Mercredi 30 octobre 2024

Editorial

Grande et complexe bataille

10/11/2023 6

Deux faits majeurs marquent cette semaine. L’appel ou le rappel au “démantèlement des réseaux mafieux qui sabotent l’économie du pays en vue de redresser l’économie du pays”.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Puis, la perpétuité requise  pour l’ancien homme fort du pays, Alain Guillaume Bunyoni.

Les propos du chef de l’Etat devant les responsables de l’administration territoriale, de la justice, de la défense et de la sécurité à Bugarama sont forts. Le Président a indiqué les chiffres. Alarmants. «Seuls trois cents millions de dollars sont collectés sur un milliard trois cents millions de dollars qui devraient rentrer dans le trésor public par an.» La fuite est énorme. Comme il le souligne, l’ennemi du pays n’est pas seulement celui qui détient l’arme à feu, c’est aussi celui qui sabote l’économie du pays. «Si l’on n’y prend pas garde, bientôt les fonctionnaires ne vont pas toucher leurs salaires, il n’y aura plus l’achat des médicaments, il y aura une pénurie des intrants agricoles». La lutte contre la fraude doit donc faire l’objet d’une attention soutenue non seulement de la part des pouvoirs publics, le président de la République au premier chef, nous avons tous aussi besoin d’un civisme individuel et d’une conscience collective.

Une opinion se demande si réellement les pouvoirs publics sont incapables d’identifier, cibler les individus qui commettent ces actes délictuels qui plombent les finances publiques. «En moins de deux mois seulement, 233 fraudeurs sont déjà arrêtés », a déclaré le chef de l’Etat. Ce n’est pas peu. Toutefois, plus d’un se demandent leur identité et le montant remis. Le président de l’Olucome parle souvent des gros poissons qui se la coulent douce. Ce qui est navrant, les agents de l’Office burundais des recettes, naguère réputé d’être rigoureux, compétent et performant, sont entrés dans la danse des corrompus, des « mangeurs ». Un expert en politique fiscale propose de nouvelles orientations de lutte contre la fraude. Entre autres :  mieux chiffrer la fraude fiscale, cibler les contrôles fiscaux, durcir la réponse pénale.

Certes, le président Ndayishimiye est déterminé à combattre la fraude. Cela se traduit dans ses discours depuis le mois de septembre. Par ailleurs, il appelle les Burundais à mener en synergie une campagne contre cette mauvaise pratique. C’est un élan patriotique, une prise de conscience de ce qui constitue la fraude. Difficile d’y arriver, mais tout long voyage commence par un petit pas. « Vouloir, c’est pouvoir », dit-on.

Cependant, d’autres efforts doivent être fournis si on cherche à relancer l’économie nationale. La lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance doit être également au chapitre des grandes préoccupations du gouvernement. En guise d’exemple, une rigueur devrait être observée dans les dépenses publiques, en réduisant notamment le charroi de l’Etat. Dans une interview exclusive qu’il vient d’accorder à Iwacu, l’opposant politique Agathon Rwasa, propose une gouvernance politique qui s’inspire de l’Accord d’Arusha : «Une gouvernance qui met en avant le mérite et la compétence et non le militantisme. »

La lutte contre la fraude, la corruption, la mauvaise gouvernance doit être un combat pour tous les Burundais.

Enfin, cette semaine s’achève avec la perpétuité  requise pour l’ancien Premier ministre burundais, M. Bunyoni. Parmi les accusations figure le détournement des biens publics. Un autre petit pas dans la lutte contre les « mangeurs ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. Jereve

    Nous avons déjà l’habitude de participer mensuellement aux retraites, croisades de prières et messes d’action de grâce organisées soit par le gouvernement, soit par le parti. Tous les burundais ne sont pas d’accord sur cette pratique de mélanger religion et politique.
    Je peux parier que tout le monde serait d’accord si le gouvernement ou le parti prenaient quelques jours par mois pour partir en croisades contre ce fléau qu’est la corruption. Il n’y a que les corrompus qui ne seraient pas d’accord.

  2. Kabagambe Richard

    En fait, la corruption , la fraude, les malversations de tous genres sont devenues endémiques et structurelles. Il m’a fallu 25 ans de travail pour avoir mon premier logement. Avoir un véhicule, ce n’était pas ma préoccupation. Aujourd’hui, tout jeune qui a un emploi veut avoir une voiture de luxe en six mois, une villa en moins de trois ans de prestation. Ce qui est paradoxal, c’est qu’il a tout ça alors que son salaire mensuel n’atteint même pas 500 cents mille francs ( moins de 150 dollars). Ngo umwera uva ibukuru ugakwira hose.

  3. Anonyme

    Si le Président veut vraiment combattre la corruption, les détournements, les malversations économiques, la mauvaise gouvernance, il doit commencer par chez lui-même, par sa famille proche et élargie, par ses lieutenants. D’où viennent les richesses de chacun et comment ? Par quel salaire et par quel business ? Et en combien de temps ? Justifier les richesses avant et après une nomination contribuerait beaucoup à l’éradiquer. Comment expliquer que des gens deviennent plus fort que la Loi et plus riches que l’Etat ? Le Burundi est petit, on se connait tous au Burundi, si on cultive et pratique la dénonciation citoyenne, tout le système de ceux qui s’adonnent à l’affaiblissement de l’économie tomberait en si peu de temps et l’économie du Burundi décolérait vite.

    • Jean Pierre Hakizimana

      Merci @Anonyme

      A ce stade, je pense que c’est nous avons suffisamment vu le type de gens dont le Burundais lamda à affaire. Un jour j’ai eu la chance de parler à une personne bien placé dans un des institutions de Bretton Wood de me décrire le Burundi en un mot: « Mafia » était la réponse! et la personne a continué … »…Un pays gouverné par une bande de (faux car c’est des grades acquises par la loi de la jungle) généraux qui sont venues du maquis avec un et un seul « ethos »: La vengeance économique qui on le sais très bien que cela finit tjrs par devenir un problème socio-économique, puis socio-politique qui, vers « le peak » finit par donner naissance de désintégration de l’Etat Burundais. Pense à la Somalie, Haiti, Liban, etc..  »

      Le Burundi est un pays insolvent pour l’instant. Tout ce que le FMI ou la Banque mondiale est entrain d’essayer est la prevention d’un autre pays comme ceux dont je viens de donner en haut.

      La question que je me pause tous les jours est s il reste un burundais ou une burundaise capable d’avoir le courage de se battre? Remarquez que, il est bizarre que, dans une république constitutionnelle, que on ne voit jamais de manifestation populaire! Je ne sais pas comment lire/comprendre cela. La resignation au fatalisme?

  4. Jean Pierre Hakizimana

    e savais que la situation était grave mais je l’imaginiez pas a ce point. Comment peut on accumuler un tel inventaire de biens physiques sans la participation de toute la machine politico-économique ?

    Comment est ce que le CND-FDD peut survivre cet affaire? Ne me dites pas que tous gros poissons de CND-FDD ne sont pas aussi coupable que Mr Bunyoni. Mr Bunyoni c’est le CND-FDD et vise versa.

    Même pas 30 ans au pouvoir, ils sont arrivé à battre tous les record de l’Uprona qui a été au pouvoir depuis l’indépendance.

    Est ce que compter sur CNDD-FDD de rectifier les choses n’est pas l’équivalent de demander à dealer de produits narcotiques tel que la cocaine, etc.. de mettre sur place et s’occuper de la gestion d’un centre de désintoxication?

    Parce que, ne vous imaginez pas pour une seconde que d’un jour au lendemain, Le grand s’est réveillé et du coup il est devenu ce que l’on appelle « a changed man ». Remerciez, chers mr & Mme les institution du Bretton Wood (FMI & World Bank) qui ont pointé les doits sur bien bcp de gens jusqu’à la premiere famille.

    N’est ce pas vrais que l’épouse du président Ndayishimiye est dans le commerce des carburants, des engrais et de l’exportation des minerais?

    Quant aux journalistes, surtout ceux qui vivent a l’extérieure du Burundi, le pays a besoin de vous. Il faut vous lancer dans le journalistes d’investigations et monter de quelque étagés votre qualiter d’informer et éduquer ceux qui sont au Burundi car, admettons que les idées/opinions de gens comme Mr Rufyikira et autres (Olucome etc….)aussi longtemps que nous apprécions leur travail, ne suffisent plus.

  5. Gentil

    Que ce filet attrape les petites comme les grandes mouches. Sinon les propos et les mises en garde du chef de l’Etat seraient des propos vides et sans impacts.

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