Certaines femmes gagnent plus que leurs maris. Certains hommes se sentent émasculés, d’autres s’estiment chanceux. Pour un psychologue, cela ne devrait pas causer de problèmes dans un couple.
« Je ne serais plus un homme si ma femme gagnait plus que moi ! », affirme Donatien Niragira, 37ans, agent commercial. Sa femme, une infirmière, touche mensuellement presque un tiers de ce qu’il gagne. En plus, continue-t-il, quand une femme touche plus d’argent que son conjoint, elle s’impose dans le ménage : « J’ai de l’expérience. Dans le passé, j’avais une copine qui était commerçante et j’ai vécu le calvaire. Elle ne me respectait pas, n’écoutait pas mes avis sur un quelconque fait, faisait ce qu’elle voulait sans se soucier de ce que je pensais. Elle me traitait comme un moins que rien. Car elle savait qu’elle avait ce pouvoir, elle en abusait. » Selon lui, c’est lors de leur sorties amoureuses, qu’il ressentait cela. « Elle voulait des endroits classes et chers alors que je n’avais pas les moyens. Et c’est elle qui choisissait, le restaurant ou cabaret, consciente que c’est elle qui paierait la facture. Pour rien au monde, je ne veux revivre cette expérience » se souvient-t-il.
Autre cas, celui de Jean Marie qui avoue que sa fiancée touche plus que lui et que cela lui importe peu. Seulement, il ne souhaite pas qu’elle le brandisse à tout bout de champs. « Lorsque nous aurons des enfants, je ne veux pas qu’ils le ressentent. Mais entre nous, l’argent ne nous pose pas de problème. J’aurais tout de même aimé rapporter plus qu’elle », finit-il par avouer.
<doc7331|right>« Dans sa conception, il cherche une femme qu’il peut prendre en charge »
Par contre, Eddy Mboneko, est fonctionnaire et père de trois enfants. Sa femme est directrice d’une agence en communication. Elle gagne plus que lui et cela ne lui pose aucun problème. Par ailleurs, il l’a encouragée dans tout ce qu’elle entreprenait et c’est le moment de jouir des dividendes. « Ma femme est intelligente et elle travaille dure pour gagner cet argent pourquoi cela me gênerait-il ? Pour le moment, elle gagne plus que moi. Entre nous, c’est le bien-être de la famille qui est prioritaire. En plus, ce n’est pas son argent, c’est celui de toute la famille » Selon lui, il trouve d’ailleurs qu’il a de la chance car les responsabilités sont partagées et cela a par ailleurs amélioré leur niveau de vie.
D’après Adolphe Sururu, psychologue, ce sont des faits qui ne sont pas courant vu les statistiques. « Probablement que l’homme dans sa conception cherche une femme qu’il peut prendre en charge », explique-t-il. Mais avec l’évolution de la société, changement au point de vu éducatif, les femmes sont aussi rémunérées suivant leur formation : « C’est normal qu’il arrive qu’elle gagne plus que son conjoint. » Pour lui, cela ne devrait pas causer de problèmes car l’argent gagné est pour l’entretien du ménage et l’épanouissement de toute la famille étant donné que le mariage est contracté sous le régime de la communauté de biens.
Des rapports difficiles, voire pathologiques avec l’argent
A cause d’une certaine conception, affirme le psychologue, l’homme se sent responsable et en situation de contrôle en ce qui concerne l’argent. Il peut arriver qu’il ne sente pas à l’aise quand c’est la femme qui subvient aux besoins de la famille: « Il craint que ses décisions ne pèseront pas par rapport à celles son épouse. » L’autre situation, indique Adolphe Sururu, c’est la conception de l’entourage, la peur du « Qu’en dira-t-on ? ». « Il peut penser que les gens se moqueront de lui ou vont penser qu’il se fait entretenir par sa femme. » De préciser que la société inculque certaines pratiques à la jeune génération et l’homme a toujours voulu contrôler physiquement et financièrement la femme. « L’argent ne devait être l’élément déterminant dans les relations entre un homme une femme. Malheureusement, beaucoup de personnes ont des rapports difficiles voire pathologiques avec l’argent. »
Toutefois, il souligne que certaines femmes peuvent être tentées de sortir de leur rôles traditionnels, commencent à refuser les ordres de leur mari, ne s’occupent plus des taches censées leur revenir. « Il ne faut pas être esclave de l’argent mais rester maître de l’argent », termine-t-il.
