20 personnalité ont répondu à l’appel d’Iwacu pour la liberté d’expression et la démocratie au Burundi. Chaque semaine, nous mettons à l’honneur un appel lancé par une personnalité. Nous invitons nos lecteurs à débattre avec nous sur les médias burundais. Après « Les médias dans l’histoire contemporaine burundaise », débattons maintenant avec Alain Cazenave-Piarrot sur « 1972- 2015, Burundi au centre du continent africain »
Vous pouvez retrouver tous les autres textes et
L’accès à cette édition spéciale est gratuit mais, si vous le souhaitez, vous pouvez acheter votre accès par solidarité envers les médias burundais.
Burundi : 27834 km2. Latitude 2°45’- 4°26’ Sud. Longitude 28°50’- 30°53’ Est.
Burundi, juin 1975, un peu plus de 3 millions d’habitants. J’enseigne à l’ENS à Bujumbura.
Burundi, juin 2015, un peu plus de 10 millions d’habitants. Ma mission est annulée, pour cause d’affrontements violents.
Entre ces deux dates le Burundi, tout comme le Rwanda, son voisin du nord, est devenu « un monde plein », avec ses paysages débordants des activités d’une humanité nombreuse. La formidable croissance des effectifs de population a provoqué la mise en culture des espaces restés disponibles : aux dépens de l’akibira vers le haut, des marais dans les contrebas. Les villes, tout particulièrement Bujumbura, s’étendent toujours davantage autour de leur noyau initial. Le retour des réfugiés, ceux de 1972, comme ceux de la guerre civile, achève de saturer l’espace burundais. Toutefois la population ne fonctionne plus dans les enfermements de naguère, même si elle est restée rurale pour près de 90%. Les médias du pays ont largement participé à cette ouverture de la société burundaise, vaste processus de brassage intellectuel et culturel qui , après la guerre civile, permet à chacun de se forger une vision du monde et des choses, élargie au-delà de l’itongo et de la colline, de la ville et du quartier, même si ces lieux de vie continuent d’ancrer les existences au quotidien.
Depuis dix ans, il s’est ainsi créé une prise de conscience où les médias – les radios essentiellement – jouent un rôle majeur, effet déterminant d’actions menées par de petits groupes agissant localement après avoir pensé globalement. Le paysan murundi d’antan s’éloigne, dorénavant tout un chacun connaît ses droits, les possibilités du monde moderne, les promesses du lendemain. On ne sous-payera plus la volaille aux pattes attachées, le sac de haricots ou les régimes de bananes présentés au marché ou en bord de route. Difficile dorénavant de duper les gens, les hommes comme les femmes, ceux de la ville comme ceux des campagnes : c’est la nouvelle fierté burundaise, aguerrie après les dures années de guerre civile.
Dans le monde du travail comme en politique, dans le domaine sportif comme pour la musique, les médias burundais ont participé au façonnement de cette nouvelle société, renouvelé l’opinion publique, contribué à l’émergence de la société civile. Radios, journaux, SMS, tweets, télévision apportent ainsi, au jour le jour, leur pierre à la construction de l’édifice politique, économique et social. Bien sûr, d’autres acteurs que les seuls médias interviennent dans cette évolution : école, justice, actions de développement, bonne gouvernance, désenclavement. Même si beaucoup reste à faire et si persistent nombre de dysfonctionnements, tous permettent à une population toujours plus nombreuse de vivre ensemble sur un territoire implacablement exigu. En quelques années c’est toute la population qui a ainsi progressé, le plus souvent vers le haut, malgré handicaps, contraintes et pauvreté, qui n’est jamais misère, dignité burundaise oblige !
Le mois de mai 2015 douche froid un tel élan. On assiste avec stupéfaction au décrochage spectaculaire entre une opinion publique avisée et la classe politique, celle au pouvoir, comme celle dans l’opposition. Les médias relatent ces événements, avec d’une part un chœur de plus en plus faible à mesure que se taisent et se raréfient les voix de journalistes libres et, d’autre part, avec le danger que reviennent les médias porteurs de haine, ceux des affrontements violents. Léviathan menace d’entraîner le Burundi dans une hubris dévastatrice. La sagesse et le réalisme du plus grand nombre devraient repousser le monstre dans ses retranchements aquatiques. Comptons sur l’action incessante et féconde des médias, tout comme sur les hommes et les femmes de bonne volonté, pour stopper le dérapage, assurer le retour de la concorde et participer à l’harmonie retrouvée !
Par Alain Cazenave-Piarrot
Alain Cazenave-Piarrot est professeur agrégé de Géographie.Il est Maître de Conférences honoraire/ HDR, à l’IUFM Midi-Pyrénées. Ecole interne de l’Université de Toulouse 2 Le Mirail. Il est aussi chercheur associé au LAM (Les Afriques dans le Monde)- UPPA. UFR Droit. Université de Pau et des Pays de l’Adour. Bon connaisseur du Burundi, il a consacré en 1978 sa thèse sur les paysannats de la plaine de la Rusizi. Il a publié de nombreux articles sur le Burundi.
Que l’etat prépare un projet de loi dans lequel il ordonne au medias de diffuser 50% ce qui ne va pas dans le pays et 50 % les realisations du gouvernement, et comme ça il y aura pas de grogne et l’etat va rouvrir les medias détruits
« l’akibira »
« Alain Cazenave-Piarrot est professeur agrégé de Géographie »
« Bon connaisseur du Burundi »
Complexe !!!!!!!
Umunyagihugu nyarucari arazi neza yukw’abarundi dukwiye gutanga amakuru twubahana, tudatukana, tuvuga ukuri muntumbero yo guteza imbere Uburundi. Kand’arazi imitumba yi Burundi. « Kibira » ntayita « Akibira ».
Arrêtons nos illusions. Nos diplômes universitaires ne font pas de nous des experts pour résoudre tous les problèmes des relations entre les hommes. Il y a ce que nous sommes et ce que nous apprenons à l’école. Ce n’est pas l’accumulation des diplômes qui nous rend nécessairement plus sage qu’un paysan. Les solutions des problèmes entre les hommes ne sont pas seulement des discours (dissertations à l’école ) théoriques.
Est-ce que le fait d’avoir mal orthographié la « kibira » remet en cause l’expertise du professeur Piarrot? C’est tout de même incroyable…
Comme si Mr Ntahitangiye ne fait jamais de lapsus!
Ce n’est pas un problème d’orthographe, tout le monde peut se tromper, si vous êtes un chercheur la première de choses à vérifier rigoureusement c’est l’exactitude des mots et les noms utilisés dans vos propos. Si vous comprenez ce que je dis, le mot Akibira n’est qu’une paranthèse. Pour avoir travaillé avec beaucoup de chercheurs universitaires en rassemblant leurs thèmes de recherches, leurs publications et l’impact de ces recherches sur le développement national, je sais comment les agrégations s’obtiennent. Un professeur agrégé est bon pour enseigner à l’université, mais n’est pas nécessairement bon pour résoudre les problèmes de la société. Il y a dans chaque homme une disposition naturelle (un don) qui lui permet d’apporter des solutions à une situation donnée et dans ce cas les études renforcent sa capacité de résoudre les problèmes. Mais l’équation suivante n’est pas vraie:
Beaucoup de diplômes = Résoudre beaucoup de problèmes de la société. C’est pourquoi j’ai dit « complexe!!!!!!! »
Moi, ce qui me dérange c’est que la démocratie ou la liberté d’expression a tout d’un coup une appartenance ethnique, une appartenance régionale au Burundi ? Personnellement je n’ai pas vu cette vigueur de revendication de droit à la liberté d’expression avant le régime des CNDD-FDD? Pourtant le pays a connu des massacres, des exactions commises par l’armée de la République du Burundi couverts par les médias et la Communauté Internationale! Alors mes amis et mes compatriotes…l’histoire du Burundi ne commence pas maintenant…. Avant de Juger Nkurunziza, nous devrons juger ceux qui ont tué Rwagasore, nous devrons juger Micombero et ses collaborateurs; qu’en-est-il des prisonniers hutus et tutsi qui ont été tués en prison par Bagaza par des miettes de verre moulu mélangé à leur nourriture….une mort lente; silencieuse mais atroce et certaine… Nous devrons juger Buyoya pour avoir descendu les avions l’un après l’autre Maregarege, Anne Sindamuka…., pour avoir commandité l’assassinat de Ndadaye, Ntaryamira….Et quand on aura jugé tout ce monde là alors on jugera Nkurunziza. Commençons à zéro mes chers compatriotes! Arrêtons de tirer chacun la couverture sur soi. ça ne sert à rien! Apprenons à lire notre histoire même si elle nous fait honte! Ne laissons pas les rwandais usurper ce qui nous est le plus cher: notre histoire et notre identité…
Si aujourd’hui on tuait ton enfant, tu refuserais de porter plainte contre son meurtrier sous prétexte qu’il faut d’abord juger les assassins de Rwagasore? Arrêtons ce genre de raisonnements débiles!
Tu n’es ni Jeannette ni Ndayishimiye!
Tu te caches derrière une fausse identité pour soutenir l’insoutenable.
Qui dit que ces gens don’t tu viens de citer les noms ne devraient pas être jugés un jour?
Qui a n’as pas porté plaints pendant au moins les dix dernières années?
Cela étant, la description du Burundi telle que faite par cet eminent professeur n’a rien à voir avec ce que tu defends.
En tant que citoyens responsables, nous devrions tous partager une vision d’un Burundi meilleur et pour tous, et non nous engoufrer dans des partisaneries sans rendement ni lendemain.
Salut!
merci citoyen pour reponse a jeannette qui soutienne l insoutennable
Mais qu’on lui dise tout de même que l’on dit « La Kibira » et pas « L’akibira ».-
Oui.moi je suis d,accord avec Piarrot.Merci
ce raisonnement est intellectuel