Depuis ce lundi 2 janvier, toute activité médicale a été suspendue à l’hôpital de Mpanda, à Bubanza. Les médecins exigent la libération de leur collègue, Dr Omer Ndikumana, arrêté et emprisonné pour non assistance à personne en danger. Il devait soigner une jeune fille âgée de cinq ans, morte dans la nuit du mercredi 28 décembre. <doc2560|left>En remontant l’allée qui mène vers l’Hôpital, on est surpris par [l’immensité du bâtiment, sa couleur éclatante et ses locaux propres.->http://www.iwacu-burundi.org/old/index.php?option=com_content&view=article&id=2568:bubanza-un-hopital-moderne-a-mpanda&catid=67:sante] . On se dit pour une fois que les produits « made in china » d’une garanti le temps d’une journée d’habitude, sont en passe de battre le record à voir la façade, à elle seule, si imposante. La seule chose étrange, ce sont les nombreuses blouses blanches qu’on voit comme étalées le long du hangar. C’est le personnel soignant de l’hôpital. Principalement, des femmes (sans aucune once de machisme). Le temps semble s’être arrêté vu l’immobilisme qui règne sur les lieux. Il n’ y a pas grand monde, deux, trois patientes tenant leur bambins dans les bras. Pas âme qui vive dans les longs couloirs de l’hôpital. Le directeur de l’hôpital, Dieudonné Nicayenzi, fortement occupé avec une délégation envoyée par le ministère de la Santé pour « juguler » le problème me recommande le Chef du personnel infirmier, Evelyne Butoyi, pour plus d’informations sur les raisons de l’arrêt du travail. Cette dernière m’envoie paître en beauté, avec le sourire, « n’étant pas habilitée à s’exprimer à la place du directeur ». Charmante dame ! Direction, le palais de justice pour trouver le procureur de Bubanza, susceptible de m’en dire plus. Le paysage défile à toute allure, du vert, partout, se mariant aux briques rouges des habitations. Quinze minutes plus tard, les yeux repus, j’arrive sur place. Le changement de décor est assez impressionnant. Le palais de justice aurait bien besoin d’un « relookage chinois » également « vu que c’est à la mode » me lance un confrère journaliste, un rien sarcastique. Mais là aussi, chou blanc :« le procureur s’est rendu à l’hôpital », m’annonce sa secrétaire. Décidé à reprendre le chemin du retour, une source m’apprend que l’accusé est enfermé à quelques mètres de là. Pensant retrouver en geôle notre cher docteur, il est tranquille, dans une pièce, en train de converser avec des proches, sur son lit de fortune, téléphone portable à la main. Certes avec deux policiers en civil mais pas le moins du monde inquiété. Ne pouvant l’approcher pour lui poser des questions, je me résous à rebrousser chemin. Retour vers le corps médical de Mpanda. Le fond de l’affaire « Une fille âgée de cinq ans souffrant d’anémie a été envoyée à l’hôpital de Mpanda par le centre de santé de Bubanza », explique un Dr. sous couvert d’anonymat. La famille de la jeune fille affirme que le docteur Omer Ndikumana « aurait déchirée la lettre de transfert » de la jeune malade. Or, souligne une autre source, le Dr Omer Ndikumana « était en bloc opératoire de 18h à 23h » ayant soigné ce soir là trois patientes qui ont confirmé qu’il était présent avec elles durant toute l’intervention. Mais la famille « signe et persiste » que c’est bien lui qui a déchiré la lettre. D’après le personnel de l’hôpital, la fille serait arrivée déjà morte. Le Dr. Omer Ndikumana est enfermé ce vendredi 30 décembre sur ordre du procureur de Bubanza, Marc Manirakiza, qui affirme être « désireux de ne pas s’étendre sur l’affaire tant que cela ne sera pas clarifié ». Curieusement, le Dr. Ndikumana est simplement libéré dans l’après midi du 3 janvier.