Après la hausse des prix des boissons de la Brarudi ce 17 octobre, des consommateurs en mairie de Bujumbura fustigent cette mesure et demandent sa suspension. Le gouvernement appelle au strict respect des nouveaux prix.
L’entreprise Brasseries et limonaderies du Burundi (Brarudi) a procédé à la hausse des prix de ses boissons. Les produits concernés sont les boissons gazeuses, Viva malt pomme, Viva tangawizi, Nyongera, Primus et Amstel. A titre d’exemple, le prix de l’Amstel blonde 65 cl est passé de 1900 BIF à 2500 BIF, celui de l’Amstel blonde 50 cl est passé de 1500 BIF à 2100. Le Primus 72 cl coûte 1700 BIF alors qu’il était à 1500 BIF.
Comme motif, la Brarudi explique que cette hausse « fait suite à l’augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie qui, jusqu’à présent, a entraîné une augmentation substantielle du coût de production des boissons ».
« C’est dommage qu’on ajoute 600 BIF à une bouteille d’Amstel. C’est beaucoup d’argent pour un consommateur », déplore un consommateur de boissons de la Brarudi rencontré dans un cabaret à Ngagara au nord de la ville de Bujumbura. Il a peur que d’autres produits de première nécessité soient aussi revus à la hausse. Et de demander à la Brarudi et l’Etat de se concerter et revoir cette mesure.
Pour un autre consommateur, la mesure est insupportable. Il se dit surpris d’apprendre qu’une bouteille de petit Amstel est passé de 1500 à 2100 BIF : « Je viens de passer par un cabaret. Je n’ai pas eu le courage d’ouvrir une bouteille après avoir appris qu’on a haussé le prix jusqu’à ce niveau ». Il rappelle la pauvreté dans laquelle vivent beaucoup de Burundais et demandent à l’Etat de suspendre cette mesure pour l’intérêt de la population.
« Il fallait ajouter entre 100 et 200 BIF par bouteille. Cela serait en peu raisonnable. Ajouter 600 BIF par bouteille est exorbitant pour nous qui sommes pauvres », indique un portefaix croisé au marché de Cotebu au nord de la capitale économique. Selon lui, les gens à faible revenu vont laisser les produits Brarudi pour consommer les boissons illicites qui sont moins chères, plus alcoolisées, mais néfastes à la santé.
Pour un gérant d’un cabaret à Musaga au sud de la mairie de Bujumbura, il faut que cette hausse des prix soit une solution à la pénurie des produits Brarudi qui s’observe depuis ces derniers mois.
« Aucune raison ne peut justifier cette mesure »
« Nous avons reçu cette mesure avec indignation totale. Elle est vraiment intenable pour la population, surtout dans ces moments où on avait poussé un ouf de soulagement compte tenu de la disponibilité du carburant et du sucre de la Sosumo qui jouent un grand rôle dans le circuit de production de la Brarudi », déclare Pierre Nduwayo, président de l’Association Burundaise des consommateurs (Abuco).
Il fustige une mesure unilatérale prise sans concertation avec les autres intervenants. Selon lui, les consommateurs n’ont pas été consultés avant de prendre cette mesure : « Si la raison de hausser les prix était fondée, pourquoi ne pas appeler tous les intervenants pour analyser si les raisons évoquées sont vraiment fondées ? ».
Pierre Nduwayo appelle à la suspension de cette mesure par l’autorité habiletée. « Au niveau de l’Abuco, compte tenu du contexte du moment, nous croyons qu’il n’y a aucune raison qui plaiderait à la hausse des prix des produits de la Brarudi dans ces jours-ci. Nous en appelons à l’arbitrage de l’autorité ».
Pour l’Observatoire national de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), la hausse généralisée des prix des produits essentiels pour les Burundais est très inquiétante. Il rappelle que 70 % des Burundais vivent en dessous du seuil de la pauvreté selon les institutions internationales crédibles.
L’Olucome appelle le gouvernement du Burundi à agir vite : « Nous voyons que la tendance est de revoir à la hausse les prix de tous les produits commercialisés au Burundi ».
Dans une réunion avec les intervenants du secteur des fertilisants et semences sélectionnées, ce 17 octobre, à Gitega, le Premier ministre Gervais Ndirakobuca a appelé les administratifs à veiller au strict respect des nouveaux prix des produits de la Brarudi : « Dans le gouvernement, nous ne voulons pas entendre des prix supérieurs aux nouveaux prix fixés. L’administratif qui ne va pas prendre ceci au sérieux aura échoué ».
Il dénonce ceux qui vont dans le ministère du commerce, parle avec un directeur pour que leurs cabarets soient mis à un standard élevé : « Tout cela doit s’arrêter. Nous ne voulons pas entendre des standards dans les cabarets. Seuls les hôtels peuvent avoir des standards ».