Deux semaines après les débuts de la grève des infirmiers, les conséquences sont là, à l’hôpital de Ngozi : certains patients assistent, impuissants, à la décomposition de leurs plaies faute de soins.
<doc6464|left>Vendredi 14 décembre à l’hôpital de Ngozi, dans la salle 21, nommée {Isolement}. L’odeur est insupportable, les images atroces. La pièce accueille les patients victimes de brûlure, de fracture et d’autres plaies : sur les visages alités, la détresse. Ils viennent de passer une semaine sans aucun soin : « Depuis lundi, ma plaie n’était plus soignée. Je me voyais tout le temps couverte de mouches. C’est aujourd’hui, juste après le tour des infirmiers, que je réalise qu’elle était bourrée d’asticots », déplore à voix désespérée, Baroreraho Pascasie, une mère hospitalisée depuis le 1er décembre.
De son côté, Nduwimana, risque l’aveuglement ou la défiguration. Sa plaie, sur son visage, pue : il ne peut plus parler.
Ajoutez à cela les frais d’occupation des lits, qui, inéxorablement, augmentent sans que l’on soit soigné : la facture à payer ajoute un peu plus de fièvre dans la salle 21 : « Plus la grève dure, plus les consommations s’élèvent. L’hôpital nourrit uniquement les malades. Ceux qui viennent les garder doivent se prendre en charge », rappelle Marie, une des garde-malades.
Quid du service minimum ?
Dehors, à l’entrée de l’hôpital, les infirmiers en grève font le lézard. Il est 10h30. Ils écoutent tranquillement l’émission « Kabizi » de la Radio Publique Africaine (RPA). L’invité est la ministre de la Santé. Le sujet du jour semble grandement les intéresser : on y parle de la grève des infirmiers.
Mais … le service minimum serait-il tout au moins assuré ? « Parmi les instructions que nous avons sur cette grève, c’est surtout de ne rien dire aux journalistes », précise l’un d’eux. Rien à ajouter.
Selon le Docteur Ndirahisha Eugene, directeur de l’hôpital, le service minimum est bel et bien assuré : « Les grévistes seraient tous renvoyés au cas contraire. D’ailleurs, les malades hospitalisés sont soignés comme à l’accoutumée », affirme-t-il. Aux patients qui s’indignent d’avoir passé presque une semaine sans aucune visite d’un infirmier : « Faux », rétorque le directeur, qui explique que certaines plaies exigent une alternance dans leurs traitements pour permettre la cicatrisation. Toutefois, il reconnaît que les conséquences de la grève se font déjà sentir : « En plus de l’impact social négatif dû aux malades qui ne se donnent plus la peine de venir ici, les finances de l’hôpital commencent également à en pâtir ».
De leur part, les patients hospitalisés ne veulent entendre et voir qu’une chose : le bruit des blouses des médecins qui viendraient les soigner. Rien que cela.
En attendant les mouches voleront encore.