Dans la commune de Ruhororo, il a suffi trois ans seulement pour que la population commence à louer les initiatives de l’organisation Greenland Alliance. Engagée dans la transformation des conflits, l’autonomisation des jeunes et la promotion du leadership serviteur, cette organisation a réussi sur tous les tableaux, des témoignages de la population.
A Ruhororo dans la province de Ngozi, les résultats des interventions de Greenland Alliance parlent d’eux-mêmes. Pour avoir une idée de ce que Greenland Alliance représente, il suffit d’interviewer la population, l’administration ou les membres des coopératives et clubs que cette association encadre.
D’après eux, la mission de cette association sans but lucratif, a beaucoup contribué à favoriser un climat sain dans les communautés de Ruhororo. Ils font savoir qu’ils avaient connu beaucoup d’associations, d’organisations non gouvernementales mais que l’actuelle Greenland Alliance a fait la différence.
« Depuis 3 ans, elle a contribué au progrès social et économique de la commune à travers différents projets destinés à promouvoir le leadership serviteur, la participation citoyenne, la cohésion sociale et le développement communautaire », a reconnu le Secrétaire permanent de l’administrateur de Ruhororo.
Selon la plupart des habitants de cette commune approchés, Ruhororo a une population à majorité jeune sans beaucoup d’opportunités d’emplois.
Cette commune a aussi la particularité d’avoir un camp des déplacés internes qui date de la crise politico-sécuritaire de 1993. Dans ce sens, les jeunes de cette commune sont confrontés au problème de chômage (comme tous les jeunes en général) mais aussi au risque de continuation de la fracture sociale qui a marqué leurs parents.
« Greenland Alliance a mis en œuvre des programmes et des projets visant à apporter des solutions concrètes aux défis auxquels nous étions confrontés », a reconnu Joël Mperabanyanka, 31 ans.
D’après lui, grâce à des microcrédits issus des groupes d’autonomisation, beaucoup de membres ont pu s’affranchir de la vulnérabilité pour une autonomisation économique.
« A vrai dire, je n’avais rien sauf mes bras pour aller travailler dans les champs des autres avec une rémunération de misère. Souvent je pensais aller en Tanzanie pour chercher du travail dans les champs », a-t-il ajouté.
Comme il l’a indiqué, c’est grâce aux formations et à sa détermination qu’il a aujourd’hui une vache et une terre qu’il a pu acheter avec un crédit de 30 000 Fbu.
Même son de cloche chez Clémence Niyogusengwa, étudiante, elle fait savoir qu’elle a des lapins à la maison et espère un jour acheter une chèvre et, pourquoi pas, même une vache.
« Avant je croyais que faire partie d’un groupement était une perte de temps. Je me disais que mes parents me suffisaient et qu’ils étaient là pour donner tout ce dont j’avais besoin ».
Mais maintenant, avoue cette demoiselle, je constate que ces formations sont très essentielles pour les jeunes dans la mesure où je peux m’acheter du matériel scolaire sans attendre que mon père se coupe en quatre morceaux pour mes études.
Elle reconnaît qu’en s’associant avec les autres jeunes, ces collaborations permettent d’échanger des connaissances, des ressources et des bonnes pratiques, favorisant ainsi une approche durable du développement.
Leadership serviteur, élément clé dans la participation citoyenne
En plus de son action sur le terrain, Greenland Alliance a joué également un rôle crucial dans la sensibilisation et l’éducation de la population.
Elle organise des campagnes de sensibilisation, des formations, des conférences et des événements pour informer et mobiliser la population sur des enjeux importants.
Elle a encouragé la participation citoyenne et la responsabilisation de la population dans la résolution des conflits; ce qui a été confirmé par la population de Ruhororo.
La promotion du leadership serviteur a considérablement contribué à la diminution des conflits sociaux qui, souvent ne se terminaient que devant les tribunaux.
Les bénéficiaires affirment en outre que dans le passé tout conflit, petit soit-il, était susceptible d’engendre des conflits graves dans les communautés.
« Il suffisait qu’une chèvre broute un pied de maïs d’un voisin et les bagarres commençaient. Beaucoup avaient foi dans les tribunaux alors qu’il n’était même pas nécessaire de porter cette affaire devant les juges », a reconnu Abel Nkunzimana.
Selon lui, les formations ont permis d’écouter les parties en conflit et les amener à résoudre leurs malentendus pacifiquement sans recourir à des violences ou des intimidations.
Comme il l’indique, le leadership serviteur s’est concentré sur l’esprit de service envers les gens en mettant l’accent sur le développement et le bien-être des individus et des communautés.
Il se distingue par sa capacité à écouter activement et à faire preuve d’empathie, créant ainsi un climat où les individus se sentent compris et valorisés.
« Plutôt que de s’appuyer sur le pouvoir ou l’autorité, le leader serviteur favorise ainsi un environnement de respect mutuel et de collaboration. Tous les jours, c’étaient des palabres et des conflits. Les tribunaux étaient souvent débordés par des dossiers qui pouvaient être arrangés au niveau de la colline », souligne Joël Mperabanyanka habitant de la colline Cagura.
Autonomisation économique des jeunes
Dans la commune de Ruhororo, les écarts importants entre les femmes et les hommes sur la gestion de la richesse familiale compromettent les initiatives en faveur d’une croissance économique inclusive.
Au-delà des motifs économiques, le pouvoir limité des femmes et jeunes au sein des ménages a été un facteur important. Par exemple, les femmes avaient souvent un contrôle limité sur les décisions du ménage.
Ce manque de pouvoir décisionnaire a un effet marqué sur l’autonomisation économique des femmes, car il limite leur capacité productive et influence ce qu’elles peuvent faire de leur temps.
Dans certains cas, les hommes utilisent les profits de leurs épouses sans leur consentement, ce qui empêche celles-ci de les réinvestir ou d’accroître leur épargne.
« Avec un crédit de 30.000 Fbu, j’ai loué un champ pour y cultiver des pommes de terre et du maïs. A la première récolte, j’ai eu pour la première fois de ma vie 200. 000 Fbu. Personne ne peut pas croire que j’ai commencé avec cette petite somme d’argent qui ne peut pas acheter même un pagne », raconte Diane Shemezimana.
Quant à Digne Isangwe, 16 ans et étudiante, les connaissances qu’elle a pu acquérir lui ont permis de gérer bien l’argent. Elle affirme qu’avec une petite somme d’argent, elle est propriétaire de 10 poules et des poussins.
Elle envisage d’acheter une chèvre quitte à penser un jour d’acheter une vache. « Je ne doute pas que j’aurai une vache. C’est facile quand on est dans une association d’autonomisation économique ! »
A Ruhororo, il y’avait peu de maris soutiennant leurs femmes. La majorité ont plutôt tendance à faire échouer l’entreprise de leurs épouses.
Pour remédier à cette situation, Greenland Alliance a initié des formations et des sensibilisations visant à améliorer la productivité agricole des femmes, leurs compétences, leur accès au capital ainsi que leur autonomie économique.
Pour certains hommes, le fait qu’une femme soit membre d’une association, c’était une perte de temps et un signe d’insubordination. Même si une femme a une activité génératrice de revenus prospère, elle risque de ne pas être en mesure de la développer ou même de la poursuivre si son mari ne la soutient pas.
Afin d’accroître le niveau d’éducation et les compétences des femmes, les participants entreprenent des activités génératrices de revenus et développent la culture de l’ épargne à partir du peu d’argent reçu.
« Quand ma femme avait une certaine somme d’argent, j’avais tendance à vouloir les gérer et souvent je ne pouvais cautionner qu’elle propose quelque chose sur son utilisation », a confié Bernard Kabura un homme marié habitant de Ruhororo .
Un goût d’inachevé
Pour Ascher Niyonizigiye, représentant légal de Greenland Alliance, la mission est de promouvoir le leadership serviteur et les valeurs morales pour contribuer à l’émergence des leaders moralement sains et influents, capables de faire du Burundi une société de prospérité économique et d’harmonie sociale.
Néanmoins, le projet n’a pas pu atteindre tous les jeunes de la commune, faute de moyens. Il fait savoir que le taux de chômage était très élevé, et les jeunes ne croyaient pas qu’ils pouvaient eux-mêmes générer des revenus sans être embauchés.
Avec l’histoire difficile de cette commune et l’oisiveté des jeunes, les risques de criminalité et de manipulation étaient aussi plus élevés. A travers les groupements d’épargne et de crédits, la cohésion sociale entre les jeunes a été renforcée, des projets de développement économique ont été initiés par les jeunes individuellement et avec beaucoup de succès.
Ils ont investi dans des projets agricoles ou d’élevage, et dans les métiers, etc. Néanmoins, avec les moyens mis en œuvre, il affirme qu’ils ont atteints leur objectif sur les trois ans.
« Nous voyons les jeunes plus unis et occupés utilement plus qu’avant. Nous voudrions les accompagner jusqu’à ce qu’ils n’aient plus besoin de notre assistance », a-t-il souhaité tout en voulant lancer de nouveaux groupements avec des jeunes qui n’ont pas encore été touchés.
Très intéressant de cette satisfaction locale! Je connais profondément cette commune! La nécessité du leadership serviteur est une nette réalité! Merci et courage à Greenland Alliance! 👏👏👏🙏🙏✍✍✍
J’ai tendance A penser que Acher NIYONIZIGIYE est un vrai leader capable de mettre en oeuvre ce qu’il dit et ce qu’il enseigne contrairement aux soi-disant leaders qui passent tout le temps A expliquer des principes et A donner des lecons de morales qu’eux memes ne sont pas A mesure de respecter ou vivre. uwomureka akigisha benshi ngira ntihobura nabakeyi bakira muri buno Burundi bwa Nyaburunga.
Je suis natif de la commune Ruhororo, j’ai été victime de la tragédie de 1993 et deux camps de déplacés ont été érigés dans notre commune. les déplacés et les résidents n’ont pas de probleme de cohabitation sauf une question qui concerne les terres des particuliers occupés par les déplacés au site de Ruhororo. une question qui me hante, comment l’état a été tenu en échec face à résoudre la question foncière des habitants de cette localité? comment l’Etat peut arrêter définitivement l’instrumentalisation de cette site qui a un point nommé a été un coin de recrutement des jeunes putschistes en 2015. les camps de déplacés ont été des fiefs d’ethnisation des problèmes sociétaux burundais. les vrais problèmes sont d’ordre economique qu’on cherche a politiser. il faut qu’on en finisse et qu’on trouve une solution durable à ce probleme qui n’en est pas un.