Une trentaine d’albinos présentent un cancer de la peau, à cause du soleil. Il y a déjà plus de dix morts. A la rencontre de ces albinos menacés par le soleil pendant cette grande saison sèche.
76 albinos présentant des lésions cutanées conduisant parfois au cancer dont quatre déjà cancéreux, viennent d’être soignés grâce à l’OPAB (Organisation des Personnes Albinos du Burundi) œuvrant dans la province de Gitega. Un de ces albinos a dû être amputé de sa jambe.
L’association Albinos sans frontière de Bujumbura rapporte 25 cas de cancer de la peau et une dizaine de morts. Le soleil semble la principale cause de ces cancers .
Amos Kwizera, 20 ans, est originaire de la commune Bugendana, province Gitega. En octobre 2019, cet albinos développe, à force de s’exposer au soleil, une petite plaie au niveau de l’œil gauche. Aujourd’hui, la plaie s’est transformée en cancer, un cauchemar pour le pauvre garçon. La plaie infectée s’est agrandie et couvre tout l’œil gauche. Le jeune homme porte de grosses lunettes de soleil mais sa plaie le démange tout le temps. « Souvent, j’ai des douleurs intenses ».
Amos, seul albinos dans une famille de quatre enfants, confie que ses parents n’ont jamais compris qu’il ne faut pas s’exposer au soleil. Ils lui faisaient faire des travaux champêtres. « Je le faisais pour leur faire plaisir et éviter d’être marginalisé ».
Il y a deux mois, Amos vient à Bujumbura se faire soigner, grâce à l’association Albinos sans frontières, où il est logé aujourd’hui. Mais les soins sont suspendus faute de moyens. Il souffre sans pouvoir se faire soigner. « Il ne faut pas que je développe un cancer avec cette plaie ».
Quand le soleil justifie les absences en classe
Irène Nshimirimana, 25 ans, est étudiante à l’Université Martin Luther King. Avant de sortir, elle doit bien s’assurer qu’elle a appliqué une crème contre les effets solaires, porter une chemise longue manche, un chapeau et des lunettes de soleil. « Le soleil, c’est mon premier ennemi durant cette période de grande saison sèche ».
Au moindre contact avec le soleil, Irène dit endurer des brûlures sur tout le corps . Une inflammation de la peau peut alors se transformer en lésions. « Si cela se répète souvent, il y a risque de cancer ».
L’ étudiante confie qu’elle s’absente parfois à l’école ou dans d’autres activités, à cause du soleil.
Ces albinos crient au secours. Ils n’ont pas les moyens de se faire soigner. Le représentant de l’OPAB, Moïse Nkengurutse, parle des soins qui coûtent entre 50 mille et 2 millions de francs burundais, selon la gravité de la maladie.
Les moyens de protection sont aussi chers pour eux, la plupart provenant des familles pauvres. Ils demandent de l’aide pour les crèmes anti-soleil, les habits, chapeaux, lunettes, parapluie, etc.
Le coordinateur des projets à l’association Albinos sans frontières, Chadrac Nahumuremyi, raconte que parmi les 25 albinos malades du cancer de la peau, 13 sont déjà morts.
Le responsable de cette association d’ albinos recommande de se protéger beaucoup durant la saison sèche. Se laver au moins deux à trois fois par jour. Appliquer une crème qui protège contre les effets solaires pour ceux qui le peuvent ou, à défaut, la « vaseline santé » disponible dans les pharmacies. Et surtout, porter un chapeau et des lunettes de soleil doit être un réflexe avant de sortir.
Il indique que l’association essaie tant bien que mal d’offrir aux albinos le nécessaire pour se protéger. Mais elle a des moyens très limités. Le pays compterait plus de 1.200 albinos.