L’Institut médico-pédagogique est confronté à plusieurs défis après le départ de Handicap International. La direction se dit inquiète et en appelle aux âmes charitables.
Lundi 28 avril. Nous sommes sur la colline Rutegama, commune et province Gitega. Sur cette colline juche l’Institut médico-pédagogique de Mutwenzi. Un centre créé le 2 février 1983. Il est dans les mains de la congrégation des Frères de Notre Dame de la Miséricorde. Certains bâtiments sont flambant neufs, d’autres un peu vétustes, le centre est sur les rives de la rivière Mutwenzi. A quelques 3 km de la ville de Gitega, sur la route nationale Gitega-Karusi-Muyinga (RN12). L’endroit est calme. Il ressemble à un lieu de retraite.
Il est 10h 30. Frère Jean de Dieu Ngiye, directeur technique dudit centre, nous reçoit en t-shirt, souriant. Son bureau est spacieux, beaucoup de dossiers sur la table. Une Bible sur la table. Une statue de la Sainte Vierge Marie, celle de Jésus Christ sur la croix, des chapelets sur les murs.
Une visite du centre est décidée. Beaucoup de bâtiments qui abritent plusieurs activités. On y trouve des dortoirs, des réfectoires. L’institut héberge 114 enfants ayant des handicaps multiformes. Le centre reçoit les enfants à partir de l’âge de 7 mois. La plupart des enfants sont accompagnés par leurs parents.
Des salles pour les soins médicaux avec différents services tels la réadaptation, la kiné-réadaptation, l’ergothérapie par adaptation, l’orthophonie, la psychomotricité fine ou globale. La salle pour la kinésithérapie est bien équipée. Des salles pour les activités pédagogiques sont bien aménagées.
Des terrains de loisirs. Certains enfants, malgré leurs handicaps, jouent et chantent. Les chants religieux dominent. « Ils sont répartis dans différents mouvements d’action catholiques », précise Frère Ngiye. D’autres sont sur les balançoires. D’autres encore s’occupent avec de petits métiers tels la broderie, le tressage. Ils sont bien encadrés. Difficile de leur parler.
Nous approchons un parent qui ne tarit pas d’éloges pour ce centre : « Ma fille a développé des troubles cognitifs à l’âge de trois ans. Je suis venue dans ce centre pour des soins médicaux. Au départ, j’étais désespérée. Mais, arrivée dans ce centre, sa santé commence à s’améliorer.» Une des encadreuses témoigne : « J’apprécie le travail accompli par ces religieux. Que ces centres soient multipliés.» Elle admet que ce n’est pas une tâche facile, mais elle s’y adonne le cœur joyeux.
Les soucis ne manquent pas
Frère Jean de Dieu Ngiye indique que le centre est confronté au manque d’équipements spéciaux, notamment les chaises roulantes, les béquilles et des équipements pédagogiques. Il assure que le retrait de Handicap International a eu un impact énorme sur le fonctionnement du centre : « Nous bénéficiions des appuis multiformes de l’ONG Handicap International.» Désormais, le centre n’est plus en mesure de satisfaire la demande. « Auparavant, on pouvait accueillir au moins 158 enfants mais, pour le moment, on n’en reçoit que 114 ». Et d’interpeller d’autres ONG ou bienfaiteurs de prendre la relève de Handicap international.
La suspension de l’aide en vivres par le PAM a empiré la situation. « Son aide était évaluée à 40% de nos besoins en nourriture ». Et d’implorer cet organisme onusien de reprendre son intervention.
Ce religieux déplore également le manque d’infrastructures scolaires suffisantes. Il demande aux bienfaiteurs de leur octroyer des matériels pédagogiques adaptés aux handicapés, des enseignants qualifiés pour l’école primaire. La construction d’une école plus près de ce centre serait un atout pour ces enfants vivant avec un handicap. « Il faut que les enfants soient scolarisés sur place au lieu qu’ils soient tout le temps accompagnés par les enseignants guides ». Et de renchérir : «L’éducation inclusive nous interpelle.»
Par ailleurs, Frère Ngiye fait savoir que son centre fait face à un manque de personnel spécialisé, tels les infirmiers, les assistants sociaux, les psychologues.
Des soucis financiers ne manquent pas. Il fait savoir que son centre éprouve des difficultés pour payer la facture de l’électricité : « Auparavant, le gouvernement burundais payait la totalité de la facture. Maintenant, il ne donne qu’un montant forfaitaire de 1500000 BIF. »
Des solutions intermédiaires sont envisagées. Le centre s’adapte petit à petit face à ces difficultés. « Nous avons initié des activités génératrices de revenus tels l’agri-élevage, le petit commerce ». Les produits de l’agriculture et de l’élevage aident énormément dans l’alimentation des enfants hébergés dans le centre. Mais si rien n’est fait dans les meilleurs délais, prévient-il, le centre ne pourra pas tenir longtemps.