Mercredi 07 août 2024

Société

Giteranyi : Grâce à Rusumo Falls, le secteur éducatif se rajeunit

06/08/2024 1
Giteranyi : Grâce à Rusumo Falls, le secteur éducatif se rajeunit
Vue partielle des nouveaux locaux de l’Ecofo Ngomo

Construction de nouvelles écoles, des bureaux pour les directeurs, des salles pour les enseignants ; octroi des équipements, … Telles sont certaines œuvres dont bénéficie amplement la commune Giteranyi de la province de Muyinga de la part du projet hydroélectrique régional Rusumo Falls. Le montant global utilisé est estimé à plus d’un million de dollars. Un ouf de soulagement pour les bénéficiaires.

En tout, quatre écoles fondamentales ont été construites dans cette commune. Il s’agit du cas de l’Ecofo Ngomo, dans la zone Masaka, colline Ngomo. « Neuf salles de classe, un bureau pour le directeur, une salle pour les enseignants, des toilettes pour filles et d’autres pour garçons ont été érigés. Ils sont prêts à recevoir les élèves dès la prochaine rentrée scolaire », confie Epimaque Murengerantwari, coordinateur du projet LADP (Local area development plan).

Cette école se trouve à environ 30 km du chef-lieu communal, près de la frontière burundo-rwandaise. Le coût des travaux et des équipements équivaut à 355 846 dollars américains.

Il y a aussi l’Ecofo Kabira, dans la zone Ruzo. C’est à environ 12 km du chef-lieu communal. « Là, six salles de classe, un bureau du directeur, une salle pour les enseignants, des sanitaires pour les filles et d’autres pour les garçons ont été construits. Le coût des travaux et des équipements est de 291 066 dollars américains », précise M. Murengerantwari.

Toujours dans la commune Giteranyi, sur la colline Kagugo, zone Ruzo, une autre école a été érigée. Il s’agit de l’Ecofo Kagugo où neuf salles de classe, un bureau du directeur, des toilettes pour filles et d’autres pour garçons ont été construits avec un coût de 345.248 dollars américains, les équipements y compris.

A Karugunda, presqu’à 1,5 km du chef-lieu communal, Epimaque Murengarantwari indique qu’une autre école y a été bâtie. C’est l’Ecofo Karugunda avec six salles de classe, un bureau du directeur ainsi que les toilettes pour les filles et celles pour les garçons. Le coût des travaux et des équipements est de 295 702 dollars américains.

En ce qui est des équipements, M.Murengerantwari signale que chaque nouvelle école a reçu aussi des bancs pupitres, des ordinateurs et des imprimantes. « Comme toutes ces écoles ont des cantines scolaires, des cuisines, des réfectoires ainsi qu’un endroit pour le stockage ont été également installés. Pour faire fonctionner ces ordinateurs, ces imprimantes et d’autres équipements qui demandent du courant électrique, des plaques solaires ont été installées. »

Il précise par ailleurs qu’à côté des toilettes pour les enfants, des lieux d’aisance pour le personnel ont été aussi aménagés. « On y a aussi installé des étangs pour la conservation d’eau afin d’améliorer les conditions hygiéniques au sien des écoles. » Toutes ces écoles sont dans la phase II du LADP.

Les bénéficiaires directs jubilent mais…

A l’Ecofo Ngomo, à l’intérieur des anciennes salles de classe, les conditions d’hygiène et d’apprentissage étaient déplorables

Que ce soit chez les enseignants ou chez les parents, c’est un ouf de soulagement. « C’est vraiment une action très louable que Rusumo Falls vient de réaliser sur notre colline. Suite à l’état défectueux des anciennes salles de classe, beaucoup de parents ne préféraient plus amener leurs enfants ici. Ils craignaient pour leur sécurité surtout en cas de pluie », confie Alexis Niyiragira, maître responsable à l’Ecofo Ngomo, une succursale de l’Ecofo Gasenyi.

D’après lui, il y avait beaucoup de problèmes liés à l’hygiène : manque d’eau, absence de toilettes pour les enseignants, etc. « On travaillait dans des conditions très dures et déplorables. »
Avec 15 ans d’expérience à cette école, il signale que cet établissement n’avait que cinq salles de classe construites en brique adobe et non éclairées pour 376 écoliers. « 164 écoliers de la 1ère année avaient été répartis en deux groupes, un pour l’avant-midi et un autre pour l’après-midi. La cause étant le manque de locaux. » Il en était de même pour la 2e année avec 121 enfants. Ceux de la 3e et de la 4e années avaient été contraints d’être déplacés vers l’Ecofo Gasenyi qui est la Direction mère.

Cela provoquait des conditions de travail très déplorables pour les enseignants. Pour tenir une réunion du personnel, M. Niyiragira affirme que c’était un sérieux problème : « On s’abritait sous un arbre ou dans une petite cuisine. C’est là qu’on mettait des bancs pupitres pour échanger sur la vie de l’école. Honnêtement, c’était inconfortable et honteux. Mais, aujourd’hui, il existe une salle pour les enseignants. »

A cette école, tous les enfants partageaient quelques trois petites toilettes mal construites et incommodantes. Il n’y avait pas de séparation des filles et des garçons ni d’eau potable. Afin de préparer la nourriture, les écoliers étaient obligés d’aller puiser de l’eau dans le lac Rweru.

Quid des lieux d’aisance pour le personnel ? Alexis Niyiragira semble être gêné. Après quelques minutes d’hésitation, il avoue que c’était un vrai calvaire. « Je ne vois pas comment décrire cela. Quand un enseignant avait besoin de se soulager, c’était vraiment difficile. On se débrouillait à côté ou dans les ménages environnants. », fait-il savoir.

Il fait observer que ces mauvaises conditions de travail avaient de sérieuses conséquences sur le taux de réussite. « Les enfants n’avaient pas de courage. Ils se sentaient presqu’abandonnés. Cinq enfants voire plus se partageaient un même banc pupitre »
Sans préciser le nombre, il signale que les abandons étaient fréquents. « C’était surtout les garçons qui partaient pour la pêche dans le lac Rweru. »

Il souligne qu’on observe déjà une grande affluence pour la prochaine rentrée scolaire. « En 1ère année seulement, à la mi-juillet, j’ai déjà inscrit 146 enfants. Vous comprendrez qu’au début de l’année scolaire, ils seront beaucoup plus nombreux. »

Les parents ne cachent pas aussi leur satisfaction. Joselyne Manirambona, une mère d’une trentaine d’années signale qu’auparavant, en cas de pluie, des enfants sortaient en courant craignant que la toiture ne s’écroule sur eux. « Comme ils étaient nombreux sur un seul banc pupitre, certains enfants étaient obligés d’écrire assis à même le sol en se tenant sur leurs genoux. C’était vraiment comme dans la brousse. Merci beaucoup au projet Rusumo. Nos enfants vont désormais étudier dans de bonnes conditions et bien réussir. », se réjouit-elle.

Léonard Habonimana, un autre parent de la colline Ngomo est aussi satisfait. « Vraiment, j’apprécie ce travail. Nos enfants vont enfin étudier en sécurité. Avec les anciennes salles de classe, en cas de pluie, les enseignants étaient obligés de laisser les enfants rentrer pour éviter des accidents. Ils perdaient énormément de temps pendant la saison pluvieuse. Même nous les parents, étions inquiets. », souligne-t-il.

Il rappelle que suite à cet état des anciens locaux, un jour, un mur s’est écroulé et des enfants ont été blessés. Il critique aussi les conditions d’hygiène à cette école avec les anciennes salles de classe. « On était d’ailleurs obligé de laver les uniformes presque tous les jours parce que nos enfants étudiaient dans des locaux poussiéreux et non cimentés. Mais, avec ces nouvelles salles de classe, sûrement que nos enfants vont rester propres. »

A Kabira, c’est aussi la joie. Béatrice Mukawega, une mère d’un écolier de la 4e année à l’Ecofo Kabira apprécie beaucoup la construction de cette école. « C’est vraiment une bonne chose pour nos enfants. »

Cependant, elle se soucie des conditionnalités pour avoir accès à ces nouvelles salles de classe. « Lors de la proclamation des résultats, on nous a dit qu’un enfant qui n’a pas d’uniforme ou de souliers ne va pas entrer dans ces nouvelles salles de classe. On nous a aussi annoncé qu’un enfant de la 5e aura désormais au moins 17 cahiers, une sacoche, etc. Un vulnérable ne peut pas avoir tout cela. Ce qui signifie que pour celui qui a deux ou trois enfants, ces derniers vont tout simplement rester à la maison. »

Elle demande ainsi au projet Rusumo de leur venir en aide pour avoir ce matériel scolaire exigé. C’est la même requête chez Jérémie Nyabenda, un père de trois enfants qui étudient à cette école. Il trouve qu’il faut laisser tous les enfants y avoir accès sans poser beaucoup de conditionnalités. « Beaucoup de familles sont dans la pauvreté. Elles ne peuvent donc pas avoir tout ce matériel d’un coup. »

Satisfaction au niveau de l’administration

Pour Floride Nduwayezu, administrateur de la commune Giteranyi, ces infrastructures scolaires vont sans doute améliorer les conditions d’apprentissage et booster le taux de réussite. Elle signale que sa commune avait un effectif pléthorique dans les salles de classe. Elle reconnaît en outre que les anciennes salles de classe ne remplissaient pas les conditions requises. « En fait, la plupart avait été construite lors des travaux de développement communautaire avec des outils et matériaux rudimentaires. Juste des briques adobes et sans ciment. »

De son côté, Jokia Jadot, directeur communal de l’Enseignement remercie lui aussi le projet Rusumo pour ces écoles construites. En plus d’être des locaux modernes, il apprécie beaucoup la construction des réfectoires, des stocks et des bancs sur lesquels les enfants vont s’asseoir pour manger. Il estime que la question des effectifs pléthoriques dans les salles de classe va trouver une solution. Il précise que l’effectif moyen était de plus de 100 élèves pour chaque classe. « Avec ces nouvelles écoles, les enfants se retrouveront dans de bonnes conditions. Ce qui va augmenter le rendement. »

Réagissant aux lamentations de certains parents de Kabira, il souligne que porter des uniformes et des souliers à l’école est une bonne initiative et de surcroît réalisable. Il donne l’exemple de la commune Gashoho de la province de Muyinga. « Le port des uniformes et des souliers est obligatoire. Quand tu croises ces enfants, c’est vraiment agréable à voir et ça renforce la propreté. »

Et de tranquilliser les parents. « Cette mesure s’applique pour les enfants de la 7e année et plus. Or, ces derniers portaient déjà des chaussures. Cela ne doit pas être un objet de polémique. L’application se fera progressivement et nous sommes en train de sensibiliser les concernés. »

Il rejette aussi l’idée selon laquelle les familles sont pauvres. « C’est faux. Peut-être ils ne comprennent pas le bien-fondé de cette mesure. Mais, si on regarde dans les ménages, la production a été bonne. Acheter des uniformes et des chaussures à ton enfant ne devrait pas être un problème ou un souci. »

Il pense que le secteur éducatif dans la commune Giteranyi a besoin d’autres appuis. « Il y a d’autres collines qui ont besoin de salles de classe. Si le projet Rusumo est encore opérationnel, nous lui demandons de poursuivre la construction d’autres écoles. »

Pour lutter contre le chômage, Rusumo Falls a installé aussi un centre de formation entrepreneuriale à Mugano. Le coût des travaux et des équipements est de 109 425 dollars américains.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Nkanira

    Qui assumera les coûts d’entretien pour maintenir ces infrastructures en bon état de fonctionnement ? Le volet « Maintenance » est souvent oublié et les beaux équipements se dégradent malheureusement en peu d’année. Y penser dès maintenant.

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