Samedi 23 novembre 2024

Politique

Hommage à nos fausses timides

08/03/2016 8
Mme Baricako lors du dernier sommet de l'UA à Addis " Comme mères, épouses, nous connaissons le prix de la souffrance"
Mme Baricako lors du dernier sommet de l’UA à Addis  » Comme mères, épouses, nous connaissons le prix de la souffrance »

Dans ses Mémoires, Jean-Paul Harroy, le dernier « Vizir » belge ne parle pas de la fameuse gifle, magistrale, historique, reçue de la mère du prince Louis Rwagasore, lors d’une rencontre avec la reine mère après l’assassinat de son fils. Une gifle qui est restée dans toutes les mémoires. Sauf celle de M. Harroy. Les livres d’histoire parlent aussi peu d’Inamujandi, une « rebelle » qui s’opposait, selon la terminologie de l’époque, à « la civilisation. » Décrite comme une femme hirsute, mi-sauvageonne, elle a tenté de soulever la population contre les envahisseurs. Dans les dernières rébellions burundaises, on a tous entendu les histoires parfois terrifiantes de femmes engagées dans la guerre. Elles savaient être impitoyables. Des politiques, pensons à la légendaire, Ririkumutima, que l’on présente, un tantinet méprisant, comme une « intrigante » à la cour royale.

Lors des dernières manifs, elles étaient faussement en retrait, restauraient les manifestants, nettoyaient les yeux rougis par les lacrymogènes. Souvenez-vous, ce sont les femmes qui avaient « pris » le centre ville de la capitale, le jour du fameux « coup d’Etat ». L’air de rien, les Burundaises savent être des femmes fortes. J’ai oublié volontairement les institutrices qui nous « chauffaient  » les fesses à l’école primaire. Les gamins turbulents (comme moi) se souviennent des mémorables fessées pour nous remettre dans le droit chemin. Mais parfois les maîtresses (de l’école primaire) avaient la main lourde.

Au sommet de l’UA à Addis en février dernier, un groupe de femmes avaient fait le déplacement. Discrètes, efficaces, elles faisaient du lobbying, plaidaient pour la paix. Une d’elles, Marie-Louise Baricako, présidente de l’Association des Femmes et Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi milite contre le discours de haine. «  Nous sommes des mères, des épouses, nous connaissons le prix de la souffrance. Nous pouvons contribuer au changement », me dira t-elle.

En bonne Burundaise, Mme Baricako parlait sans élever la voix. Parler fort sans tonner. La détermination . La Burundaise, c’est la force alliée à la grâce. La classe. La Burundaise, une fausse timide. Bonne fête, mères, soeurs, et chères épouses…

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Nduwimana

    Merci pour cet hommage braves Burundaises.

  2. Theus Nahaga

    La force alliée à la grâce!
    on y est toujours, à ce plat de platitudes. La femme burundaise est une femme (Hector que penses-tu quand tu vois une belle femme? Je regarde et je vois que ce n’est qu’une femme). chacune comme chacun peut choisir de se battre contre la pente naturelle (la propension au mal) et essayer de sortir par le haut.

  3. Mutima

    Tu nous manques cher Kaburahe

  4. Jean-Pierre Ayuhu

    Cher Kaburaho,

    Bienvenu sur « votre site » et vos éditoriaux commençaient à faire défaut..
    Mais cher Kaburaho, l’histoire de mon pays vient de m’apprendre « à tout prendre avec des pincettes ». Merci aux plaidoiries de Madame Baricako. Elle a droit à la présomption « à dire vrai, à dire ce qu’elle croit réellement  »
    En effet, cher Monsieur Kaburahe, la société civile n’a pas fait que des heureux durant la crise que nous traversons et l’on a compris, du moins ceux qui veulent comprendre…
    Des hommes et femmes nous ont toujours fait comprendre qu’ils militent pour une cause… du jour au lendemain, la plupart se sont positionnés dans des organisations politiques à la page, le CNARED en particulier . Quand le CNARED a commencé à trébucher, du moins à ne pas être porteur des lendemains meilleurs,.. on a assisté à des entourloupettes retours en arrière, a reprendre la cause d’antan et à redevenir membre de la société..
    Courage à notre sœur Baricako dans ses convictions….
    Meilleures salutations, Cher Kaburahe.

    • Kayogoyogo mushiki wa Kayogoro

      Cher Ayuhu,

      Iyaba vyakunda k’umwe wese akubura imbere yiwe vyofasha ngaha: Antoine aurait oublie de donner des eloges « speciales » « a nos cheres dames » qui jouent politique et religion en meme temps….est-ce pour cela que des mandats d’arret sont prepares contre lui?

      • Jean-Pierre Ayuhu

        Cher Kayogoyogo mushiki wa Kayogoro,
        Je n’ai pas compris le sens de ta remarque. En ce qui me concerne, ma remarque vaut aussi « a nos cheres dames » qui jouent politique et religion en même temps… Désolé si j’ai bien mis en evidence le CNARED et pas les Eglises..

  5. Odette

    Merci beaucoup.

  6. Jean Berch

    Merci cher Antoine, pour ta pensée à nos chères mamans, femmes et soeurs, celles, qui toujours en coulisses, assurent la bonne marche de nos familles et notre société.

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