<doc7867|left>C’est avec tristesse que nous avons appris la mort de notre collègue Gaëtan Blais à Montréal. « {Il a été magnifiquement entouré jusqu’à la fin, mais il est enfin soulagé de ses douleurs} » nous a écrit son frère. Oui, on savait Gaëtan très malade. Courageux, il avait résisté, essayant de se faire soigner à Bujumbura, puis au Rwanda, à Nairobi. Il ne voulait pas partir de cette région qu’il adorait. Mais finalement il a dû rentrer dans son Québec natal pour s’éteindre paisiblement.
Gaëtan était venu à Iwacu par amour. Journaliste à la retraite, il aurait pu couler des jours tranquilles chez lui. A se reposer après une vie bien remplie dans plusieurs pays d’Afrique où il a travaillé comme coopérant. Mais il voulait encore aider.
Amoureux du travail bien fait, il a pris en main le secrétariat de rédaction du journal Iwacu. Orfèvre, il ciselait les mots, polissait les phrases. {« Arrêtez de tournoyer autour du pot, allez droit à l’essentiel, à l’information ! »} disait-il aux journalistes.
Il avait refusé un bureau que je lui proposais pour s’immerger dans la salle de rédaction, au milieu des journalistes qui l’appelaient affectueusement, respectueusement {Mutama}, le vieux.
« J’essaie de grandir »
Grâce à lui, Iwacu a progressé véritablement dans l’écriture journalistique. Car Gaëtan avait le don de former, la patience. Il donnait ses remarques avec fermeté tout en restant proche : «{ Il faut lire beaucoup, c’est la meilleure école pour écrire} », disait-il aux journalistes. Et, fidèle à sa passion, dans un de ses derniers mails, alors que je savais qu’il était au plus mal, il m’écrivait : « {Je consulte chaque jour le New York Times, Al Jazeera, Le Monde, Jeune Afrique, CNN, l’excellente presse d’Afrique de l’Est et même The Economist, etc. Je suis branché, je lis et reste en vie et j’essaie de grandir.} » Continuer à lire, sur son lit de mort, pour apprendre, pour « {grandir} », quelle belle leçon de courage…
Avant son départ, on a beaucoup parlé. Malgré des douleurs atroces, il était plus inquiet pour moi, pour Iwacu. « {Il faut tenir le cap Antoine, Iwacu est très important. Il faut garder la qualité du journal, quel que soit l’environnement politique, les problèmes financiers. } »
Cher Gaëtan, au nom de tous les journalistes, je te dis merci pour ce que tu as apporté à Iwacu. Tes coups de gueule, ponctués de « {C’est hallucinant ! } » avec cet accent québécois vont nous manquer…
Nous essayerons de mettre en pratique tout ce que nous avons appris à tes côtés. Que ta famille, Nancy et tous tes proches trouvent dans ces quelques mots notre reconnaissance infinie.
Mission accomplie, repose-toi bien, ami.
Au nom de tout le Groupe de Presse Iwacu.
Antoine Kaburahe
Directeur