L’Hôpital régional de Gitega, longtemps sous-estimé par les patients, redore son blason petit à petit. Les patients saluent la qualité des soins, surtout les techniques nouvelles en gynécologie.
Il y a peu de temps, la population de Gitega se méfiait de cet établissement sanitaire. Pour elle, l’hôpital était malade plus que ses patients. Les conditions environnementales laissaient à désirer. Pour beaucoup, venir dans cet hôpital était considéré comme venir dans un mouroir. Aujourd’hui, le lieu est propre, le personnel est accueillant et les malades y affluent. La plupart des patients qui y ont séjourné affirment qu’il y a eu des changements que ce soit au niveau des soins et de la propreté des locaux.
« Aujourd’hui, il y a une grande différence en rapport avec les jours passés. Même dans les salles communes, la propreté est significative », a confié une dame rencontrée à l’entrée. Selon elle, pour y passer une nuit, il fallait avoir un nez bouché. Il y régnait des odeurs nauséabondes. Les malades se muaient en foyers de contamination, au point qu’ils y attrapaient d’autres pathologies. Même le personnel de cet hôpital ne songeait pas à y interner leurs parents ou leurs proches.
«Nous savions nos limites, se faire soigner ici était très oser de peur qu’on attrape des maladies nosocomiales (infections contractées par les patients au niveau des hôpitaux), a indiqué un infirmier sous anonymat.
D’après ces malades, cette institution médicale offre aujourd’hui un environnement assaini aux patients. Selon des témoignages, pour quelqu’un qui a des moyens, il fallait aller vers les hôpitaux privés. Pour Dr Jacques Nduwimana, médecin directeur de cet hôpital, le pas franchi a été le fruit des efforts du personnel soignant et administratif.
« Nous ne faisons pas des sondages pour savoir si nous sommes appréciés ou pas mais nous le constatons au niveau du nombre des malades qui viennent à nous », a-t-il fait savoir. Selon ce médecin directeur, en plus du changement de comportement, l’hôpital traite les différents cas de maladie qui auparavant étaient traités uniquement à Bujumbura ou dans les hôpitaux de la sous-région. Et d’ajouter : « En plus des médecins burundais, nous bénéficions d’une assistance chinoise en matière de chirurgie, maternité, etc. »
Des pratiques innovatrices
En plus des opérations chirurgicales spécialisées comme l’orthopédie, ophtalmologie, ORL, on y pratique également une technique nouvelle au Burundi : la suture B-Lynch ou procédure B-Lynch. Aidé par son interprète, Dr Li Wen Yuan qui l’a utilisé sur une patiente il y a 1mois, a souligné que c’est une pratique nouvelle.
« Elle est utilisée pour comprimer mécaniquement un utérus souffrant d’une hémorragie de la délivrance. Elle permet d’arrêter une hémorragie de la délivrance et préserver potentiellement la fertilité de la patiente », explique-t-il.
D’après les membres de cette 18ème mission médicale chinoise en provenance de l’hôpital de Qing Hai, certes ils participent à l’amélioration des soins mais ils sont épaulés par les médecins locaux.
« Ils sont toujours à nos côtés et assimilent vite malgré la fatigue et le nombre des malades. C’est encourageant et nous sommes confiants qu’ils continueront à donner le maximum d’eux-mêmes quand nous ne serons plus là », a précisé Li Yan Fa, chef de la mission des médecins chinois. Il a affirmé en outre que lui et ses compatriotes sont en train de préparer un manuel de formation sur les nouvelles techniques chirurgicales pour beaucoup de médecins burundais surtout ceux de Gitega. Avec ces différentes opérations qui coûtaient énormément cher aux malades, la population se frotte les mains.
« C’est beaucoup mieux. Personne ne prédisait une guérison pour moi mais je suis bien portante. Et en plus elle ne m’a pas coûté cher », a souligné une mère de 6 enfants alors que ses proches cherchaient à l’emmener à Bujumbura.