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Société

Gitega/ VBG : les jeunes filles plus exposées

19/12/2018 Commentaires fermés sur Gitega/ VBG : les jeunes filles plus exposées
Gitega/ VBG : les jeunes filles plus exposées
Cette fille en uniforme d’écolière, qui va vendre des légumes, sera plus tard embauchée comme nounou dans un quartier de la ville.

Avec le développement des villes, les jeunes filles quittent les campagnes et abandonnent l’école pour aller se faire embaucher comme nounous. Elles sont parfois maltraitées et payées un salaire de misère. La plupart de gens pointent du doigt les femmes d’être à l’origine de ces violences.

« A chaque fois qu’une femme met au monde un bébé, c’est une petite fille qui abandonne l’école », fustige Célestin un habitant de Shatanya. Dans la ville de Gitega, les nounous viennent des provinces de Karusi, Ruyigi et Muramvya. La plupart ont entre 14 ans et 15 ans, tranche d’âges très préférée par les mamans qui ont besoin des bonnes pour la garde de leurs bébés. Ces jeunes filles font tous les travaux domestiques malgré leur jeune âge. Cherchant à tout prix à garder leur emploi et aussi la peur de leurs patronnes, elles s’attèlent sur tous les travaux qu’on leur demande de faire. A l’insu de leurs employeurs, beaucoup d’entre elles indiquent qu’elles sont exploitées.

« C’est ma mère qui m’a envoyée ici par l’intermédiaire d’une autre femme. J’étais en 4ème année primaire », explique Rose, une domestique de Yoba. D’après elle, elle n’a jamais touché le salaire depuis cinq mois qu’elle a quitté sa colline natale de Nyabikere.

« C’est ma mère qui empoche tout. A chaque fin du mois, elle s’arrange pour venir récupérer mon salaire.»

Les nounous interrogées disent que ce sont principalement les femmes qui les maltraitent. La plupart des patronnes cherchent les moins exigeantes. Au lieu de majorer le salaire, elles chassent l’ancienne bonne pour embaucher une nouvelle qui ne demande pas beaucoup.

« La plupart de nounous finissent dans la prostitution »

Après leur renvoi du travail, ces filles qui sont devenues grandes ne retournent pas à la campagne. Sans expérience de travailler la terre, et parfois avec un bébé issu des relations avec les grooms ou les taxis motos, elles préfèrent rester en ville. D’après nos enquêtes, la majorité d’entre elles viennent grossir les rangs des prostituées dans les quartiers populaires. Leur nombre n’est pas connu, mais chaque soir, certaines ratissent les bistrots et les autres qui n’ont pas les moyens de s’offrir la première bouteille, rodent tout autour de ces lieux fréquentés. Anna une ancienne domestique témoigne : « Je suis venue en ville à l’âge de 1 3ans sous les ordres de ma mère pour travailler comme domestique dans une famille originaire de chez nous. Après deux ans j’ai changé d’employeur pour aller à Bujumbura. En tout, j’ai travaillé dans 10 familles différentes mais durant toutes ces années, je n’ai jamais gagné plus de 20mille Fbu par mois.»

Selon Anne, la vie qu’elle mène aujourd’hui résulte des conditions dans lesquelles elle a évolué depuis le jour où sa mère, en complicité avec son ancienne patronne, l’a arrachée du banc de l’école.

Et d’ajouter : « Nous nous sommes retrouvées avec des bébés qui ne sont pas reconnus par leurs papas. Pour survivre, nous sommes obligées de pratiquer la prostitution. »

Il est à noter que les 15 jours d’activisme pour lutter contre les violences faites aux filles et aux femmes a pris fin lundi 10 décembre à Gitega.

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