Tu viens de partir, telle une colombe qui s’envole. Quel vide immense tu nous laisses! Intore ntiramba! Les bons hommes partent précocement, nous dit l’adage burundais. Nous avions encore besoin de toi. Le monde scientifique avait encore besoin de tes analyses rigoureuses, de tes contributions éclairantes sur des enjeux complexes, telle la résolution des conflits dans la région des Grands Lacs, la paix et la réconciliation au Burundi, pour ne citer que ceux-là. Mais le destin en a décidé autrement.
Très cher ami Gérard, même si tu pars très tôt, tu laisses un héritage immense. D’abord les valeurs que tu as incarnées et que te reconnaissent beaucoup de personnes, celles qui sont ici pour te dire ADIEU, mais d’autres aussi, éparpillées à travers le monde, qui t’ont connu et qui te pleurent aujourd’hui. Ces valeurs d’intégrité morale et éthique, de droiture, de tolérance, de travailleur acharné, d’engagement sans faille pour le bien de l’humanité, d’homme cultivant l’harmonie et l’entente autour de lui, de sensibilité humaine et de serviabilité, doté d’une empathie sans égal et d’un sens élevé du devoir, de transcendance, toujours prêt à contribuer à la recherche de la paix pour ta patrie, le Burundi, elles font de toi une référence, un modèle. Elles sont intemporelles, comme toi tu resteras éternel parmi nous.
Ton héritage, c’est aussi tes nombreuses publications. Doté d’une plume rare, tu les laisses à l’humanité et elles sont pleines de riches enseignements. J’invite ceux qui ne les ont pas encore lues, en particulier les jeunes, de les lire et de découvrir combien tu faisais partie du cercle restreint d’intellectuels lucides, éclairés et éclairant, combien tu étais un homme d’exception ayant l’esprit au bon endroit et le cœur à la bonne place. En homme libre, tu as été un vaillant combattant pour la liberté, en particulier la liberté académique et ce au péril de ta vie. Tu pars en homme libre, en défendant la liberté jusqu’à ton dernier souffle.
Cher Gérard, je pourrais dire beaucoup de choses sur toi, mais je me limite ici. Malgré le chagrin de ne plus te revoir, ta joie de vivre, ta voix rassurante et ta bienveillance restent présentes à mon esprit. Tu étais un homme de paix, qui travaillait pour la paix, tu es parti en paix, dans la sérénité après avoir accompli beaucoup de choses sur cette terre, toujours admiré par toutes les personnes qui t’ont connu.
Justement, par rapport à l’engagement pour la paix, je me permets de citer deux de tes implications majeures, la première est l’organisation de la conférence internationale sur l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, conférence dont tu étais l’initiateur et qui s’est tenue les 20 et 21 avril 2023 à l’université libre de Bruxelles.
La deuxième est ta participation active à la préparation du colloque interburundais sur le même Accord d’Arusha qui a suivi la conférence les 22 et 23 avril 2023 et qui a réuni des Burundais de L’Afrique, l’Amérique du Nord et l’Europe.
Tu croyais beaucoup dans cet Accord et tu le voyais comme le rempart d’un vivre ensemble harmonieux entre les communautés et d’un développement économique prometteur au Burundi. Tu l’as défendu bec et ongles sur plusieurs tribunes, à l’oral comme à l’écrit.
Aux personnes qui sont engagées dans le projet de réhabilitation de cet Accord, vous honorerez la mémoire de Gérard en le menant à bon port. Pour avoir collaboré étroitement et échangé avec lui sur le projet jusque dans ses derniers jours, je peux vous témoigner de sa profonde conviction que cet accord constitue la voie de la paix et de la reconstruction durables de notre chère patrie.
Cher Gérard, nous nous résignons à ton départ prématuré, impuissants devant l’absurdité de la mort. Aujourd’hui c’est toi, demain c’est nous. Nous te rejoindrons à coup sûr. Après tout, nous sommes tous des passants sur cette terre. Seul le jour de départ nous est inconnu pour chacun d’entre nous. Ce qui est important, c’est l’héritage de valeurs et de bonnes œuvres qui perpétuent notre vie sur terre. À ce titre, les grands hommes comme toi ne meurent jamais. Car tu laisses cet héritage.
Le professeur Ntebutse a rappelé un extrait du poème de Birago Diop « que nous avons appris à l’école secondaire » a-t-il écrit. Dans ce poème célèbre, Diop écrit notamment que les « morts ne sont jamais partis. »
Autre témoignage saisissant, celui du Professeur Barbara Ndimurukundo-Kururu:
« La nouvelle du terrible décès de Gérard Birantamije nous a toutes et tous dévasté.e.s au plus haut point. Gérard était une très bonne personne. Je le connaissais avant même qu’il ne soit le gendre d’un de mes grands frères, car il a été un de mes plus brillants étudiants en Science Politique de l’Université du Burundi où je dispensais le cours de Techniques de communication administrative. Il avait des facilités à communiquer, une intelligence aiguë et une grande capacité d’observation et d’analyse.
Dans la famille, il était très apprécié pour sa gentillesse et son empathie et surtout pour l’amour qu’il témoignait à ma chère nièce Nadine Nibigira et à leurs trois enfants Barack Uriel, Genad et Roger Devrim. Il inspirait la confiance.
Gérard a également touché la vie de tant de gens. Il était une personne incroyable et il a laissé une empreinte indélébile sur ce monde. Nous nous souviendrons toujours de lui. »
Gérard Birantamije n’a pas vécu longtemps. Il est parti à 48 ans, mais son passage sur la terre a touché la vie de beaucoup de gens. Il a effectivement laissé une empreinte indélébile chez tous ceux qui l’ont connu. Contributeur (bénévole) chez Iwacu, il apportait des analyses justes et profondes sur des questions d’actualités. Nous nous souviendrons toujours de lui.
C’est en 1988 que j’ai vu Gérard BIRANTAMIJE dans ma classe de 6ème A à l’école primaire de MUYAGA 1.
L’avoir en classe fût une bénédiction pour moi. Toujours souriant, c’etait un garçon très intelligent et très volontaire. Je l’envoyais souvent au tableau parce qu’il écrivait bien et était fort en toute matière.
Rien que pour lui avoir donné cours dans cette classe, il m’a toujours appelée affectueusement « mwigisha » même lorsqu’il était devenu lui-même enseignant d’universités.
Quand il a appris qu’il a réussi au concours national en 1989 pour aller en 7ème, il est venu me trouver devant l’église de Muyaga un certain jeudi, il m’ a saluée avec deux mains et m’a dit « Mwigisha, warakoze natoye concours ». Je l’ai chaleureusement félicité.
Nyabisindu, notre colline natale, vient de perdre un jeune homme brillant qui avait une vision pour lui.
QUE MON COLLEGUE GERARD BIRANTAMIJE REPOSE ÉTERNELLEMENT EN PAIX
J’ai connu feu Gérard Birantamije en Septembre 1989 au moment où il commençait la 7ème à Muyaga. Je faisais 2 ans devant lui et après quelques mois, il devenu un petit frère aimé et aimable. Il fréquentait beaucoup la bibliothèque scolaire. Nos chemins se sont croisés souvent car il m’a rejoint à l’UB et on a été colocataires avant mon mariage. Il devint plus tard mon filleul. Je peux donc témoigner que Gérard a été et est une personne aux multiples qualités aussi bien humaines qu’intellectuelles. QU’il repose en paix!