De leur conclave, les « forces politiques engagées dans le cadre d’Actions pour la réhabilitation de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi » entendez par là ceux qui, de leur exil extérieur forcé ou intérieur, élèvent la voix pour appeler les garants de ce texte historique à l’aide.
Qu’il semble loin ce pacte conclu avec des réserves pour certains négociateurs, le 28 août 2000, afin de tenter de mettre fin à la guerre civile consécutive à l’assassinat du premier président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye. En tant que journaliste, j’ai eu le privilège de suivre cet accouchement dans la douleur…
Négociée pendant plus de 4 ans, sous les bombes et crépitements d’armes, cette entente signée sans l’arrêt de la guerre usera deux icônes africaines : Mwalimu Julius Nyerere et Nelson Mandela. Paix à leurs âmes.
Mais, fort de son aura, ce dernier parvient à mobiliser la Communauté internationale, jusqu’au locataire de la Maison-Blanche d’alors, Bill Clinton, à prendre part aux cérémonies de signature de cet accord. Un accord au forceps, signé en forçant la main de certains négociateurs rétifs.
Malgré sa « substantifique moelle » et son esprit de compromis, de partage du pouvoir, ce « texte sacré » pour certains et qui jette les bases d’une Nation réconciliée bannissant l’exclusion, n’est mentionné que dans les visas de certaines lois, juste une référence, disons-le, symbolique.
Certains alinéas ne sont invoqués ou mentionnés que quand ils vont dans le sens des arrangements voulus ou commandités par le pouvoir CNDD-FDD, qui ne jure que par l’Accord global de cessez-le-feu.
« On n’est pas signataire de l’Accord d’Arusha », lancent d’ailleurs souvent certains ténors du parti au pouvoir. Pourtant, dans le préambule de cet accord mettant fin aux hostilités, au deuxième visa, l’accord politique signé sous l’œil du prix Nobel de la paix est mentionné : « Réaffirmant notre foi dans l’idéal de paix, de réconciliation et d’unité nationale conformément à l’Accord d’Arusha… »
Ce cri de détresse pour la réhabilitation de ce pacte politique et le retour à l’ordre constitutionnel issu de cet accord a été lancé depuis 2014. Difficile de savoir si le récent appel lancé à l’unisson par quelques acteurs politiques en exil et compagnons de lutte restés au front, au pays, sera entendu.
Une chose est sûre : plus le temps passe, plus la classe dirigeante n’entend que les derniers échos, juste des clameurs, au loin. D’ailleurs les quotas ethniques proposés et certains équilibres des forces sont aujourd’hui mis en question au nom de la nouvelle Constitution. « Attention, danger », avertissent cette classe politique qui a foi dans l’Accord d’Arusha.
« Ce ne sont pas des acteurs politiques en perte de vitesse, nostalgiques des tables rondes et autres pourparlers qui vont nous empêcher d’avancer », ironisent certaines voix au pays.
Les appels à un dialogue inclusif, les appels pour le retour au pays des personnalités politiques, des membres des organisations de la société civile, des journalistes actuellement en exil, les appels à l’annulation de tous les mandats d’arrêt, la réouverture de l’espace politique, etc., risquent d’être atones. Du vox clamantis in deserto.
Elections.
Avez vous parlé d’élections?
On les vole comme on veut en Afrique.
Du vox clamantis in deserto? Pas certain et surtout le mandataire dans ce processus de réhabiliter tout ce qui doit être habileté s’appelle Léonce, alias BAKAME. Où vais-je en venir?
Nous sommes en février 2014, ce même Bakame s’adresse alors à Ban Ki Mon pour dénoncer les dérives supposées du cndd-fdd. Nous sommes à la veille des élections contestées de 2015. On connait la suite avec une cascade de dénonciation..
Et si c’est l’histoire qui veut se répéter à la veille de nouvelles élections perdues d’avance par ceux-là même qui revendique haut et fort l’application stricto sensu des dits accords?