Le patron de Kirimiro Hill Lodge et ses quatre employés ont été condamnés d’une peine allant de 2 ans à cinq ans pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger par le Tribunal de Grande Instance de Gitega dans un procès de flagrance. La famille du défunt parle plutôt d’une justice à deux vitesses.
Hasard ou malédiction, la journée de samedi commence à inquiéter plus d’un dans la ville de Gitega. Trois meurtres successifs pour ce mois de décembre dans la seule ville de Gitega suivis de procès en flagrance.
La dernière qui est sur toutes les lèvres est la condamnation de l’Ingénieur Aimé Irambona, patron de Kirimiro Hill Lodge et ses quatre employés, ce mardi 28 décembre 2020.
N’eût été la clémence du siège de la cour, le ministère public dans son réquisitoire avait demandé pour trois d’entre eux la perpétuité pour meurtre avec préméditation sur la personne d’Ezéchiel Ndikumana.
Depuis le début de l’affaire ce dimanche soir, toute la ville n’avait qu’un seul mot sur la bouche : Ir Aimé Irambona, un des chefs des Imbonerakure dans la province de Gitega a été attrapé en flagrant délit avec un cadavre dans le coffre de sa voiture.
Les Amis, la famille, des curieux, tous voulaient suivre ce procès. Au tribunal, difficile d’y accéder à cause de la foule compacte massée devant et dans la salle d’audience.
Les uns avaient la gorge serrée, tandis que les autres jubilaient. Pour les amis, c’est la catastrophe, pour les victimes, c’est un test pour la justice burundaise qu’elles taxent souvent de partiale envers les puissants.
« C’est un montage, il est incapable de faire cet acte abominable », clame une mère proche de sa famille. Avis contraire pour les autres : « Il faut que la justice frappe les coupables. »
Ils indiquent que plusieurs corps sans vie sont souvent repêchés dans les rivières sans qu’on connaisse les coupables et cette fois-ci, les meurtriers ont un visage et un nom. « Voilà, la colère de Dieu se manifeste, les coupables ont été attrapés en flagrant délit », dira Bigirimana, un habitant de la ville de Gitega.
Vers 19h de ce lundi, le verdict tombe, Aimé Irambona est condamné pour 4 ans d’emprisonnement avec une amende de 500 mille fracs burundais et son véhicule saisi, Médico Ndikuriyo écope de 5 ans, pour Sédouane Ndereyimana et Salex Dusenge c’est 2 ans et 6 mois, et pour Célestin Ndoricimpa, 3 ans et 6 mois.
Les uns jubilent, les autres pleurent
Pour les amis et la famille des accusés, la sentence est sévère, il ne fallait pas les condamner car ils n’avaient pas l’intention de le tuer. Ils voulaient seulement lui faire peur pour qu’il dénonce ses complices.
« Il venait voler. Cette maison est souvent cambriolée. Qui peut jurer qu’il n’a jamais donné un coup de bâton à un voleur attrapé chez lui en train de le dévaliser », se justifie Bernard.
Ceux qui ont assisté au procès affirment que la sentence a été plutôt clémente au vu des charges qui pesaient contre les accusés. Bien qu’ils ne soient pas tout à fait satisfaits, ils remercient les membres du siège qui n’ont pas cédé aux exigences du ministère public.
Du côté de la famille du défunt, c’est la consternation. « C’est une justice à deux vitesses, les amendes, l’emprisonnement, c’est de la farce pour protéger les criminels. Il n’y a pas de justice pour les pauvres. Non seulement ils méritaient la perpétuité mais aussi payer une forte indemnité pour les parents». La mère du défunt est inconsolable : « Mon fils n’a pas de prix ».
Malgré sa douleur, la famille d’Ezéchiel Ndikumana ne compte pas interjeter appel, elle demande seulement que ce dernier soit inhumé dignement et que les frais funéraires ne soient pas à leur charge.