Mercredi 25 décembre 2024

Société

Grâce à Rusumo, des vies sauvées à Busoni et Giteranyi

19/03/2024 1
Grâce à Rusumo, des vies sauvées à Busoni et Giteranyi
Cathérine Nsabimana : « Pour arriver à Gatare, le prix du ticket était d’au moins 3 000BIF pour les voitures ou 4 000BIF pour la moto. A pied, le trajet nous prenait plus de deux heures. »

Construction des centres de santé et alimentation en eau potable. Telles sont quelques-unes des réalisations du LADP (Local area development Plan), un projet connexe au projet hydroélectrique régional Rusumo Falls. Désormais, plus de 16 mille habitants de la commune Busoni en province de Kirundo bénéficient facilement des soins de santé et de l’eau potable. Un effectif de gens assez important en profite aussi à Muyinga.

« Que Dieu bénisse ceux qui ont construit ce centre de santé. Ils nous ont sauvés. Car, avant, c’était très difficile de se faire soigner. Pour arriver à un centre de santé, on faisait plus de 10 km. Mais, aujourd’hui, c’est tout proche. Même pendant la nuit, on y va et on est accueilli et soigné », se réjouit Joselyne Nibitanga, 18 ans, native de la colline Rwibikara.

Rencontrée au CDS (Centre de santé) Bishisha (Rugando), commune Busoni, elle reconnaît d’ailleurs qu’elle a failli mourir n’eût-été l’existence de ce CDS : « J’étais venue pour accoucher. Et la situation s’est compliquée. On m’a évacuée à bord d’une ambulance vers un hôpital. »

Catherine Nsabimana, 51 ans, une mère de cinq enfants ne cache pas aussi sa satisfaction : « Avant, je me faisais soigner au CDS Gatare ou à Marembo. Mais, c’était très loin. Aujourd’hui, même le soir, quand moi ou mon enfant nous nous sentons mal, nous venons directement ici. »

Elle ajoute que pour arriver à Gatare, le prix du ticket était d’au moins 3 000BIF pour les voitures ou 4 000BIF pour la moto. « A pied, le trajet nous prenait plus de deux heures. Ce qui était très compliqué chez les femmes enceintes et les personnes âgées », raconte-t-elle.

Même joie chez Annonciata Miburo, 45 ans et mère de quatre enfants. Elle confie qu’avant la venue du CDS Bishisha, elle faisait trois heures à pied pour aller se faire soigner. « Toute une journée pouvait s’écouler sans retourner à la maison. Mais, aujourd’hui, cela ne me prend que dix minutes de marche », se réjouit-elle. Elle précise qu’avant, beaucoup d’enfants ne bénéficiaient pas de vaccins. « Mais, aujourd’hui, aucun enfant n’y échappe », reconnaît-elle avant d’ajouter que la santé des populations ne cesse de s’améliorer.

Des responsables sanitaires se réjouissent aussi. Le prénommé Jean-Baptiste, directeur du CDS Bishisha reconnaît par exemple que grâce à ce centre, des cas de malaria et des patients qui souffrent des vers intestinaux ont chuté. Inauguré en 2020, il indique qu’actuellement, ce centre de santé sert 16 786 personnes originaires des collines Rwibikara et Gatete. Il emploie 17 personnes dont 4 salariés de l’Etat et 13 contractuels.

Les services y offerts sont ; Consultation curative ; Accouchement ; Hospitalisation ; Vaccination des enfants ; Tests de grossesse ; Méthodes contraceptives ; Laboratoire ; Dépistage du VIH-sida et octroi des antirétroviraux et bien d’autres services.

A titre indicatif, il souligne qu’on enregistre entre 20 et 30 cas d’hospitalisation par mois. De son côté, Apollinaire Ndibanje, aide-soignant au service Vaccination signale qu’avec ce CDS, les enfants ne ratent plus les rendez-vous de vaccination : « Les mères avaient des difficultés pour faire vacciner leurs enfants parce que le trajet était long. Une mère pouvait passer toute une année sans faire vacciner son enfant. » Il se réjouit du fait que c’est grâce à ce CDS qu’il a eu du travail.

Giteranyi jubile aussi

En commune Giteranyi, province de Muyinga, c’est aussi la joie après la construction du Centre de santé Bugoma (CDS Bugoma). « C’est vraiment aujourd’hui facile de se faire soigner. Le trajet n’est plus long et fatiguant. Merci à ceux qui ont pensé à nous en installant ce centre de santé ici. Beaucoup de personnes ont été sauvées », confie la prénommée Adelaïde, la trentaine.

Quand nous l’avons croisée, elle accompagnait sa fille pour accoucher. Elle avoue qu’avant, beaucoup de gens recourraient aux guérisseurs. Et de faire savoir que « beaucoup de femmes accouchaient à la maison. Plusieurs cas de décès étaient enregistrés puisqu’on avait un seul centre de santé, à Ruzo. »

Pour y arriver on devait faire au moins 6 km. Il en était de même pour accéder au CDS Kidashi. Afin d’atteindre le CDS Nomye ou celui de Giteranyi, elle précise que le trajet était d’au moins 8 km.

Elle informe par ailleurs que le CDS Bugoma est venu à point nommé : « Il y avait beaucoup de cas de malaria. C’était difficile de faire vacciner nos enfants, des échographies obstétricales, etc. »

Ce qui est confirmé par Vénuste Vyamungu, gestionnaire de ce CDS. Ouvert fin 2021, il affirme que ce CDS est très fréquenté : « Par mois, on accueille au moins 25 femmes pour l’accouchement ; autour de 110 femmes pour les échographies obstétricales ; 3 000 patients en consultation. » Il précise qu’ils viennent surtout des collines Bugoma, Rusenyi, Kabira, Kagugo et Rukungere.

Il ajoute qu’on reçoit aussi beaucoup de femmes en quête des méthodes contraceptives. Il se réjouit qu’avec l’ouverture de ce CDS, des cas de malaria ont sensiblement chuté avec des chiffres à l’appui. « En 2022, on pouvait accueillir plus de 1 800 cas de paludisme, exceptés ceux détectés par les agents de santé communautaire dans les ménages. Mais, avec l’octroi des moustiquaires et le travail de ces agents, les cas de malaria sont rares. »

Il signale que ces agents de santé communautaire passent dans tous les ménages pour vérifier si réellement on utilise les moustiquaires. « Nous leur avons appris aussi comment faire le test de la malaria. Et ils ont un équipement nécessaire pour cette opération », explique-t-il, notant au passage qu’avant l’installation de ce CDS, cela ne se faisait pas.

Besoin de clôtures en dur

Les deux CDS (Bishisha et Bugoma) ont été également équipés en matériel par le projet Rusumo. Il cite notamment des lits, des matelas, des appareils de laboratoire, des tables d’accouchement, des tenues médicales ; des chaises et tables de bureaux ; des lampes de réanimation.

Chaque CDS dispose également d’une petite morgue, d’un incinérateur et d’un home pour le staff. Ils sont tous éclairés à l’aide des plaques solaires.

Que ce soit au CDS Bishisha ou à celui de Bugoma, les gestionnaires formulent quelques requêtes. Jean-Baptiste Bivugire demande qu’on puisse leur construire une clôture appropriée en matériaux durs. Il évoque aussi le cas d’un séchoir pour que les malades aient où sécher leurs habits. Le CDS a aussi le besoin d’un moyen de déplacement. « Nous avons besoin d’une moto ou d’un véhicule pour le ravitaillement en médicaments, en vaccins et en d’autres fournitures médicales »

La construction d’une clôture est aussi sollicitée par Vénuste Vyamungu, gestionnaire du CDS Bugoma, à Giteranyi. En effet, motive-t-il, en cas de cotation, l’état de la clôture leur fait perdre des points. Comme la clôture qu’ils ont pour le moment est très perméable, des bandits la franchissent pour voler des tuyaux et des matelas pendant la nuit.

Il ajoute aussi que comme ce CDS a travaillé deux mois avant d’être reconnu officiel, les prestations pour cette période n’ont pas été payées par l’Etat. Le manque équivaut à six millions de BIF.

Ce qui fait qu’aujourd’hui, le CDS a une dette de 11 millions de BIF. « Car, nous prenons les médicaments à crédits. Nous espérons qu’avec mars, nous pourrons rembourser 7 millions de BIF pour rester avec une dette de 4 millions de BIF. Si on pouvait nous aider à liquider cette dette, cela nous arrangerait », lance-t-il.

D’après Epimaque Murengerantwari, coordinateur du projet LADP, le coût de construction pour les deux CDS est de 572 648 dollars américains tandis que les équipements déjà octroyés ont coûté 134 409 dollars américains.

Et l’eau potable ?

Un des robinets installés sur la colline Bishisha, à Busoni, dans le cadre du projet LADP

« Plusieurs facteurs contribuent à l’amélioration de la santé de la population. Et là, l’eau potable est un des éléments importants pour améliorer leur bien-être », affirme Epimaque Murengerantwari.

C’est ainsi qu’à Busoni, province de Kirundo, un programme d’adduction d’eau potable a été initié. « Nous avons deux réseaux : celui de Bishisha où on fait le forage du lac Cohoha. La destination finale étant le poste frontière de Gasenyi-Nemba. »

Concernant le 2e réseau, il parle du captage des sources et de l’installation des pompes pour acheminer l’eau jusque dans un réservoir de Murore. L’eau est alors acheminée jusqu’au centre de Kabanga.

Il indique que les deux réseaux fonctionnent normalement même si du côté de Bishisha, on a constaté un problème de la qualité de l’eau. « Après analyse, nous avons remarqué que l’eau contient beaucoup de sel. Et en collaboration avec la Regideso et AHAMR (Agence burundaise de l’hydraulique et de l’assainissement en milieu rural), nous avons fait le traitement pour résoudre ce problème. Et c’est réussi. » se réjouit-il.

Il précise que le pompage se fait à l’aide de l’énergie solaire. Cela se fait 24h/24h, M. Murengerantwari annonce qu’une ligne électrique est en cours d’installation vers la station de pompage. « Nous espérons qu’en avril ou mai, tout sera réglé et la région aura une quantité d’eau potable suffisante », rassure-t-il.

Le coût de ces travaux d’adduction en eau potable à Busoni est de 907 390 dollars américains d’après les données du projet LADP.
Il s’agit d’un ouf de soulagement pour les bénéficiaires. « Nous disons vraiment merci. Et pour cause, avant, on puisait l’eau pendant la nuit, dans le lac à Gatete. On partait à 1h du matin pour revenir à l’aube. Nous courions beaucoup de risques. Car, nous étions obligées de passer par les petits sentiers, dans la brousse, en pleine obscurité », raconte Annonciata Miburo, 45 ans.

Cette mère de quatre enfants, habitante de la colline Bishisha indique qu’aujourd’hui, elle peut puiser 5 ou 6 bidons dans un laps de temps alors qu’avant, un seul bidon lui coûtait des heures de marche. L’eau n’était pas non plus propre ni potable. « Nous n’avions pas de choix. Mais, aujourd’hui, elle est de bonne qualité. On ne craint désormais rien pour notre santé. Et c’est gratuit.»

En cas de pannes d’un robinet, Mme Miburo salue l’intervention rapide de l’administration pour la réparation. Le prénommé Bosco, un homme de cette même localité, est lui aussi satisfait. « Ils nous ont sauvés. Nos enfants souffraient beaucoup de vers intestinaux parce qu’on consommait l’eau impropre. Mais, aujourd’hui, elle est potable et l’alimentation est permanente. »

Il se souvient que c’était un vrai calvaire pour avoir de l’eau : « A vélo, on faisait entre 3 et 4 heures pour un aller-retour. A pied, c’était au-delà de six heures pour puiser de l’eau. C’était très fatigant et risquant parce que les femmes et les jeunes filles allaient puiser pendant la nuit. »

Aujourd’hui, il demande que même les anciens robinets qui ne sont pas dans le cadre du projet LADP soient fonctionnels.

eau

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Anonyme

    Quand on lit ceci on se dit: « au moins ça !. » On a petit brin de lueur d’espoir sur le visage.
    Reste que les montants font réfléchir, beaucoup trop grands comparés à la description de ce qui a été fait. Au moins, beaucoup de bien pour la Population comparé à ce qu’elle vivait avant.

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