Ce vendredi 28 novembre à Bujumbura, des représentants de l’Etat et de la société civile ont débattu sur la recrudescence des grossesses non désirées en milieu scolaire.
14.000. C’est le nombre de jeunes filles ayant abandonné l’école en raison de grossesses non désirées entre 2009-2016, selon le FNUAP. La tranche d’âge concernée est comprise entre 12-19ans. Face à ces données alarmantes, Jeanine Ihorihoze, directrice en charge du suivi des grossesses non désirées en milieu scolaire au ministère de l’Education, pointe du doigt «la démission» d’un bon nombre de parents: «Beaucoup de parents délèguent aujourd’hui l’entière responsabilité de l’éducation de leurs enfants à l’école. Les leçons de vie apprises ‘’au coin du feu’’ n’ont plus cours aujourd’hui.»Elle évoque également le cas d’enseignants «qui salissent le métier» en abusant de leurs écolières.
Alexis Niyonizigiye, expert en éducation et comportement, abonde dans le sens : «Un enfant qui a reçu une solide éducation de ses parents sait comment déjouer les pièges de la vie.» La coordinatrice nationale de l’APFB(Association de Promotion de la fille burundaise), Alice Nkunzimana, cite les carences en matière d’éducation sexuelle dans les familles : «Discuter de la sexualité est un tabou dans plein de ménages.» A propos de la culture burundaise qui serait un frein à ces débats sur la sexualité en famille, elle ne mâche pas ses mots : «Inculquer à son enfant des attitudes responsables pour favoriser son épanouissement n’est pas du déracinement, c’est au contraire vital.»
Isidore Nteturuye, représentant de la FENADEB (Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi), insiste sur le non-consentement sexuel en matière de grossesses non désirées pour les filles mineures : «La fille mineure n’est en aucun cas responsable de sa grossesse, même en partie. C’est l’adulte auteur de cette grossesse à qui incombe la totale responsabilité.» Et la représentante de l’APFB d’affirmer que mettre enceinte une mineure constitue un viol.
Mme Ihorihoze a mis l’accent sur l’enseignement de la santé sexuelle et reproductive qui doit être renforcée dans les écoles.