Le moment a été attendu impatiemment, l’événement tombe à point nommé. L’engagement formel du président Nkurunziza de passer le témoin à un autre au terme de ce mandat a suscité moult réactions. Il a fait couler beaucoup d’encre et de salive. L’identité et l’origine régionales du prochain candidat du parti de l’aigle aux présidentielles de 2020 ont hanté plus d’un.
Burundais comme étrangers. Tout geste public, tout discours du président étaient scrutés, différemment interprétés. Plus les jours passaient, plus les gens mettaient en doute la parole du Chef. Le report à maintes reprises du congrès du parti provoquait suspens et spéculations. Les différents décrets étaient perçus par certains comme un moyen de s’éloigner des irréductibles en vue de s’entourer des gens dociles, fidèles, ses inconditionnels. Une façon de faire le ménage pour se rapprocher des individus qui feront preuve d’une loyauté sans faille envers lui.
L’annonce de la prière interconfessionnelle d’action de grâce du parti, du 23 au 25 janvier, à l’issue de laquelle sortiront les grandes décisions n’a pas vraiment décrispé, détendu la situation. Il a fallu le vote par les parlementaires des avantages qui seront accordés aux anciens chefs d’Etat élus à l’expiration de leurs fonctions pour que l’opinion croie réellement à la promesse du chef de l’Etat. Ce qui a été qualifié de loi taillée sur mesure du président Nkurunziza pour sa « retraite en or. » Somme toute, à l’issue du conclave des Bagumyabanga ce week-end, une fumée blanche sortira de la « chapelle Sixtine » de Gitega. La question qui est sur toutes les lèvres pour le moment est l’identité de l’heureux élu. Plusieurs noms sont cités selon les opinions et les affinités, sans converger sur un seul. L’impasse demeure donc sur ce point.
L’autre question qui se pose est son autonomie vis-à-vis de Pierre Nkurunziza, si ce dernier ne lui fera pas de l’ombre. Celui-là dont la cote, les titres et les grades ne cessent de monter exponentiellement au sein de son parti : président du conseil des sages, guide permanent, visionnaire… Celui-là à qui le gouvernement vient de proposer qu’il soit élevé au titre de guide du patriotisme et du leadership. Lors de la dernière conférence publique, il a été demandé au chef de l’Etat si les relations qui vont les caractériser ne seront pas de type Poutine-Medvedev.
Gardons-nous de toute spéculation. Ce qui est sûr, une partie de ces questions trouvera réponse ce week-end. A l’instar du «habemus papam» au Vatican, un représentant du parti de l’aigle prononcera à Gitega le « habemus candidatum », nous avons un candidat !