Le représentant de l’Union des élèves Batwa s’insurge contre le fait qu’ils sont laissés à eux-mêmes car peu d’entre eux continuent les études faute de moyens. Le représentant légal de l’Action Batwa et la présidente de l’Uniproba parlent d’exagération.
<doc7865|right>« En un an, 918 élèves Twa ont dû abandonner l’école alors que l’éducation est pour tous y compris nous », déplore Charles Ciza, le représentant de l’Union des élèves Batwa du Burundi. En plus, continue-t-il, aucun développement n’est imaginable sans une base solide d’éducation : « Nos familles vivent dans la précarité et la misère. Elles sont incapables d’assurer la scolarité de leurs enfants. Nous avons besoin d’être soutenus. »
Le comble, selon Charles Ciza, c’est que le centre créé en 2005 dans le quartier Kibenga (commune urbaine de Kinindo) où étaient regroupés une quarantaine d’élèves Twa risque de fermer ses portes d’un moment à l’autre. Néanmoins, il jette un regard critique sur le fonctionnement de ce centre. « Il suffisait qu’un élève encaisse un échec, on ne lui donnait même pas une seconde chance, il était renvoyé. Ainsi, il perdait son droit d’être pris en charge », déplore-t-il. Pour lui, cette façon de traiter les élèves Twa est une façon de se débarrasser d’eux. De plus, ajoute Thierry Ndikumwenayo, parmi les chassés du centre, les promotions de 2008 et 2009 ont eu droit à 100 mille Fbu lors de leur expulsion, une somme qui leur permettait de s’intégrer ou de trouver une autre activité à faire, mais que lui n’a jamais touchée.
« Ces organisations utilisent notre communauté pour avoir les fonds »
L’Union des élèves Batwa ne comprend pas pourquoi tant de jeunes se retrouvent dans la rue et ne sont pas soutenus du point de vue éducatif alors qu’au moins sept organisations œuvrent dans le cadre du développement et de l’intégration de la communauté des Twa. « Ces organisations utilisent notre communauté pour avoir les fonds qui ne servent qu’à leurs intérêts personnels », se désole Charles Ciza.
Elias Mwebembezi, représentant légal de l’Action Batwa (une organisation soutenue par les missionnaires d’Afrique) se dit sidéré de tels propos car pour lui rien n’est vrai de ce que racontent ces élèves. Pour lui, c’est une exagération de ces élèves car parmi ceux dont l’Action Batwa s’occupe de payer les frais de scolarité, aucune plainte. Selon lui, dire que l’abandon de l’école concerne les élèves Twa est une affirmation gratuite. L’organisation d’Elias Mwebembezi s’occupe surtout des enfants qui vivent dans leur communauté auprès de leurs parents : « Nous payons non seulement des frais de scolarité mais aussi les cahiers et les uniformes ».
« Au lieu d’accuser nos organisations … »
Même son de cloche pour Liberate Nicayenzi, sénatrice Twa et présidente et représentante légale de l’Uniproba (Unissons nous pour la Promotion des Batwa). « Sur quoi se sont-ils basés pour avancer ces chiffres ? Ont-ils mené une enquête ? Nous n’avons jamais eu de rapports de la part des nos chefs d’antenne provinciaux concernant ces cas d’abandon » s’exclame-t-elle. Selon la sénatrice, ces élèves (dont le président de l’Union des élèves Batwa) qui crient à qui veut l’entendre qu’ils ne vont plus à l’école sont parmi ceux qui ont été chassés du centre de Kibenga ou ceux qui ont abandonné l’école non pas parce qu’ils n’ont pas de moyens mais à cause de leur échecs scolaires.
Et de préciser que parmi les conditions pour pouvoir rester au centre figurait le fait de ne pas avoir à reprendre l’année plus de deux fois. « Si vous saviez combien nous étions déçus ! S’ils demandaient comment être réintégrés à l’école au lieu d’accuser les organisations de défense des Twa » regrette-t-elle. Elle se désole par ailleurs la fermeture du centre : « Les bailleurs ne nous finançaient plus pour ce projet. Nous attendons que les 6 restants parmi la quarantaine qui a commencé, terminent. » De précise que toutefois d’autres centres existent à l’intérieur du pays.
En outre, que ce soit le représentant de l’Action Batwa et la représentante légale de l’Uniproba, tous reconnaissent la difficulté de trouver des bailleurs qui financent le volet de l’éducation. Cependant, ces organisations se débrouillent tant bien que mal en cherchant des moyens pour soutenir les élèves Twa dans leur scolarité.