Suite à une nouvelle réglementation sur l’exploitation des mines et des carrières, les Batwa de Zege n’ont plus accès à l’argile, leur seule source de survie.
Selon cette catégorie de la population burundaise, les gouvernements qui se sont succédé n’ont rien fait pour que les Batwa vivent comme les autres Burundais à part entière. Ils font savoir que la poterie est la seule source de revenu pour eux.
« S’ils nous empêchent de nous procurer de l’argile, que vont devenir nos enfants ? Nous allons lutter jusqu’au dernier », fulmine Sylvana.
Pour ces familles batwa, ces mesures de l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) visent à les discriminer. D’après eux, la poterie est un art ancestral qui leur a permis de survivre. Pour Margueritte, une maman de 6 enfants, toute sa vie est liée à la poterie.
« Nous n’avons pas de terre à cultiver, nous avons toujours mangé après avoir vendu les pots. » Elle dit qu’elle a été surprise par un groupe de jeunes gens qui l’ont empêchée de creuser l’argile. « Maintenant nous devons nous cacher la nuit pour creuser. »
Dans ce combat pour l’argile, même les hommes sont pour la levée de boucliers. « Nous devons défendre nos droits sinon nous allons disparaître», a observé un homme d’une trentaine d’années.
« Nous sommes acculés à voler ! »
L’Union chrétienne pour l’éducation et le développement des déshérités (UCEDD) crie au scandale. D’après Innocent Mahwikizi, coordinateur national, ces mesures viennent enfoncer de plus en plus les Batwa. Il indique qu’il fallait d’abord analyser les conséquences qu’elles entraînent sur la vie de la population batwa.
« En plus d’être leur source de vie, la poterie fait partie de leur culture. Avec ces mesures, c’est toute une communauté qui va disparaître. », Il souligne que les Batwa n’ont pas de terre à cultiver comme les autres composantes de la population.
« Nous empêcher de faire la poterie, c’est de nous condamner à mourir ou voler. »
Dans l’administration, le ton est plutôt mobilisateur. Selon Venant Manirambona, gouverneur de la province de Gitega, cette question n’est pas fondée. Il déclare que les Batwa sont des Burundais comme les autres et devraient s’initier aux autres activités de développement au lieu de se tenir à l’écart des autres.
« Ces mesures ne discriminent personne. Au lieu de s’apitoyer sur leur sort, ils devraient faire d’autres activités et ne pas s’accrocher sur la poterie qui ne donne presque rien. »
Devant cette situation, les Batwa indiquent qu’ils vont s’inscrire en faux contre ces mesures. Ils font appel aux élus batwa pour plaider leur cause.