Au cours de ces deux dernières années scolaires, 268 jeunes filles du primaire et du secondaire ont abandonné leurs études à cause des grossesses non désirées. Le directeur provincial de l’enseignement (DPE) demande aux élus d’élaborer des lois qui punissent sévèrement les personnes qui engrossent les élèves.
Les chiffres que donne Guillaume Kwizera, le DPE à Ruyigi, sont hallucinants. Pour l’année scolaire 2012-2013, 117 élèves du secondaire ont arrêté les études dans la province. La cause étant les grossesses non désirées. L’année scolaire précédente (2011-2012), les effectifs s’élèvent à 109 élèves du secondaire et 42 écolières. «Ça devient un problème très sérieux», souligne le DPE. «C’est un fléau qu’il faut rapidement éradiquer», renchérit François Ndayambaje, un père de cinq enfants. D’après Guillaume Kwizera, les «prédateurs» sont pour la plupart des chauffeurs, motards, militaires, commerçants et dans la moindre mesure les professeurs.
Le DPE indique que le taux de réussite continue de baisser tandis que celui d’abandon, lui, augmente : «Cela nous pose un problème dans la mesure où nous comptons atteindre 80% de taux de réussite cette année.» Pour pallier ce problème, Guillaume Kwizera fait savoir que des rencontres ont été organisées, pendant les vacances, entre les encadreurs des clubs STOP SIDA et deux élèves représentant chaque école secondaire de la province Ruyigi. L’objectif étant d’enseigner aux élèves comment lutter contre les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles.
Selon Jocky-Chantal Nkurunziza, coordinatrice du Centre de développement familial et communautaire (CDFC), c’est toujours les filles qui paient toujours le prix : «Il faut un suivi continuel de ces filles pour qu’elles s ne tombent pas dans cette même erreur.» Elle trouve que la DPE et les CDFC devraient travailler de concert afin de suivre ces jeunes filles et de leur donner des conseils : «Mais aussi des campagnes de sensibilisation contre les grossesses non désirées doivent être organisées dans toutes les écoles.»
Il faut de nouvelles lois spécifiques sur cette question
Les responsables scolaires, les parents, tous sont unanimes : ils demandent de nouveaux textes sur ce problème. D’après Guillaume Kwizera, la justice n’engage pas de poursuites contre les coupables s’il n’y a pas eu viol ou si l’élève est mineure : «La loi est lacunaire. Il faut que la définition de l’enfant soit unique partout.» Pour lui, un homme qui engrosse une élève doit être puni sévèrement «même si la fille a plus de 18 ans.» Même son de cloche de la part de Jocky-Chantal Nkurunziza. Le DPE fait en outre remarquer que s’il s’avère que le responsable est un professeur, le châtiment est immédiat : «Depuis mon arrivée, deux professeurs ont été déjà révoqués. Le problème reste pour les non enseignants.»
Du côté du parquet de Ruyigi, on indique qu’il n’y a pas de textes spécifiques qui punissent ce genre de cas. «Mais c’est différent quand il y a eu viol ou si la fille est encore mineure», souligne un des magistrats. Sinon, poursuit-il, on considère qu’il y a eu consentement. Guillaume Kwizera interpelle les élus du peuple d’élaborer des lois qui châtient les personnes qui rendront coupables : «C’est un problème de société qui nécessite la contribution de tout un chacun.»