Au moment où le ministère de la Fonction publique compte supprimer les annales et gratifications des fonctionnaires qui touchent des salaires relativement élevés pour que ces primes soient attribuées aux moins payés, ces derniers et surtout ceux du secteur de l’éducation dénoncent ce projet d’harmonisation des salaires. Ils le qualifient de leurre.
<doc6064|left>Pour Emmanuel Mashandari, président du syndicat CONAPES cette démarche est une échappatoire de la part de l’Etat. « Le gouvernement a adopté une solution déguisée pour montrer aux fonctionnaires qu’il a une volonté de corriger les disparités salariales. Mais, si on analyse la voie empruntée, on trouve qu’on est en train de faire ce qu’on appelle déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul », signale-t-il.
Il se justifie : « Aujourd’hui, la plupart des fonctionnaires parviennent à joindre miraculeusement les deux bouts du moi et on leur demande encore de faire un effort pour soutenir leurs collègues qui sont en dessous de leurs salaires ». Le président du syndicat CONAPES indique qu’il n’y a pas eu d’entente avec la Fonction publique sur cette proposition.
Il déplore la prise de position du consultant qui a élaboré ce travail en rapport avec l’harmonisation des salaires. Il précise que, techniquement, ce dernier devait montrer les avantages ou les inconvénients de l’un ou l’autre scénario au lieu de prendre une position. Emmanuel Mashandari propose la réduction des salaires des hauts dignitaires.
Cependant, au niveau du ministère de la Fonction publique, Potame Hakirimana, chargé des réformes au sein du ministère de la Fonction publique indique que la suppression de ces annales et gratifications est un moyen sûr de pouvoir harmoniser les salaires.
« Un effort de guerre n’est jamais du ressort du moins salarié. Un effort patriotique doit être partagé en faveur des plus défavorisés. Nous avons fourni un effort de guerre mais c’est d’abord les hautes autorités, celles de la superstructure qui doivent donner le coup d’envoi ». C’est l’avis d’Eulalie Nibizi, faisant partie de la Commission des questions sociales au sein de l’Observatoire de l’Action Gouvernementale (OAG).
Elle demande aux hautes autorités de faire un effort spécial et indique que le paiement de l’impôt professionnel sur le revenu (IPR) par les hauts dignitaires pourrait faire l’affaire quant à cette harmonisation des salaires. « Comme il y a continuité de l’Etat, il faut que le gouvernement assume ses responsabilités. Quand on a le pouvoir, on a l’actif et le passif. Et ce passif qui nous guette, nous devons le redistribuer », insiste-t-elle.
E.N, un instituteur vivant dans la commune de Bwiza soutient cette position et trouve que le gouvernement n’a pas réellement de volonté pour harmoniser les salaires. « Cette politique est bloquée par les hauts dignitaires qui veulent tout accaparer, vivre sur le dos de la population. » Ce qui est étonnant et exaspérant, poursuit-il, c’est qu’il y a des députés qui osent se moquer de certains fonctionnaires qui touchent un salaire de misère alors qu’ils ont peut-être le même diplôme.