En plus de la hausse des prix sur les produits de première nécessité, les commerçants trafiquent leurs instruments de pesage en diminuant des centaines de grammes sur les quantités achetées. Les clients constatent avec amertume cette tricherie sans possibilité de contester.
Dans les boutiques ou aux marchés, les commerçants viennent de plus en plus astucieux. Peut-être qu’ils ne sont pas tous qui trafiquent leurs instruments de pesage mais la majorité en ont l’habitude. Ils ont déjà pris goût à ponctionner sur les marchandises qu’ils vendent comme le soulignent plusieurs personnes interviewées ce mardi dans la ville de Gitega.
Selon elles, il est devenu une habitude pour la plupart des commerçants. Ils possèdent deux types de balances, celle qu’ils sortent lorsqu’ils achètent et celle pour mesurer les produits vendus.
« Il n’y a rien à dire, c’est du vol qualifié. En plus de vendre plus cher, ils se permettent de nous donner 2 ,5 kg alors qu’on a acheté 3kg de riz .C’est dégoûtant ce qu’ils nous font », déplore une femme qui affirme qu’elle ne peut rien faire tant qu’elle était déjà arrivée à la maison. Selon cette mère de famille, elle a voulu vérifié ce que son employé de maison lui disait tous les jours que les balances sont truquées.
« Nous n’avons pas de balance chez nous, mais nous avons des gobelets correspondant à un kilogramme ou 500 grammes. Je n’arrêtais pas de soupçonner ma femme de ménage de gaspiller le stock mais je suis tombée des nues quand j’ai remarqué que le mal vient d’ailleurs », ajoute -t-elle.
Aujourd’hui, cette habitante de Yoba n’est pas la seule personne à pointer le comportement malhonnête des commerçants. Beaucoup soulignent que cette habitude est vieille comme le monde et qu’il est parfois difficile de la combattre.
Même s’il y a des contrôles, malheureusement rares, le respect de la règlementation est éphémère. La garantie aux consommateurs que la quantité achetée est bien celle vendue n’existe plus. On n’achète sachant que des centaines de grammes manquent.
« A Qui faire confiance ou pas ? On dirait que c’est la règle, le plus sérieux te vole 50 grammes pour 1000 grammes. Et ce commerçant peut être décoré de la médaille de l’honnêteté », plaisante Tharcisse de Nyabututsi tout en demandant que les instruments de pesage des commerçants doivent être soumis à des contrôles périodiques et surprises.
Aucun produit n’est à l’abri
Malgré les attestations de conformité du Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité (BBN), trouver des commerçants et vendeurs qui respectent la loi, c’est chercher une aiguille dans une botte de foin. Les automobilistes ne t’indiquent pas la station-service qui donne du carburant sans quelques centilitres qui manquent à un litre. Seulement ils te montrent là où ils ne te voleront pas beaucoup.
« C’est la vie d’aujourd’hui. Nous achetons de l’essence sous la garde des policiers et des autres gaillards soi-disant chargés de la sécurité mais ils n’hésitent pas à te donner 9 litres alors que tu as payé pour dix.
Aujourd’hui où il y’a de la pénurie du carburant, personne ne vérifie il suffit que tu sois servi et tu remercies Dieu c’est tout », indique Louis, chauffeur de voiture. Pour les commerçants, cette pratique n’est pas généralisée. Selon eux, peut-être qu’il y a un ou deux commerçants qui trichent mais cela ne peut pas entacher l’honnêteté de tous les commerçants de Gitega.
Pour se dédouaner de ces accusations, ils te demandent d’aller comparer ce qu’ils te vendent sur autre balance d’un autre commerçant. Mais beaucoup de commerçants n’accepteront pas facilement de mettre sur sa balance la marchandise que tu achètes chez son collègue.
« Si tu n’as pas confiance en lui, tu n’as qu’à ne pas acheter chez lui. Moi je sais que ma balance est sûre », aiment-ils répondre. Pour les habitants de la ville de Gitega, cette mauvaise habitude ne sera pas éradiquée tant que l’administration et la police ne feront pas souvent des descentes sur terrain pour surprendre ceux qui volent la population.
Match nul: un faux prix pour un faux poids.
Et le Peuple dans tout ça?!? Toujours victime des prédateurs et gains malhonnêtes.