Il y a deux ans, Iwacu lançait un grand débat avec quelques intellectuels burundais. Leurs analyses restent encore d’actualité. Nous invitons tous ceux qui veulent échanger, débattre à nous rejoindre dans cette rubrique que nous allons développer. Alors que la CVR se met en place tout doucement, cette semaine nous revisitons la problématique de la mémoire avec cette excellente analyse du professeur Bugwabari Nicodème.
Massacres, exclusions, frustrations, revanche… le Burundi traîne une histoire blessée. Le Professeur Bugwabari* plonge dans les sources de notre mal. Une analyse froide qui fait réfléchir.
M. le professeur, le Burundi est un pays blessé, comment faire face à notre passé, nos blessures ?
C’est une question compliquée mais pour émerger le pouvoir doit résoudre un problème fondamental : la gestion de la mémoire pour prendre à bras-le-corps les difficultés politiques, économiques et sociales que connaît le pays. Nous avons et vivons une mémoire non maîtrisée.
Professeur, tout d’abord, que faut-il comprendre par « mémoire » ?
J’appelle mémoire, ce rapport avec le passé qui informe et donne forme au présent. La mémoire pourrait concerner plusieurs épisodes du passé mais on peut se rapporter à deux grandes épisodes : 1972 et 1993.
Pourquoi ces deux épisodes ?
Les événements de 1972 ont ébranlé tous les Burundais dont les élites. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de ’’Ikiza’’, la catastrophe. Cette ’’Ikiza’’’ informe, dans le sens de donner forme, le présent. Elle est en étroite relation avec les événements sanglants de 1993. Nous souffrons encore et encore des séquelles de 1972. Cela fait partie de ce que l’on appelle ’’mémoires faibles’’, c’est-à-dire les mémoires qu’on ne peut pas exprimer dans l’espace public. Il y a refoulement. Lorsque, ceux qui vivent, la mort dans l’âme, cette mémoire comme des victimes, parviennent à se hisser au pouvoir, ils sont parfois tentés par un certain esprit de revanche et de négation d’autres mémoires.
Comment cette mémoire a été gérée ?
Cette mémoire de 1972 a été sous différentes Républiques, une mémoire faible jusqu’aux élections de juin 1993. Du temps de Micombero, il était impossible de parler des événements d’avril – mai 1972. Interdiction de pleurer ses morts ou de faire le deuil. Et sous Bagaza, c’était l’idéologie du développement, c’était l’ère de la ’’burundité’’, on ne pouvait pas évoquer les mots ’’Hutu’’ ou ’’Tusti’’.
Taire la question ethnique arrangeait les choses ?
Les Hutus vivaient dans le ressentiment, rongés par une violence intérieure, rentrée. Et comme conséquences, lors de la catastrophe d’octobre – novembre 1993, il y a eu extermination de Tutsi à grande échelle. Quand on parle du 21 octobre 1993, la tendance est de se souvenir de l’assassinat du premier président hutu démocratiquement élu tout en oubliant cette mémoire de 1993. Cette mémoire de 1972 est fondatrice des problèmes actuels tout comme celle de 1959 au Rwanda voisin.
Les cas rwandais et burundais sont semblables ?
On ne peut pas parler de 1972 sans parler de l’anti-modèle politique rwandais avec ce coup d’Etat de Kayibanda, l’auteur du Manifeste des Bahutu de 1957, l’acte fondateur d’une sorte d’apartheid.
Cette mémoire de 1972 mal maîtrisée provoque ce qu’on appelle en sociologie politique ’’frustration relative’’ de la part des élites hutu montantes car il n’y a pas eu de ’’circulation de ces élites’’. D’après le sociologue Vilfredo Pareto, un pays ne connaît de stabilité que quand il y a ’’circulation des élites’’, quand elles peuvent accéder à des postes importants. Les Hutu ne pouvaient pas espérer être promus ministres, ce qui n’était pas le cas pour les Tutsi. Cet écart ou ce différentiel quant au degré d’aspiration crée cette ’’frustration relative’’.
Les différentes Républiques qui se sont succédé étaient sous le sceau d’une ’’tutsicratie’’, à quelques exceptions près. Avant 1972, ce n’était pas pareil. Après ces événements sanglants caractérisés par le massacre des intellectuels hutu, cette ’’tutsicratie’’ a peur du ’’péril hutu’’.
Pouvez-vous expliquer davantage les ressemblances entre les cas burundais et rwandais ?
Il y a entre le Burundi et le Rwanda une sorte de ’’jeu de miroirs’’, comme le dirait le politologue René Lemarchand. Ce qui se passe au Rwanda se reflète sur le Burundi et vice versa.Il n’y a eu circulation des élites hutu qu’avec la politique dite d’unité nationale après les événements de Ntega et Marangara. Cela s’est poursuivi après les élections de juin 1993, même s’il y a eu des problèmes.
Est-ce que cela constitue la genèse des problèmes que le Burundi connaît ?
Les élites hutu au pouvoir à l’époque avaient vécu cette longue frustration. On les a entendus clamer haut et fort comme un cri de victoire : ’’Twari twaranizwe’’ (Nous étions opprimés). Il y a aussi cet ouvrage évocateur des années 1990 de Melchior Mbonimpa : Hutu, Tutsi, Twa, pour une société sans castes au Burundi où l’on parle des ’’dos courbés depuis plus de 400 ans’’, c’était l’idéologie du Palipehutu.
Les élites au pouvoir ont vécu une certaine socialisation familiale, politique, religieuse au niveau de la mémoire. Dans la famille, on leur a dit ce qui s’est passé. Il y a des jeunes Hutu qui ne sont pas allés à l’école après 1972 parce que « ceux qui y étaient ne sont jamais revenus ». Parmi les cadres sociaux de la mémoire, il y a surtout la famille, la politique et la religion.
Et qu’en est-t-il des élites actuelles du CNDD-FDD ?
Ils font partie de cette mémoire douloureuse de 1972. Parmi eux, il y en a qui ont souffert de la balkanisation de la ville de Bujumbura. Ces élites sont pour le moment au sommet de l’Etat. Le passé de ces élites est jalonné de dates pénibles comme 1972, 1993, 1995, etc. Au campus Mutanga, il y a des étudiants qui ont été tués dans la nuit du 11 au 12 juin 1995, ce problème est très fort, la plupart des rescapés ont directement gagné le maquis, un autre cadre de la mémoire, une autre forme de socialisation.
Quelles sont les conséquences du maquis sur ces gens ?
La vie quotidienne au maquis est très difficile. La mort est imminente, la violence est omniprésente : celle qu’on subit et celle que l’on inflige. Il y a une culture de la violence au maquis.
Comment on supporte la perspective d’une mort violente toujours imminente ?
On la supporte parce que quelqu’un d’infiniment plus grand que vous vous fait supporter cette violence. On s’en remet à Dieu. La guerre étant censée être juste, la violence devient légitimée, cette guerre a été lancée selon les vœux de Dieu. Même la violence qui est infligée à d’autres est faite au nom de cette guerre juste. Ce sont là de grands processus de légitimation de la guerre violente. La religion vous met un baume au cœur, adoucit la violence subie et infligée parce que c’est une violence faite au nom de Dieu. Cela résume la religion du maquis. Elle est aujourd’hui transférée dans l’espace public.
La religion du maquis est aujourd’hui transférée dans l’espace publique. Expliquez-nous professeur !
L’homme qui était religieux au maquis ne cesse pas de l’être le lendemain. C’est Dieu qui est censé lui avoir donné la victoire. Lorsque le président Nkurunziza a prononcé son premier discours lors des cérémonies d’investiture, il a fait entendre que c’était une prédiction. Ceci était dans les plans de Dieu comme ce refrain fétiche du parti présidentiel : « Warakoze Mana integuro yawe ni nziza » (Merci Seigneur pour ton bon plan). En homme de foi, ils sont convaincus de ce qu’ils disent. Tout cela est dangereux.
Comment ?
Le Burundi est un Etat dit laïc mais lorsque le pouvoir met partout la divinité, cela devient inquiétant, il y a une légitimation religieuse du politique. Ceci est plus profond qu’on ne le pense. Il ne faut pas perdre de vue que nous avons une population religieuse, non pas dans le sens de la bonté ou de la fraternité mais dans les rapports verticaux, qui peuvent mener à la violence au nom de Dieu.
Lorsqu’ils sont sortis du maquis et qu’ils ont gagné les élections en 2005, c’était par la volonté divine. Et c’est ce Dieu qui est partout dans l’espace public aujourd’hui.
Quelle est l’implication de tout ceci ?
Les implications sont énormes. Face aux grands problèmes de l’heure, la réponse habituelle est que tout va bien se passer : « Les élections de 2015 se passeront bien, Dieu n’est-il pas notre témoin ? » C’est une légitimation religieuse du futur.
Ceci provient-il de cette mémoire religieuse du maquis ?
Lorsque les anciens rebelles ont pris le pouvoir, ils affichaient une sorte d’orgueil, un orgueil d’avoir lutté contre une dictature, d’avoir ramené la démocratie étranglée le 21 octobre 1993. Ils ont la conviction d’avoir réalisé quelque chose d’extraordinaire par la violence et par la force. Avec cette légitimation religieuse, Dieu était présent.
Les élites politiques actuelles sont alors convaincues d’être partout dans la vérité, puisque Dieu est de leur côté. C’est pourquoi, elles ne veulent pas entendre les voix dissonantes, elles n’écoutent pas l’autre. Elles ne veulent rien entendre de l’opposition encore moins de la société civile. Elles prêtent peu d’attention aux médias. Des journalistes peuvent se retrouver en prison puisque ces élites sont dans la vérité et qu’il n’y a pas d’autres vérités que la leur. La place de l’autre n’existe pas. Il y a un quasi parti unique.
Cette mémoire douloureuse mène à une sorte de cécité face aux grands problèmes. On comprend mal, par exemple, la démarche actuelle de la CNTB (Commission Nationale Terres et autres Biens) qui risque de grever la paix, de mettre à mal les efforts de réconciliation. Ces élites diront que le grand nombre de la population burundaise adhère à cette politique.
Est-ce qu’il n’y a pas risque de fausser le processus de Justice de transition ?
Cette mémoire jadis faible devenue aujourd’hui une mémoire forte, celle des ténors du CNDD FDD, cherche toujours à nier d’autres mémoires qui sont devenues pour le moment des mémoires faibles. C’est l’exemple des événements d’octobre – novembre 1993 où des Tutsi ont été massacrés à grande échelle. Il y a une volonté sournoise de tuer cette mémoire qui n’est plus forte. Annoncer, par exemple, qu’en décembre 2012, il en sera fini avec les camps des déplacés s’inscrit dans cette démarche.
Quid alors de la CVR dans ces conditions ?
Si l’on tente d’effacer une mémoire ou des mémoires, il est clair que la Commission Vérité et Réconciliation n’aura pas la tâche facile parce que la politique actuelle, cette mémoire forte, essayera de contrôler et de diriger d’une main de maître tout ce processus.
Un autre problème, qui veut aujourd’hui parler de l’assassinat du président Ndadaye puisque certaines élites de l’UPRONA se sont mouillées jusqu’au cou? Et qui veut parler des événements d’octobre – novembre 1993 puisque certaines élites hutu de l’époque se sont mouillées jusqu’au cou? Il n’y a qu’à voir le rôle joué par les administrateurs communaux à cette période. Tout ceci rend mal aisé l’implantation de cette CVR et de son travail : certaines élites ne veulent pas voir en face ce qui s’est passé.
Vous dressez un tableau fort sombre…
Réaliste. L’incompétence et la mauvaise communication politique actuelle de certaines élites conjuguées à la corruption, font que le Burundi ne s’en sort pas. En sciences politiques, la parole d’un dirigeant est importante parce qu’il a le monopole de la violence physique légitime et de la parole d’autorité. Celle-ci doit avoir une forte charge symbolique positive qui n’existe pas aujourd’hui. C’est le cas de Businde et de ce ministre justifiant la vente du Falcon 50, ou encore de cet ancien président du parti présidentiel parlant des journalistes dans une allégorie maladroite : « Gahanga wishwe n’iki ? » Pas rassurant.
Un mot sur la corruption ?
La corruption gagne du terrain, des maisons d’un luxe insolent poussent comme des champignons. C’est peut-être la matérialisation du slogan ’’Twari twaranizwe’’ (Nous étions opprimés). C’est cela les conséquences de la mémoire mal maîtrisée, de la circulation des élites. Il y a un autre problème énorme d’extraction du personnel politique dans la société. Pourtant, le pays en regorge et le pouvoir actuel gagnerait en cherchant un personnel politique beaucoup plus compétent. Il pourrait alors sortir le pays de l’ornière.
Pour inverser la tendance, il faut accepter l’autre comme différent, il faut entendre ici toutes ces voix qui s’élèvent pour dire non. Il faut les accepter positivement, prendre leurs critiques pour des critiques constructives.
Quid de la question ethnique, que certains disent résolue…
Effectivement, pas mal d’analystes avaient cru voir l’avènement de la déconstruction des identités ethniques au profit des identités politiques, partisanes mais ils n’ont plus cette illusion des débuts du pouvoir du CNDD FDD. Ces identités ethniques sont à l’honneur dans certains organes, elles déterminent l’accès au travail dans plusieurs ministères où il y a des postes juteux.
Est-ce que les mécanismes de justice de transition peuvent changer cet état des choses ?
Bien sûr, si ce processus est bien conduit, ces mécanismes peuvent être une forme de remède mais si la question de l’incompétence de certaines élites politiques est résolue. Tout part de là. C’est une nouvelle circulation des élites politiques qui va régler le problème. Et ce sont des élites compétentes, clairvoyantes qui pourront bien gérer cette mémoire mal maîtrisée, source des problèmes que nous connaissons aujourd’hui. La Justice transitionnelle ne peut pas exister sans une bonne gestion de la mémoire, de toutes ces frustrations des élites hutu et d’une grande majorité de Tutsi.
J’estime que même les mots tragédie et crime ne suffisent pas pour décrire ce qui s’est passée en 72 au Burundi…encore moins le mot événement qui renvoit à la banalisation.
Pourquoi ne pas accepter simplement et scientifiquement le mot « génocide » parce que toutes les conditions pour en être un sont remplies pour le cas de 72??? En 93, tous sont morts, tous…Les tutsi ont été massacrés à grande échelle dans certaines provinces du pays et au même moment les hutu ont également été massacrés à grande échelle dans certaines autres provinces du pays…Mais pour les Tutsi, a part quelques moments où ils ont été tués par la rébéllion hutu, Bugendana, Buta, Teza, (après 95), le massacre s’était en quelque sorte arrêté en octobre 93…Mais pour les hutu, la chasse et le massacre des hutus sur toutes les collines du pays et les villes ne se sont arrêtés que plus tard…l’un des derniers grands massacres aura été celui d’Itaba dans la province Gitega…mais des tueries à grande échelle contre les hutu ont été enregistrées ici-et-là à travers tout le pays…des élèves des écoles secondaires, etc…Il ne faut jamais oublié qu’à cette époque 93-2002 l’armée était encore mono-ethnique (tutsi) et cela a des conséquences sur la suite…!
Bref, ce sont toutes ces mémoires qui méritent toute l’attention et guérison…
Malheureusement, la tendance est de nous recroqueviller, même aujourd’hui, dans nos coquilles et nos identités ethniques, ce qui n’avance pas ce beau petit pays. Il suffit d’écouter ce que dit certains Tutsi de l’opposition dite radicale… Quand on peut aller aux Nations Unies pour dire qu’un génocide est en cours au Burundi, c’est tout simplement la négation des vrais drames que le Burundi a connu…Chercher à comparer ce qui s’est passé en 2015 à ce qui s’est passée en 72 ou 93 ce n’est pas une voie pour trouver la solution aux problèmes burundais, mais une destruction de ce pays qui se recherche sur tous les plans.
Je salue en passant l’analyse impartiale du professeur. C’est une analyse que beaucoup ont peur d’exprimer, non pas parce que le danger viendrait du pouvoir CNDD-FDD en place mais tout simplement parce qu’ils ont aussi peur des leurs ( je suis convaincu que le professeur aurait eu des appels ou des contacts des siens (de son ethnie) pour lui dire, Monsieur le professeur, vous avez déconné. Tant mieux si cela n’est pas arrivé, mais si cela est arrivé, c’est aussi cela le mal de ce pays …). Il nous faut des hommes comme Nicodème pour la réécriture de notre histoire.
Salut.
Merci mon professeur. Arusha n’a été rien et ne sera rien. Il faut savoir gérer les mémoires comme le dit mon professeur. c’est cela qui peut sauver le Burundi. Sinon ni l’ONU, ni Arusha peut faire quelque chose. Il faut laisser Jésus ou Mohamand(SWS) et régler la question des mémoires.
Le seul choix pour réussir au Burundi sur tous les plans de développement (Politique, Social, Economiques, culturel) est d’avoir des hommes et des femmes de qualités suivantes:
– capables,
– craignant Dieu,
– intègres,
– ennemis du gain malhonnête (cupidité, corruption).
Tant que le monde continue à rejeter Jésus Christ comme Maître, Sauveur et Seigneur de l’Univers, tout est condamné à l’échec.
Jésus Christ est la Pierre angulaire. Jésus Christ est rejeté raison pour laquelle tous les plans de l’homme tombent à l’eau.
Je l’ai dit, et je le répète: toutes les fois que les gens ignorent les besoins de leurs semblables, les problèmes persisteront. Qui parmi nous ignore qu’un hutu et/ou un tutsi ont la mm couleur de sang? Alors pourquoi refuser la satisfaction d’un besoin à quelqu’un, pour ne satisfaire que celui de ses pairs (de mm ethnie)? N’est ce pas ça un aveuglement absurde, un coeur sans intelligence ? Cette convoitise a été cultivée. Son déracinement nous coûtera cher. Mais avec la volonté et la vision claire, on y parviendra. Seulement, il faut qu’on change de comportement car certains parmi nous affichent des positions radicales. La culture démocratique n’est pas non plus encrée dans bcp de Barundi. quand on s’approche des élections, les esprits chauffent. Pourquoi? Parce qu’on ne veut pas s’approcher de ceux d’ethnie différente pour faire cavalier ensemble. On a un penchant ségrégationniste qu’on n’arrive pas à éradiquer, et qui nous pousse à haïr nos semblables. Faisons attention alors et « ne traitons pas les autres d’une manière qu’on ne veut pas être traité ». Sinon……….
Belle cure pour l’Ame de la Nation Burundaise: la Gestion de la Mémoire et l’Empathie aux souffrances des uns et des autres des fils et filles du Burundi, Création Divine. On ne peut pas enterrer les tortures de l’âme par l’Economie, ni par le mensonge, ni par les armes contre la volonté et l’élevation d’un Peuple. Madame Bagaza Fausta a compris, elle mérite respect et honneur au nom de ses Proches. La Demande de pardon et la reconnaissances du tort à Autrui: Tony Blair l’a fait pour l’Irak, Trudeau pour les Amérindiens du Canada etc. ; D’autres prédateurs burundais ou étrangers le feront aussi car ILs qui ont MEURTI l’Ame burundaise. L’orgueil ethnique et les manipulations étrangères s’émousseront devant la Conscience Humaine et la Vitalité des futures générations qui aspirent à des échanges égalitaires et pacifiques. Ce ne sont ni les armes et l’Economie inégalitaire qui nous Volerons notre Mémoire. Vive la démocratie un homme une voix; et Déroute pour toujours à aux Armes et au Terrorisme contre les électeurs et les élus. Vive la Justice et les Institutions établies par le Peuple et mort aux manipulations qui établissent des institutions fantômes établies par les intérêts contraires au Peuple, qui viennent du Colonialisme et ou Néocolinialistes. Les Fils et Filles du Burundi se moqueront un jour et pour toujours de tous ces Prédateurs internes et externes qui manipulent les ethnies et qui veulent tuer l’élan de l’Ame burundais. Elle est Création Divine comme témoignage universel; mais elle n’est pas une construction des Rapaces des gains et de nos richesses. L’Ame burundaise, la Paix et sa Constance ne sont ni le Fruit des Maths, ni de l’Economie, ni de la Sociologie, ni de la Philosophie moderne. L’Ame burundaise est belle et forte contre Tout Prédateur: l’Histoire en sera Témoin. Les leaders burundais doivent s’y mettre pour LIBERER SON PASSAGE VERS L’ELEVATION, ce ne sont pas les Lobbies de l’ONU ou de l’Occident qui le feront à nos places. La preuve Ils sont insensibles aux Malheurs Burundais depuis des Lustres, ils n’ont fait que protégé leurs marionettes qui ont endueillé l’Ame du Burundi.
Paroles magnifiques que vous venez de dire, mais dans le jeux politique, surtout la contellation actuelle, personne ne voudra entendre ces paroles. Arusha avait donné un cadre qui aurait permis de parvenir à prendre nos mémoire avec un peu plus de lucidité, pour pouvoir les gérer sans qu’elles nous brûlent. À Arusha on avait osé mettre sur la table nos rancoeurs et nos méfiances. Je l’ai dit et le redit, Arusha avait été le possible Burundais et Nkurunziza et sa clique nous l’ont détruit.
Le Burundi doit d’abord bien gérer la mémoire! Je remercie d’abord notre professeur d’avoir partagé ses connaissances et rappelé les principaux événements sanglants, de 1959 à aujourd’hui, et leurs conséquences. Il lance un cadre de réflexion.
Vous dites : « Les Hutus vivaient dans le ressentiment, rongés par une violence intérieure, rentrée. Et comme conséquences, lors de la catastrophe d’octobre – novembre 1993, il y a eu extermination de Tutsi à grande échelle» Et les haut cadres Hutu du FRODEBU assassinés, mon professeur ? Et ces paysans quelques part à Bubanza et ailleurs massacrés par les militaires de Buyoya à grande échelle? Le Burundi a perdu de deux côtés en 1993. Je crois que vous jouez avec des mots.
Gérer la mémoire au Burundi ne peut pas être facile. Et puis, quelle mémoire des Burundais ? Comment cheminer de nos mémoires sélectives vers une mémoire collective sans suivre celle des gagnants au Rwanda? Une mémoire juste et durable n’est pas l’affaire du pouvoir actuel mais c’est celle de la volonté des hutu et Tutsi à vouloir cheminer vers l’avant.
Pour effacer la mémoire concernant nos événements sanglants de 1965,1969, 1972 et etc. les stratèges militant pour l’oublie posent beaucoup d’obstacles et de stratégies qui laisseront les témoins oculaires mourir avant de nous avoir dit ce qu’ils savaient et savent pour l’intérêt de la mémoire. Le jeu est voulu et soutenu. Après Bagaza, Simbananiye mourra sans nous avoir dit la vérité, non plus. Bagaza n’a pas enrichi la mémoire de la vérité et de la réconciliation nationale. Le jeu risque de continuer ainsi. C’est la stratégie.
Par ailleurs, la lueur d’espoir, je ne l’ai pas perdue. Merci à Kaburahe qui a participé à la publication du Journal sur les rapports de Ndayahoze Martin. Merci aux personnes qui ont organisé la journée de souvenir du génocide à Bujumbura. Merci à mes compatriotes de l’ethnie tutsi ayant refusé de suivre Buyoya et Sinduhije vers notre enfer. Merci à la femme de Bagaza, J’espère qu’elle aille plus loin au nom de son mari pour la réunification des Burundais.
Pour terminer, je crois fondamentalement que la mémoire de la vérité sur les événements qui ont endeuillé notre pays ne dépendra seulement du gouvernement actuel, mais surtout de la bonne volonté de tous pour aller vers en avant. Le gouvernement doit en assurer la gestion mais il faut que les burundais le veuillent.
Respect à vous professeur. Très bon article scientifique
Qui dira mieux! Merci Bugwabari
C’est vraiement scientifique
Cet article semble remonter à plusieurs années – il serait intéressant de préciser quand il a été écrit.
Sinon, je trouve ces propos extrêmement intéressants et lucides, et donnés dans une grande absence de parti-pris ou de relativisation. Parole d’umuzungu.
Mes contacts avec le Burundi ont eu lieu essentiellement par l’entremise de personnes d’appartenance hutu, et les allusions, rencontrées çà et là, à un ou des génocides des tutsis m’ont d’abord surprises. Jusqu’à la lecture d’une étude de René Lemarchand, qui m’a fait prendre conscience que le cycle des violences a affecté tout le monde au Burundi, Hutu et Tutsi – tantôt bourreau, tantôt victime.
Cette minuscule expérience personnelle illustre l’effet des mécanismes des mémoire fortes et faibles évoquées dans l’article. Illustre également la nécessité de s’ouvrir à l’histoire de « l’autre », énoncée clairement dans l’article.
Pour le reste, la discussion de la religiosité et du maquis conforte et précise les impressions diffuses que j’ai ramenées de mes visites au Burundi et de la lecture des sites de nouvelles, tant DD-istes que d’oppositions diverses.
Merci à Iwacu de rééditer ce texte important.
Note de l’éditeur
Roger, nous avons précisé que ce sont des analyses produites il ya deux ans. AK
Merci. J’avais lu et enregistré, sans pouvoir retrouver la publication originale.
-rg-
Les Belges ont divisés les burundais et il l’ont fait sciemment, ils savaient ce qu’ils feraient et les conséquences .Maintenant ces mêmes Belges ou blancs veuelent se donner le rôle de sapeur pompier, d’aideur alors qu’ils ont soigneusement préparer la haine exactement comme satan le fait, ils veulent porter les habits d’anges alors ce sont des loups.
Bien dit scientifiquement. Je propose au prof de rédiger un condensé « en français facile » et de trouver un moyen de le transmettre à Pierre Nkurunziza si jamais ce dernier pouvait accepter de le lire. Au Burundi, les seules bonnes idées qui comptent sont celles qui rapportent de l’argent et rapidement. Dommage.
Cher professeur,
Un grand merci pour votre analyse, lucide je dois dire…
Un petit complément à votre analyse pour vous dire que le Burundi doit d’abord bien gérer, non pas la mémoire, mais les mémoires. Je précise ici que les mémoires ne sont pas antagonistes mais peuvent l’être si effectivement, ils sont mal géré.
Sinon, une simple invitation pour ne pas dire » evenement » mais tragédie, crimes, tout ce que vous voulez sauf événement, mot longtemps utiliser pour parler de qui s’est passé durant cette période. Le mot peut être compris comme une forme de banalisation.
Meilleures salutations
Merci Antoine de raffraichir les mémoires avec cette contribution de Mr Bugwabari.
Heureusement que ce professeur est intelligent. Il pourra décoder votre message.
Rien à décoder !
Vous avez raison. C’est à recadrer au moins au niveau de la forme. Si vous doutez, relisez-le.